Mardi
29 août 2000
Détenu :
Henry Chabert
Commissaires
politiques : Thierry (aKGB) et Marco (Lyonpeople)
Retrouvez
le droit de réponse de Philippe Brunet - Lecomte (rédacteur en chef de
Lyon Mag) à la fin de l'interrogatoire.
Henry
Chabert, bonsoir. Vous avez été convoqué à l'interrogatoire àKGB -
Lyonpeople. Vous êtes député du Rhône, adjoint de Raymond Barre à la
Mairie de Lyon. Déclinez votre identité : nom, prénom, âge ...
Chabert
Henry, 55 ans cette année.
Votre
lieu de naissance ?
St
Etienne.
Un
stéphanois à la mairie de Lyon, c'est pas gagné... (rires)
Votre
taille et votre poids ?
1
m 80 et 65 kg.
Quelle
profession exerçait votre père ?
Mon
père était directeur d'une petite affaire de textile à St Etienne.
Avec des métiers à tisser qui m'ont - je n'ose pas dire bercé -
mais qui avaient plutôt tendance à me réveiller le matin quand
ils se mettaient en marche à 7 heures.
Des
frères et surs ?
J'ai
un frère qui habite St Etienne. Et j'ai une sur qui a épousé un
chirurgien dentiste à Grenoble. Ce qui veut dire qu'à nous trois, on
couvre la région Rhône Alpes.
Le
nom de jeune fille de votre mère ?
Elle
s'appelait Aimée Doron.
Originaire
de St Etienne aussi ?
Oui,
elle était originaire de St Etienne et mon père était originaire de la
vallée du Rhône et des Cévennes indirectement puisqu'il est né à St
Etienne et mon Grand Père était un viennois. Quant à ma grand mère
paternelle, elle était auvergnate, c'est dire que j'ai de lourds antécédents
(rires) que j'assume et que j'apprécie.
Vous
effectuez vos études secondaires chez les Maristes et chez les Jésuites.
C'était par convictions familiales ?
Oui,
tout à fait.
Vous
étiez brillant ou cancre ?
J'étais
un peu successivement les deux. J'ai été assez brillant dans le
primaire, déçu par une injustice majeure qui m'est arrivée en 7ème
(CM2 actuel) donc après, je me suis intéressé à beaucoup de choses.
Mon problème ensuite était de passer de classe en classe. Dès l'âge
de 13 ans, je me suis engagé en politique auprès de Lucien
Neuwirth. C'est lui qui m'a mis le pied à l'étrier. Et j'ai
aussi été engagé dans les actions de Missi
pour les missions. Et puis, j'ai fait aussi du piano et je me
passionnais pour le cinéma.
Vous
avez quand même eu votre Bac à 17 ans. Comme quoi c'est pas mal pour
quelqu'un qui ne s'intéresse que moyennement à ses études...
J'ai
passé un bac philo avec un professeur que j'espère bien retrouver
prochainement à Lyon parce que j'ai retrouvé sa trace, le Père de
Lavernette.
Ce
qui est marrant, c'est que ce bac philo en poche vous préparez une prépa
à Sup de Co Lyon. Ca ressemble plutôt à un virage à 180°.
Je
ne suis pas le seul ...
Oui,
on va parler des autres après ! (rires)
En
deux mots, c'était déjà intéressant, j'avais un bac moderne. A
l'époque, on passait deux bac : bac moderne, philo. J'ai trouvé intéressant
justement d'avoir une expérience riche et donc ne pas me limiter aux
aspects littéraires ou politiques mais de me confronter à ce qu'était
une activité dans le domaine du commerce, des maths et de la gestion.
Donc,
de la philo, vous passez au commerce puis à la finance après Sup de Co
Lyon et vous créez une société qui s'appelle Intergestion, que vous allez diriger de 1969 à 1979. Un petit mot
sur cette expérience ...
C'est
une expérience très intéressante car à l'époque nous étions assez
innovants puisque nous avions mis en place un produit d'assistance à la
gestion financière. A la fois analyse financière, diagnostic financier
et prévision financière. Javais mis au point une sorte de programme
qui s'appuyait sur la théorie des systèmes appliqués à la gestion
financière. J'ai parcouru un certain nombre de routes dans la région
jusqu'à Marseille, jusqu'à Paris pour travailler sur les comptes de
PME - PMI, dans le cadre des Chambres de Commerce.
Les
Chambres de Commerce, vous les démarchiez comme ça ou le fait que vous
fassiez déjà un peu de politique ça vous a aidé à obtenir ces marchés ?
Non,
pas du tout car c'est à cette période que j'ai provisoirement
abandonné la politique, donc ça n'a rien à voir avec la politique.
Donc,
pas d'amalgame possible ...
Non,
ça n'a rien à voir. C'est raté pour cette fois-ci !
