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Quelle politique de développement économique
préconisez vous pour les années 2001 2007 ?
Intervention Gérard PELISSON
Je
ne reviendrai pas sur les conditions essentielles
bien sûr, c'est celles des transports qui ont
été évoquées. Saint-Exupéry doit devenir un
très grand aéroport, il mérite une extension,
le TGV LYON - TURIN est aussi une nécessité,
donc ça si l'on veut le développement de Lyon
c'est indispensable.
Maintenant
je crois qu'il est important de faire des efforts
pour attirer les entreprises, peut-être d'ailleurs
créer une plate-forme des entrepreneurs dans
l'hyper-centre de Lyon. Mais surtout il
faut
que l'on trouve la possibilité d'attirer les
étudiants et les chercheurs étrangers. C'est
pour moi une priorité car ces gens là, ensuite
sont des liens pour notre agglomération importants
avec le reste du monde. Et puis il est fondamental
de développer et de renforcer les pôles d'excellence
à Lyon.
Nous
avons des pôles de compétence, mais aucun, me
semble-t-il, n'a le niveau mondial, en tout
cas n'est le champion du monde dans sa catégorie.
Je crois qu'il faut aider certains pôles de
compétence, à devenir vraiment des pôles uniques,
ou si ce n'est uniques en tout cas les plus
importants. Je prends l'exemple qui me vient
de temps à autres, je voyais en entrant à Lyon
la pancarte « LYON CAPITALE DE LA GASTRONOMIE »,
on est vraiment les seuls à le savoir, parce
que personne dans le monde pense que Lyon est
la capitale de la gastronomie. La gastronomie
est un élément culturel important, nous avons
un homme éminent qui est un ambassadeur extraordinaire,
qui est Paul Bocuse, je crois que l'on ne sait
pas bien capitaliser sur des gens de cette qualité,
il faut que Lyon ait une véritable renommée.
Et nous avons beaucoup de pôles, je pense aux
jeux vidéo dans lesquels nous avons une véritable
connaissance, nous pourrions créer une université
des jeux vidéo. Nous avons des compétences dans
la santé, chimie, bio-technologie.. Je crois
qu'il faut que l'on suscite une meilleure connaissance
de ces pôles de compétence.
Intervention
de Henry CHABERT
Je
crois que l'étude qui a été faite de manière
très partenariale avec les entreprises à travers
le schéma que j'évoquais tout à l'heure, qui
était la mise en uvre du développement économique,
montre que l'important pour les collectivités
c'est d'être à l'écoute des entreprises et de
pouvoir créer des conditions favorables à leur
développement, non pas de pouvoir s'imaginer
de pouvoir se substituer aux politiques d'entreprise,
mais de créer les conditions, ça c'est important.
Que
constate-t-on de manière très concrète, c'est
d'abord que nous disposons dans notre agglomération
lyonnaise d'un tissu d'entreprises extrêmement
riche quand elles sont bien gérées, mais beaucoup
sont en phase de maturité, et l'agglomération
lyonnaise souffre par rapport à d'autres, notamment
des villes proches de nous comme Marseille,
je parle au niveau européen, peut-être d'un
certain retard dans le domaine de la création
d'entreprises, notamment dans les nouvelles
technologies.
La
2ème remarque c'est que ce tissu
est un tissu traditionnel, mais qui en définitive
est constitué de beaucoup de petites et moyennes
entreprises, parfois de très petites entreprises,
qui pourraient et qui devraient participer plus
activement à l'évolution des technologies et
l'effort qui peut être fait pour encourager
ces entreprises et assurer leur mutation, est
tout à fait essentiel. Le domaine de la sous-traitance
pour en prendre le cas, est un domaine très
actif à Lyon mais qui sans doute peine à se
moderniser et bénéficier de cette synergie créée
entre les nouvelles technologies et leur propre
développement.
On
pourrait multiplier les exemples, mais je crois
que ce qui est important, c'est d'avoir par
filière une vision la plus claire possible,
de ce qui existe, et des effets de levier qui
peuvent être occasionnés par des actions publiques.
Moi j'ai été frappé et c'est ce qui a été à
l'origine d'ailleurs de la création du Schéma
de Développement Economique, du fait que finalement
annuellement « bon an mal an » 5 milliards
de francs à peu près se dépensent en investissement
dans notre agglomération. Comment peut-on faire
en sorte d'utiliser ces 5 milliards d'investissement
pour mieux encourager les entreprises par les
infrastructures, par les politiques adaptées,
et souvent c'est peu de chose qui favorise l'éclosion
de nouvelles activités.
