Vous êtes alors en quasi faillite et en pleine dépression. Comment vous
êtes-vous sorti de cette affaire ?
Je vais invoquer la chance, mon
opiniâtreté et la qualité que
j'aime retrouver chez tous les gens que j'aime,
le boulot.
Je vous signale quand même que je n'ai
pas trouvé d'avocat à Lyon jusqu'au moment où Philippe Genin a accepté
mais quand j'en parlais on me disait c'est une cause perdue. D'abord parce
que c'est un maire qui n'a pas été élu, il a été plébiscité et ensuite on
ne va pas s'attaquer à la ville et à la communauté urbaine, le maire et
son équipe son jeunes et sont là pour très longtemps.
Aucun défenseur à part un avocat commis d'office ?
J'ai appelé deux avocats estimables. Je
vais essayer de retrouver les noms...
Etiez-vous déjà ami avec Maître Soulier à l'époque ?
Maître Soulier, je le connais depuis
1970 ou 1971. Il ne pouvait pas plaider parce qu'il était élu. On ne peut
pas plaider contre la commune dont on est l'élu. Il y avait un autre
avocat qui est un homme talentueux mais il était l'avocat de la ville et
cela représentait des honoraires non négligeables. On s'est retrouvés
ensuite en face et on s'est beaucoup accrochés. C'est Maître Gabriel
Coulaud. Il a aujourd'hui 70 ans. C'est un très bon avocat. Je l'ai croisé
rue de la République devant l'ex-Savoy, l'Hippopotamus, c'était au deux
tiers du procès, il est venu vers moi, je voulais passer ma route mais il
m'aborde : « Je voulais juste vous dire un mot. Je sors un peu de ma
réserve d'avocat. Vous allez gagner parce que ceux qui se conduisent comme
des voyous perdent toujours.»
Finalement, vous avez gagné contre la ville de Lyon. Combien de temps ça a
mis ?
Cela a mis près de cinq ans. Il y avait
quatre contrats, il y aurait dû y avoir quatre procès. J'ai plaidé 17 fois
contre la ville de Lyon et il y a un journal, qui a quand même quelques
qualités, qui s'appelle Le Monde qui avait dit « Le maire de Lyon
applique contre la société SEDIP et son président le harcèlement
procédural ».
Quels sont les amis qui vous ont soutenus pendant cette traversée du
désert ?
Objectivement, dans le monde politique,
le seul type qui m'ait défendu c'est Gérard Collomb. André Soulier m'a
dit : « Comment il a pu te faire un truc pareil le salaud. Je vais
intervenir au Conseil » Premier conseil municipal le lundi suivant,
premier dossier : ville de Lyon contre SEDIP. C'est quand même beaucoup
d'honneur ! Il annonce qu'il va rompre avec la SEDIP et demande l'avis du
conseil. Le seul type qui se lève c'est Gérard Collomb. Il dit : « Monsieur
le maire, puisque Galula a fourni cette ville avec Monsieur Pradel et au
cours des deux mandats de Francisque Collomb, est-ce qu'on a des reproches
à lui faire ? » « Oui, il est trop cher » « Et vous ne
pensez pas que ça va coûter cher à la ville ? » Michel Noir répond « Reportez-vous
à l'article 8 ». Honnêtement, j'ai perdu beaucoup de clients qui ont
eu quelquefois le courage de me dire : « Monsieur on a été mis en
position de choix. Si on travaille avec vous, on perdra la mairie ».
J'ai eu des amis qui sont restés mes amis, c'est clair. Antoine Zacharias,
Carole Dufour et Jean-Marc Requien sont restés mes amis ainsi que Maître
Lamy, Albert Constantin... Cette affaire a été déterminante dans ma vie
quand même, j'ai failli en crever.
Pendant votre traversée du désert, il y avait donc Jean-Marc Requien.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
C'est Carole qui nous a présenté. Il y a 23 ans aujourd'hui. Nous fêtions
notre anniversaire ensemble Carole et moi, ses 30 ans et mes 40 ans dans
un château qui appartenait aux parents de Bruno. Carole cherchait une
invitation un peu originale. Elle est allée voir son copain Jean-Marc
qu'elle connaissait depuis longtemps. Il lui suggère un journal de 4 pages
et en revenant elle me dit : « Qu'est-ce que tu lui as fait à
Jean-Marc, parce qu'il m'a dit : « Comment ? tu fais ton
anniversaire avec cet escroc de Galula ! » Je suis allé par la suite
visiter son agence et je me présente à lui : « C'est moi l'escroc... »
et on s'est vu ensuite tous les jours.
Comment se fait-il qu'aujourd'hui vous ne vous serriez plus la main ?
A nos âges on ne va pas se taper sur la gueule. Je suis à moitié italien
et les italiens disent : « si quelqu'un n'est plus ton ami c'est qu'il
ne l'a jamais été complètement ». Au moment du concept de TLM, j'ai
appelé Jean-Marc. On s'entendait bien, je passais chez lui boire le café
tous les jours. Mais au moment de la reprise des Affiches je n'avais plus
le temps et il parait qu'il s'est méfié. On n'a plus de plaisir à se voir.
Cela fait 12 ans qu'on ne se voit pas et on vit quand même. Un soir je me
suis retrouvé avec six ou sept copains de Jean-Marc et il était fâché avec
tous.
Suite de l'interview
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