En 1982, vous créez Radio Scoop. On raconte que c'est Baudecroux, le
patron d'NRJ, votre ennemi héréditaire qui vous a soufflé le nom de
baptême de votre radio ! C'est un comble !
C'est vrai. Alors eh... Je pense qu' à un moment donné, le destin nous a
beaucoup lié lui et moi. C'est lui qui m'en a déjà donné l'envie et
deuxièmement un jour il me reçoit chez lui, avenue Montaigne au dessus du
couturier Chanel, dans un superbe appartement. Et puis là, on sonne à la
porte et un coursier lui apporte une enveloppe marron. Il l'ouvre et c'est
son logo. Il me dit : « Tu est le premier à le voir, c'est un scoop ! » Et
c'est là que le nom me revient, d'ailleurs je peux même vous dire très
longtemps, à chaque fois que je le voyais, il me disait : « Tu me dois des
droits d'auteur pour ça ». Je suis rentré à Lyon, j'ai déposé la marque et
l'affaire était dans le sac !
De même pour le financement, assuré par Albert Artiacco, co-fondateur
du groupe de travail temporaire Ecco. Vous squattez même la maison de la
mère d'Albert pour installer vos studios...
Non non, pas du tout ! Déjà, pour vous dire la vérité, Scoop a été créé
avec 50.000 F. Donc on n'a pas investi des tonnes. On crée une SARL et
pour le matériel c'est moi qui prend à mon nom, l'engagement par traite,
de payer le matériel. Et je pense que l'on a fait les choses bien
puisqu'on a du investir 500.000 F de l'époque. Albert m'a aidé à monter ça
avec moi, c'était un amusement pour lui. Non, on n'était pas dans la même
cour. Lui il venait de réaliser une grosse affaire à l'époque en vendant
ses parts à Foriel-Destezet. Mais ou il m'a rendu énormément service,
c'est que lorsque j'ai décidé de monter la radio, j'avais lu qu'il fallait
être sur un point très culminant, très haut. Evidement j'avais trouvé ça à
Saint Cyr au Mont d'Or mais on n'avait pas les moyens et même si on avait
trouvé les moyens, il fallait trouver un endroit. Ca tombait très bien, le
destin avait bien fait les choses Albert venait d'acheter une maison à sa
mère, au Mont Cindre, le dernier étage sous les pentes était libre alors
on a squatté pendant peut-être 1 an. Putain, on a foutu un bordel !
On voit bien les apports de Baudecroux (le nom de la radio) et d'Artiacco
(la monnaie)... En revanche, les vôtres sont inexistants... C'est pour ça
qu'on vous appelle le coucou...
Ca veux dire quoi « coucou » ?
Vous nichez dans le nid des autres !
Pas du tout, non. C'est moi qui avais eu l'idée déjà. Alors comment que
j'ai eu l'idée, c'est très important ça d'avoir l'idée. Politiquement,
j'ai suivi Mitterrand. Et j'ai senti que ça allait être une opportunité.
C'est moi qui ai eu l'idée, tout le concept.
A l'époque, vous cumuliez avec votre fonction d'assureur !
Voilà, et c'est grâce aux assurances que j'ai vécu.
Depuis 20 ans, vous avez formé une multitude d'animateurs qui se sont tous
envolés vers d'autres horizons plus rémunérateurs... On raconte que vous
payez très mal votre personnel ! Est-ce la raison de cette hémorragie ?
Non non. Mais à ce niveau, c'est comme les joueurs de foot, il y a de la
surenchère. J'aurais pu payer Roberto 100.000 F par mois, ça n'aurait
rien changé ! Leur rêve, c'est d'aller à Paris. Parce que la France n'est
faite que de Paris.
Vous avez démarré en même temps qu'NRJ qui est aujourd'hui un network
national. Pourquoi n'avez-vous pas suivi le même chemin ? Comme dirait
Tapie : « Pas suffisamment burné, le Daniel ? »
Non. Tout simplement pour deux raisons. J'ai monté Scoop avec peu
d'argent, Baudecroux est né avant... Son père est né avant lui et on n'était
pas dans la même cour. Au départ lui est né avec une cuillère en argent et
moi avec une cuillère en plastique, c'est la vraie histoire.
Pourquoi n'avez-vous pas développé plutôt le concept de Network ?
D'abord parce que j'ai toujours été très prudent, je n'ai toujours dépensé
que quand j'avais l'argent. Voilà. Alors, pour revenir à l'histoire des
salariés, c'est totalement faux ! Ils ont toujours été très bien payés à
la valeur de la province. Evidement ils ne sont pas payés à la valeur de
Paris. Ils ont toujours été payés à la valeur de la province.
Ce serait donc un mauvais procès que l'on vous fait Daniel ?
On tire tout le
temps sur les choses qui avancent mais bon ce n'est pas très grave.
Suite de l'interview
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