En 1998, vous êtes
victime d'une rupture d'anévrisme. Les circonstances de cet accident
divergent selon les interlocuteurs, certains disent que vous êtes tombés
de vélo, que vous enfiliez un pull-over...
J'étais allé faire du VTT chez moi à la campagne et je suis tombé dans les
pommes et boum, par terre... Je me suis réveillé au bout de 3/4 d'heure, je
ne savais plus où j'étais, et j'ai reconnu la maison. Je suis descendu et
je me suis mis à vomir dans la cour et je suis monté chez moi. Mon chien
était là et j'ai appelé chez moi, je suis tombé sur mon jeune fils qui
était tout seul et, bien entendu, il n'a pas bien compris ce que je
disais, je suis tombé dans les pommes. C'est mon chien qui m'a réveillé,
en me léchant il m'a fait revenir à moi... J'ai donc pu appeler un copain
qui était là et qui a pu téléphoner aux pompiers.
Cela vous a-t-il rapproché de Dieu ?
Pas du tout.
Comme Jean-Pierre Chevènement, vous avez touché le ciel du doigt.
Je n'ai pas rencontré Dieu ! Ce qu'il y a de terrible c'est
que j'ai vécu des rêves inimaginables, j'ai vécu un monde de rêves
complètement dément. Je suis resté dans le coma 8 jours et je me souviens
d'une chose c'est que Collomb venait me voir. On avait pas le droit aux
visites. Mais il a fait jouer le fait qu'il était sénateur.
Vous souvenez-vous de votre réveil ?
Non. Je me souviens de tous les rêves très précisément et
que Collomb est venu mais personne ne voulait me croire ! Et quand je me
suis réveillé je ne savais pas ce qu'il m'est arrivé et j'ai cru que l'on
m'attachait, on m'avait shooté et j'ai failli devenir fou parce que, cette
fois c'est mon fils qui ma sauvé, parce que je croyais que j'étais
enchaîné, je rêvais des trucs impossible dans un monde complètement dingue
et un jour j'ai tout arraché et je suis parti en courant dans les
couloirs de l'hôpital et ils m'ont vu passer, ils se sont mis à 6 pour
m'arrêter !
Comment s'est déroulée votre convalescence ?
La phase la plus difficile c'est après. Les gens vous
voient et ils pensent que vous êtes fou et le problème du regard des
autres qui est un problème géré en général à l'adolescence, tout d'un coup
vous avez à le résoudre, vous avez à démontrer aux gens qui sont en face
de vous que vous n'êtes pas dingue ! Et puis quand vous sortez de là vous
avez un peu la tête en gelée, des problèmes de mémoire,... c'est donc très
difficile. Ils voulaient mettre au repos et j'ai voulu reprendre la vie
active tout de suite. A l'hôpital j'avais même convoqué mes collaborateurs
et je me souvenais des dossiers ! Ils m'avaient vu mort et là il me voyait
entrain de leur demander s'ils avaient fait ça, ou ça !
On peut aisément imaginer leur surprise...
Ils me regardaient comme un fou, ils se demandaient comment
j'avais pu être dans cet état-là. Je suis sorti et une semaine après
j'étais au boulot. Le sport m'a aidé parce que je sais à peu près quand je
suis fatigué ou pas, je restais 2 ou 3 heures mais j'y allais. Je me suis
battu pour rebosser ! Il paraît que c'est ça qui m'a sauvé parce que quand
on vous arrête, vous êtes en pente douce et vous rester un légume toute
votre vie alors que si vous vous battez - je crois que vous avez trois
mois pour vous battre - vous arrivez à reprendre, récupérer vos facultés.
Avez-vous l'impression d'être un miraculé ? 80% des gens qui ont eu ce que
vous avez eu terminent leur chemin à ce moment là...
Non. Je n'ai pas eu cette impression. Il y a 55% des gens
qui crèvent, 30% qui sont plus ou moins en situation moyenne et 15% qui
n'ont pas trop de problème. Je fais partie de ces gens.
Vous n'avez pas eu
cette impression de passer dans un tunnel avec ce fameux flash ? (rires)
Non mais
l'expérience c'était vraiment après. Le problème, quand on vit un moment
comme ça, c'est de se réinsérer dans la réalité. C'est une épreuve, une
montagne à monter, il faut y aller. La normalité, c'est tout : le boulot,
la famille, les amis. Mon frère avait dit que j'étais fou. J'ai eu à
démontrer, y compris à mon frère, que je n'étais pas aussi dingue que ça !
Suite de l'interview
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