En
1979, Antoine Riboud vous appelle chez BSN pur prendre en charge sa
filiale Général
Traiteur. Alors, comment avez vous connu le patron de
BSN ?
Je
l'ai connu par mon ex beau-père qui
avait créé une affaire de produits alimentaires, j'avais été chargé
de vendre cette affaire.
Pour la vendre, j'ai donc rencontré les grands de la distribution de
l'époque qui étaient Unilever
, Nestlé et BSN...
Donc
la rumeur qui dit que vous êtes rentré à Général Traiteur grâce à
votre beau-père est quand même fondée.
Oui,
très indirect car quand Lyon Mag'
écrit ça, si vous voulez, il est malgré tout sous informé. C'est
parce que j'ai vendu cette affaire que BSN m'a demandé de venir chez Général Traiteur.
C'est
par mes activités de conseil que je
me suis mis en relation avec BSN et que BSN m'a dit « on achète
sous réserve que vous soyez directeur » et moi j'ai dit « très
bien, banco, ça me permet de passer de l'autre côté de la barrière »
et là aussi de ne pas être seulement conseil mais de devenir
responsable. Ca me permet aujourd'hui de m'appuyer sur cette expérience... C'est
une affaire qui, lorsque j'ai été nommé directeur, faisait 30
millions de F de C.A. et qui comportait 70 personnes. Je l'ai rendue 10
ans plus tard, elle faisait 450 millions de C.A et employait 420
personnes.
Elle
a logiquement suivi le développement de BSN qui était fulgurant à l'époque...
Oui,
c'est gentil de dire qu'elle a suivi ... C'est comme en politique,
on dit « la Ville de Lyon a fait ... la COURLY a réalisé ...
» mais, quand on parle du périphérique, là, on sait trouver Chabert.
C'est-à-dire que quand ça marche, c'est un effet général, mais
quand ça ne marche pas, on sait trouver les coupables...
Vous
avez gardé des relations avec la famille Riboud , plutôt étiquetée
« gauche caviar »?
A
ma connaissance, il n'a jamais travaillé dans le caviar... (Rires) .Il
a fait beaucoup de choses dans l'alimentaire mais pas dans le caviar...
Je connais quelques Riboud - les régionaux de l'étape - mais j'ai
gardé de bonnes relations avec des responsables de l'époque de BSN.
Votre
carrière politique prend de l'ampleur toujours dans le camp gaulliste.
En 1983, vous êtes élu conseil municipal et vous soutenez activement
Michel Noir. Conservez - vous des relations avec lui?
Oui,
des relations d'amitiés, tout simplement.
Vous
êtes amis, vous vous voyez fréquemment ?
Oui,
de temps à autres.
Plutôt
en relation ou en ami ?
Non,
c'est un ami. J'ai toujours dit que pour moi Michel Noir était un ami
et je n'ai pas à renier cette amitié et c'est surtout pas au moment
où un ami est en difficulté qu'il faut renier cette amitié. C'est dans ces périodes là que l'on
peut voir ses vrais amis. J'ai fait également la part de ce qu'était
la gestion du maire de Lyon, j'y ai contribué de près et je trouve
qu'il a été un très bon maire de Lyon. Je crois d'ailleurs que les
lyonnais, d'une manière générale le reconnaissent et puis il y a le
reste. Les aspects judiciaires sont les aspects judiciaires. Je serais fier
que Michel Noir s'en sorte le mieux possible.
Concrètement,
quand l'avez-vous vu la dernière fois ?
Le
mois dernier, juste avant les vacances, un déjeuner entre amis.
Au
début de l'année vous avez été, tout comme votre ancien mentor,
rattrapé par les affaires et mis en examen ...
J'aimerais
revenir sur cette notion de mentor. C'est vrai que Michel Noir est
l'un de ceux qui m'a beaucoup apporté et auprès de qui j'ai
beaucoup travaillé et avec qui j'ai beaucoup appris. Et j'ai beaucoup
appris d'autres personnes, de quantité de personnes au moment de l'UJP.
J'ai même appris de Jacques Delors puisque au moment où il était
conseiller de Chaban, j'étais rapporteur à Royan sur des problèmes de
culture. J'ai travaillé avec J.Delors et beaucoup
d'autres...
Votre
ascension et celle de M.Noir sont intimement liées...
Oui,
mais je pense que j'ai eu une vie avant la politique dans le domaine économique,
peut-être en aurais-je une après, on ne sait jamais... Ce n'est pas ce
qui me fait spécialement peur. J'ai eu aussi une vie politique avant
M.Noir et j'en ai eu une avec M.Noir.
Toujours
est il que la presse (Lyon Capitale)
a parlé justement de filiation maudite avec M.Noir...
Vous
savez, cette affaire de mise en examen est partie d'une affaire qui a été
totalement montée à partir de lettres anonymes.
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