Intervention
Bruno GOLLNISCH
Je
suis d'accord presque totalement avec ce qui
a été dit par les deux orateurs précédents,
bien sûr nous sommes tous en faveur du développement
économique, nous sommes tous en faveur de la
création de pôles scientifiques dans plusieurs
domaines, biotechnologie etc. informatique,
et qui effectivement se développent dans notre
agglomération. Le problème c'est de savoir ce
que peut faire un maire de Lyon et là je crois
que l'on ne peut pas se contenter simplement
de propos qui relèvent quelquefois un peu du
souhait du vu pieux. Je crois qu'il faut avoir
le courage de dire qu'un maire ne peut pas faire
grand chose en ce qui concerne le développement
économique, qui relève avant tout d'une politique
nationale. Que le découragement des acteurs
économiques vient pour l'essentiel de la bureaucratie,
et du fiscalisme auxquels participent effectivement
les collectivités locales.
Je
crois qu'un maire a quand même autorité sur
la politique d'urbanisme, et que vis à vis de
ces PME que sont les professions libérales,
par exemple, les artisans, on a du moins la
possibilité de faire en sorte que la transformation
d'un local professionnel en local d'habitation,
ou d'un local d'habitation en local professionnel
sous réserve bien sûr des nuisances, et sous
réserve de ce qui est la loi, c'est-à-dire par
exemple les règlements de copropriétés, conclus
librement entre des personnes privées, que cette
transformation s'opère plus facilement.
Je
crois qu'un maire a aussi l'obligation de faire
en sorte que les prélèvements libératoires donc
les impôts qui pèsent sur les professions restent
modérés, et je crois qu'un maire a également
la possibilité de développer le tourisme, qui
à mon avis n'est pas suffisamment développé
dans notre ville, dont le patrimoine grandit
(Médiéval, Renaissance et même contemporain)
et qui est extrêmement important. Je crois enfin
que l'on ne fait pas suffisamment pour la valorisation
des métiers de techniciens, c'est-à-dire un
vivier auprès duquel les entreprises puissent
s'alimenter, voire même dans le domaine du travail
manuel. J'aurais souhaité que dans ce domaine
on fasse un effort comparable à celui qui a
été fait pour l'Ecole Normale, pourquoi pas
pour les meilleurs ouvriers de France, pour
la formation des artisans, pour celle les techniciens
supérieurs.
Intervention
Gérard COLLOMB
Contrairement
à ce qui disait Bruno GOLLNISCH, moi je crois
qu'un maire peut faire beaucoup en matière économique,
à condition qu'il travaille en partenariat.
Je pense que c'est même une exigence fondamentale.
Je crois que c'est à partir du moment effectivement
où se crée de la richesse dans une agglomération
qu'ensuite on peut mener des grandes politiques
culturelles, universitaires, sociales, sportives
etc. Si effectivement on n'a pas cette richesse
on est très vite étranglé et on se retrouve
confronté à la nécessité d'augmenter la fiscalité.
Donc il faut effectivement mettre l'action économique
au cur de notre développement. Lorsque j'ai
été élu maire du 9ème arrondissement
ma première idée qui a guidé tout mon mandat,
c'est qu'effectivement si on voulait complètement
renouveler, re-dynamiser cet arrondissement,
c'est par le développement économique que l'on
le ferait et c'est la même chose en ce qui concerne
Lyon.
Alors
qu'est qu'il faut faire, tout d'abord veiller
à ce que l'on pourrait appeler le développement
endogène, c'est-à-dire d'être attentif aux entreprises
qui existent sur Lyon ou qui peuvent se créer.
Aider à la création d'entreprises en maillant
le territoire de plates-formes de développement
qui permettent d'ajouter aux instruments de
financements le concept des chefs d'entreprise
qui existent. Faire en sorte qu'il y ait un
bon transfert de technologie, entre le milieu
universitaire, les laboratoires, et le tissu
effectivement des PME, parce que la novation
technologique est tout à fait fondamentale,
maintenir une politique de filière qui permette
de rénover les filières anciennes par exemple
dans le textile avec les technologies modernes,
ou bien de faire émerger les filières nouvelles,
biotechnologie, nouvelles technologies de l'information
et de la communication.
