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P E O P L E ... Presse
/ LES INTERROGATOIRES à KGB 


 

 

Certains de vos confrères vont à la pêche... Avez-vous déjà cédé à la tentation ?

Non, alors je suis catégorique, ni mon épouse ni moi-même ne cédions à cela...

 

Connaissez-vous certains de vos confrères lyonnais qui sont spécialistes ? Donnez-nous des noms !

Vous rêvez ! Je vais me retrouver avec un procès en diffamation ! Ceux qui fréquentent suffisamment les hôtels des ventes savent que, certains confrères - à les écouter - vendent continuellement, vendent tout dans leurs ventes, alors qu'on sait pertinemment que tout ne se vend pas. Il y a des objets ne se vendent pas et sont retirés, et je peux vous dire que les gens apprécient chez nous le fait qu'on dise « retiré faute d'enchère ».

 

Parce que vous êtes un des seuls à le dire, Maître !

Oui parce que c'est la réalité, s'il n'y a pas d'acquéreur, il n'y a pas d'acquéreur et entre nous c'est complètement idiot de dire « adjugé » ! D'ailleurs légalement le mot « adjugé » signifie  simplement qu'il y a eu un transfert de propriété entre un vendeur et un acheteur par le biais d'un commissaire priseur. A ce moment-là le procureur pourrait réclamer le procès-verbal pour vérifier si vraiment il a été vendu, hors, le commissaire priseur qui va à la pêche, personne n'est dupe !

 

Quelle est l'adjudication record que vous ayez prononcée ? Quel a été le produit pour l'étude ?

L'enchère la plus forte a été, en francs vous m'en voudrez pas, 8 500 000 F. Vous allez rire, il s'agissait d'un ensemble de 400 voitures LADA. (rires) Vendues en un lot. Revendues à un marchand, elles avaient interdiction de rester dans la Communauté Européenne. Neuves, encore sous paraffine. 1 km, 10 km, 12 km, elles étaient belles d'ailleurs, certaines étaient décapotables.

 

Quel a été le produit pour l'étude ?

Et bien vous calculez, ça fait 10%, mais on a eu des frais ! (rires) Réellement on a eu des frais, mais ça a été une vente extrêmement intéressante, parce que comme nous n'avions pas le droit de vendre en Europe, il fallait que ça aille en extérieur, alors c'est parti en Afrique.

 

En 30 ans de carrière, vous devez avoir d'autres anecdotes croustillantes...

Croustillantes, amusantes, qui m'ont marqué. Je vous raconterai l'histoire de cette jeune femme que j'ai vu un jour arriver à l'étude lors d'une vente de bijoux; ce qui m'avait frappé chez elle c'était la couleur de ses yeux, des yeux bleus fabuleux. Elle était accompagnée d'une amie et je lui dis : « vous savez Madame, il y a une bague qui est pour vous, c'est cette bague-là, c'est pas les autres ». C'était un magnifique saphir de très haute qualité...

« Ah bon, vous croyez ? » me rétorque-t-elle. Elle s'en va, puis revient : « Excusez-moi, mais vous êtes lié par le secret professionnel ? » - « Oui, bien sûr, Madame » - « Ah bon, parce que voilà je vous explique, cette bague vous m'en avez donné l'estimation, c'est un peu cher, mon mari ne voudra jamais, mais vous lui dites la moitié, et je m'arrangerai pour l'autre moitié. » - « Mais Madame, aucun problème ».

Et le soir, elle revient avec un monsieur, ce qu'on appelle en américain un Sugar Daddy, bon un monsieur plus âgé : « Maître, mon épouse est venue ce matin... »

- « Oui, effectivement, voyez cette bague, avec la couleur des yeux de votre épouse, c'est ce saphir, la bague est faite pour elle ! »

-         « Alors, ma chérie ça te plairait ? »

-         « Mais oui, oui ».

-         « Maître, quelle est l'estimation ? »

Je lui donne le prix.

-         « Bon, oui, tout à fait d'accord, dans ce prix-là vous pouvez y aller ».

Et ils s'en vont.

Le lendemain elle revient et elle me dit : « Ecoutez Maître, je tenais à vous remercier, vous êtes bien lié par le secret professionnel ? »

-         « Oui, parce voilà, je vais m'arranger pour la deuxième moitié, je vais revenir avec

quelqu'un d'autre, et vous direz la même chose ! ».

 

Et ce qui fait qu'elle a eu cette bague, offerte à la fois par son mari et par son amant ! Et j'ai trouvé ça fabuleux. (Rires)

  
 

Suite de l'interview