Vous vivez simplement de vos indemnités d'élus ou percevez-vous
également un salaire ? A combien se monte-t-il ?
Je suis en profession libérale. En profession libérale, on gagne sa vie en
fonction de son activité. Donc, depuis que je suis parlementaire, mes
rémunérations sont extrêmement basses.
Combien gagniez-vous avant en tant que consultant ?
Je gagnais autour de 300.000 F par an.
A combien se montent vos indemnités d'élu en tant que conseiller
régional et député ?
Cela doit tourner autour de 400.000 F.
Etes-vous assujetti à l'ISF ?
Pas du tout. J'en suis loin ! Mais il
faut dire que mon activité professionnelle est une activité maintenant
complètement au ralenti. Le GIE et mon associé dans le GIE et les
collaborateurs qui y travaillent ont repris une bonne partie de mon
activité. La politique est un métier qui me prend beaucoup de temps, qui
demande beaucoup d'implication.
On raconte qu'à une certaine époque votre père est souvent intervenu
auprès de votre banquier pour cause de découverts récurrents...
Absolument jamais ! En toute honnêteté jamais ! Mon père n'a jamais eu à
faire ce genre de démarche. Je ne pense pas être un flambeur. C'est vrai,
qu'il y a des lieux que je considère comme très conviviaux que j'utilise
beaucoup, comme les restaurants. Je suis un grand consommateur de
restaurant, c'est vrai que j'y passe beaucoup de temps, avec des ami(e)s
etc. Mais je ne suis pas ce que l'on peut appeler un flambeur.
Tout le monde encense la carrière politique de votre père, ancien
député. Vous-même, à quel âge vous êtes-vous intéressé à la politique ?
Vous vouliez faire comme papa ?
Non, mais j'ai toujours été très intéressé par la politique, et un peu par
force au début, parce que la politique était quand même un sujet de
discussions très présent chez moi. Donc j'ai eu cette sensibilité là. Et
mon père étant député... A l'époque, un député - plus que maintenant - avait
une certaine aura, une certaine dimension sociale on va dire. Je me
souviens de cette époque là, j'étais encore assez jeune et encore écolier...
Et mes profs pensaient que j'avais toute les informations possibles et
imaginables sur la politique et j'étais très souvent consulté
par mes professeurs sur les positions d'untel...
Dans votre famille, on raconte que sur vos 6 frères et surs, vous
étiez le seul à ne pas participer aux campagnes politiques de votre père ?
C'est marrant parce que vous êtes aujourd'hui le seul à faire de la
politique...
A non, c'est faux ! Je pense même que dans ma famille je suis l'un de ceux
qui s'y est le plus impliqué. Ma sur l'a été également. Quand j'étais
plus jeune, je faisais les campagnes électorales de mon père la nuit.
Appelez des gens proches de moi, il vous diront que j'étais au contraire
extrêmement impliqué dans les campagnes de mon père. Mais parce que
j'avais l'âge pour le faire, j'avais 16 ou 17 ans. Et c'était grisant pour
un gamin, à tel point que je passais des nuits blanches à coller des
affiches et je n'avais pas le temps de dormir.
A écouter vos proches, on a l'impression que vous aviez une revanche à
prendre à titre personnel sur votre père et aussi sur votre frère...
Avez-vous eu l'impression d'être le vilain petit canard de la famille ?
Non, je ne pense pas, sincèrement...
On prête à votre père cette phrase : « J'espère que mon fils sera
été élu député sinon je ne sais pas quoi lui faire faire ! »
Je ne sais pas d'où sont vos sources. On en rediscutera. Je connais bien
mon père. Je sais qu'il est plutôt fier de mon évolution et de ma carrière
politique, mais je n'ai jamais eu besoin de la politique pour vivre et
avant de faire de la politique, et encore maintenant j'ai une entreprise,
elle me fait vivre. Je n'ai jamais été à la rue, j'ai toujours eu les
moyens de faire ce que je souhaitais et en ça, je ne vois pas en quoi mon
père ait pu dire « je ne sais quoi lui faire faire ». J'ai 45 ans,
vous vous doutez bien qu'un père ne se demande pas à 45 ans ce que son
fils va bien pouvoir faire ! Les choses sont quand même bien avancées dans
la vie à ce moment là.
On peut se poser des questions à votre sujet en dépit de l'image lisse que
vous nous donnez ce soir...
Lisse c'est votre appréciation ! Mais elle
est lisse parce que dans ma vie il n'y a pas eu effectivement autant
d'épines ou d'accro que vous aimeriez voir ! C'est vrai que c'est peut- être
moins intéressant pour les auditeurs ou pour les lecteurs. Mais j'essaie
d'être le plus honnête possible par rapport aux questions que vous me
posez. Et très sincèrement, je pense que pour vos infos, vous n'êtes
peut-être pas allé les chercher à la bonne source. Mais vous feriez mieux
d'appeler mon père pour ce genre d'informations parce que ce n'est pas le
genre de propos qu'il pourrait tenir. Même s'il devait le penser il se
garderait bien de le dire...
Vous avez été élu en juin dernier dans la circonscription d'Henry
Chabert avec 55,36% des suffrages au second tour face au vert Gilles Buna...
Grâce à votre charisme ou grâce à la vague UMP ?
Ecoutez, je vous mentirais si je vous disais que la vague UMP n'a pas eu
d'incidence sur ma campagne et sur mon résultat. Maintenant, il y a des
candidats UMP qui n'ont pas passé la barre, et qui n'ont pas été élus. Je
vous rappelle que sur cette circonscription il y a quatre arrondissements,
dont trois sont tenus par des maires de gauche, et un par un maire
milloniste. Donc, je n'avais pas spécialement le profil pour gagner. C'est
le travail d'abord, le contact avec les gens que l'on a pu avoir sur le
terrain et puis incontestablement, le poids de la vague UMP de l'époque
qui a été importante, on ne va pas le négliger.