Le
deuxième point c'est le développement exogène
il faut vendre Lyon à l'extérieur et pour
vendre Lyon à l'extérieur, il faut s'appuyer
sur toutes les forces de Lyon. Moi je pense
par exemple qu'il faut mobiliser y compris pour
l'action économique, les universités lyonnaises
qui sont de puissants vecteurs, les artistes
lyonnais, la culture lyonnaise, le sport lyonnais.
Par exemple lorsque Lyon va jouer un certain
nombre de grands matchs, je pense qu'on devrait
être autour de ce type d'événement essayer effectivement
dans la même foulée de monter des actions de
promotion de Lyon. Bref je pense qu'un maire
doit vendre sa ville à l'étranger.
Intervention
Michel MERCIER
Je
crois que pour les élus, il faut à la fois être
modeste dans la revendication des résultats
économiques, et attentif vis-à-vis des entreprises.
Je crois qu'il faut le dire très clairement,
et ce ne sont pas à mon sens les municipalités,
les institutions locales ou nationales, qui
créeront la richesse économique, ce sont les
entrepreneurs, les entreprises, ceux qui travaillent
dans une entreprise.
Pour
Lyon, nous proposons tout d'abord une attitude
attentive, à l'égard des problèmes des chefs
d'entreprise. Attentif cela veut dire être prêt
à aider, être prêt à mener une politique foncière
d'accueil des entreprises, développer l'esprit
d'entreprise avec deux ou trois mesures que
je veux rappeler, par exemple renforcer le potentiel
économique de notre ville, et bien sûr utiliser
toutes les forces de notre ville. L'université
y est prête et il faut qu'il y ait plus de dialogue
entre les universités, la recherche et les entreprises
innovantes.
Les
pôles d'excellence existent dans notre ville,
par exemple notre ville est une grande capitale,
ce sont les entreprises qui ont fait cela. Mais
nous pouvons aider à ce que Lyon soit et reste
pôle d'excellence dans ce domaine. Par exemple
en aidant Lyon Vision, cela est extrêmement
important pour vendre Lyon à l'extérieur. Nous
avons aussi des politiques qui sont très techniques,
par exemple ce qui s'est fait au niveau de la
logistique dans le cadre de la Région Urbaine
de Lyon, marque et permet un développement économique
de notre région, cela est important.
Intervention
Marylène Cahouet
J'émettrai
quelques réserves à ce qui vient d'être dit,
l'un des thèmes forts de notre campagne, c'est
aussi de remettre en cause cette coupure entre
l'économique et le social. C'est-à-dire que
d'une part, l'on considère que l'économie est
le vrai moteur du développement, et donc le
moteur de la compétitivité, et puis de l'autre
que le social est là pour servir un peu d'infirmerie
pour réparer quelquefois ce que l'économique
à pu casser.
Nous
pensons à l'inverse que le développement économique
doit s'appuyer sur le développement social,
le développement social, c'est le vrai moteur
du développement économique, c'est aussi s'appuyer
sur le développement des capacités humaines
et sur le développement des savoirs et des savoir-faire.
On le voit bien actuellement, on est en période
de croissance, le chômage diminue, or que constatons-nous,
la fracture sociale ne cesse d'augmenter, la
précarité monte, les emplois sous qualifiés
se multiplient, et même quand le CDD sont transformés
en CDI c'est ce que l'on appelle la nouvelle
pauvreté, c'est-à-dire que les conditions salariales
ne permettent pas de vivre correctement.
Quand
on regarde l'évolution du chômage, il reste
quand même 53 000 c'est le chiffre annoncé en
novembre 2000 dans le Rhône. Le noyau dur ne
subit aucune évolution, et il y a toute une
part de la population qui est rejetée et jugée
inemployable. Il y a toujours discrimination
à l'embauche à l'égard en particulier des jeunes
des quartiers populaires, sans parler de la
discrimination des femmes en ce qui concerne
la carrière, les perspectives de carrière, les
conditions de travail, le temps partiel imposé
non choisi et puis les conditions de vie et
malheureusement quelquefois d'embauche.
Les
causes sont multiples et variées, c'est vrai
que le patronat à tendance à considérer que
le coût salarial, que les investissements industriels
sont remplacés par des investissements plutôt
d'ordre boursier. Il y a un exemple fameux dans
notre région, c'est Rhône Poulenc qui
a, peu à peu, disparu. Donc nous nous pensons
qu'il faut s'appuyer sur le développement et
que les citoyens, les travailleurs, les municipalités
ont leur mot à dire. Et en particulier en ce
qui concerne les aides publiques qui doivent
être liées à un développement social et économique.