Dans votre duel à droite avec Amaury Nardone au premier tour, vous ne
sembliez pas très sûr de vous...
Ce qui m'a certainement donné l'aspect combatif qui a agrémenté ma
campagne parce que, quand on part gagnant, je crois que l'on prend tout
les risque pour perdre. Moi, j'ai fait toute ma campagne en me disant que
je pouvais perdre de 10 voix. Cela signifie que je n'en néglige aucune.
En politique, vous êtes le petit-fils de Michel Noir et le fils d'Henry
Chabert. Si ce dernier était blanchi par la justice et qu'il vous demande
de démissionner pour retrouver son poste de député, accepteriez-vous ?
Cette question, elle a été posée à Henry Chabert. Et il a eu une réponse très claire, d'abord, son objectif était
effectivement la mairie de Lyon. Si il avait été maire, il aurait choisi
de ne plus être député. Donc j'aurais pu éventuellement à ce moment là
briguer sa succession. Il n'a jamais eu, et il l'a dit à plusieurs
reprises, la volonté d'être député pour être député. Même si il revient en
politique, il ne me demandera pas de revenir sur la circonscription parce
que ce n'est pas son objectif politique. Le seul objectif politique qu'il
avait, c'était être maire de Lyon.
Le soutiendrez-vous aux prochaines municipales s'il présentait sa
candidature ?
Il s'est exprimé sur ces deux choses récemment. A à la question « Sera-il
candidat aux municipales ? », il a répondu : « Il y a deux choses
qui rentrent en ligne de compte. D'abord, il faut avoir envie de le faire,
et être dans les conditions pour le faire, hors aucune de ces deux
conditions n'est remplie aujourd'hui ». S'il considère qu'il a une
chance de faire gagner Lyon à l'UMP, je pense qu'il aura à ce moment là
des velléités. Et s'il est dans ces velléités là, c'est qu'il aura réussi
à réunir autour de lui tout le monde. A ce moment là, je serai derrière
lui avec la même fidélité et la même amitié.
Pour rester sur ce registre, pensez-vous que Renaud Dutreil a des chances
d'être maire de Lyon en 2007 ?
J'ai beaucoup d'amitié pour Renaud Dutreil que je considère comme un bon
ministre. Je suis intervenu à l'Assemblée pour lui dire tout le bien que
je pensais de son projet sur l'initiative économique. On ne peut empêcher
quelqu'un qui est au gouvernement d'avoir des ambitions de terrain surtout
quand ça concerne la seconde ville de France. C'est normal que ça attise
les convoitises.
A-t-il la légitimité pour venir à Lyon ?
C'est aux électeurs de se prononcer. J'ai pour principe la fidélité à un
terrain. Je n'ai pour ma part jamais quitté mon terrain. On doit un
minimum de respect aux gens qui vous élisent. Je considère comme une
trahison de se faire élire ici et d'aller chercher un mandat ailleurs.
Cela vaut-il pour Renaud Dutreil ?
Avec toute l'amitié que je lui porte et le talent qu'il a, je considère
qu'il ferait une erreur en quittant l'Aisne car ce sont les électeurs de
l'Aisne qui ont fait ce qu'il est aujourd'hui.
On vous voit peu dans les soirées jet set lyonnaises... Vous semblez
préférer vous encanailler à Paris avec Jean-Michel Dubernard, votre
nouveau mentor ?
J'entretiens effectivement d'excellents rapports avec Jean-Michel
Dubernard qui a une fonction extrêmement lourde à Paris en tant que
président de la commission des affaires sociales, culturelles et
familiales. C'est la plus grosse commission de l'assemblée et ça nécessite
énormément de boulot.
C'est pour ça que vous vous êtes rapproché de lui ? C'est intéressant pour
les temps de parole, pour pouvoir poser vos questions à l'Assemblée ?
Pas du tout ! Non, il n'intervient pas là dessus.
Restons sur le sujet de vos nuits parisiennes qui sont apparemment
très fournies...
Si on avait le temps de s'encanailler, je pense qu'on le prendrait !
D'abord parce que le temps que l'on passe à Paris, est un temps
sincèrement d'intense boulot. Moi j'y passe au moins deux jours par
semaine, le mardi et le mercredi. Les dîners sont également des moments de
travail. Et puis le rythme parisien est un rythme fatiguant. Depuis que je
suis à Paris, je n'ai pas mis une seule fois le pieds en boîte de nuit.
Malgré toute l'amitié que je porte à Jean-Michel Dubernard - avec qui je
passe de bons moments à l'Assemblée - je n'ai jamais eu l'occasion de
m'encanailler avec lui.
Vous comprenez que votre proximité avec Jean-Michel Dubernard fasse mal à
Henry Chabert ?
Non, ne le prenez pas comme ça...
Laissez la langue de bois de côté ! Vous connaissez les rapports d'Henry
et de Jean-Michel ? Est-ce que vous comprenez qu'en ce moment, il prenne
ombrage de cette amitié ?
Je vais vous dire pourquoi il n'en prend pas ombrage. Je connais Henry et
je le rencontre suffisamment pour savoir que l'action que je mène, à aucun
moment, y compris dans les relations que j'ai avec Jean-Michel Dubernard,
ne lui pose de problème. Il n'a pas eu lui, d'excellents rapports avec
Jean-Michel Dubernard, et là, je ne fais pas la langue de bois, c'est une
réalité, tout le monde le sait. Aujourd'hui, je fais de la politique avec
une volonté de rassemblement et d'apaisement, et je ne peux pas être
critiqué sur ce terrain là, y compris par Henry Chabert.
Suite de l'interview
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