Vous avez 57 ans et l'arrivée de Thierry devrait vous permettre de prendre
un petit peu plus de recul. Qu'allez-vous allez faire de votre temps
libre ? Rempiler en politique, c'est non ! Envisagez-vous de vous lancer
dans la chanson ? Vous avez récemment fait une prestation remarquée au Bal
de la Croix-Rouge en interprétant « Que je t'aime ». A qui cette chanson
était-elle destinée ?
Vous ne le saurez pas, messieurs ! (rires)
Allez-vous
vous réfugier dans votre maison de
Sainte-Foy pleine de lumière, de couleurs et de tableaux, dont beaucoup
sont de vous ? Ou commettre un nouveau livre peut-être...
Je vais rectifier quelques erreurs.
Premièrement il y a beaucoup plus de tableaux qui ne sont pas de moi que
de tableaux qui sont de moi dans ma maison de Sainte-Foy. D'autre part, je
retrouve non pas du recul, mais une respiration que j'avais perdue, je
suis en apnée dans la gestion de l'entreprise depuis un certain nombre
d'années, et j'ai besoin de retrouver une respiration parce que sur le
plan philosophique, sur le plan de l'hygiène, sur le plan de la santé et
donc sur le plan de ce que je peux apporter à l'entreprise, j'ai besoin de
cette respiration. Alors cette respiration de quoi elle sera faite, à
l'évidence de choses que je sais qui seront l'écriture, la réflexion, la
lecture, la marche, la peinture, voilà, mais probablement aussi de choses
que je ne sais pas encore...
Votre vie professionnelle est une
succession de réussites et vous avez l'image d'un patron modèle. Votre
rôle de mari et de père soutient-il la comparaison ?
Oui tout à fait. (Rires)
J'essaie avec le plus de sincérité,
le plus d'authenticité de vivre ce qu'il m'est donné de vivre en tant
qu'homme. J'ai eu énormément de chance jusqu'à présent j'ai rencontré des
femmes formidables, j'ai des enfants formidables. J'ai eu des relations
avec eux et avec elles qui sont en général assez formidables pour moi. Ces
enfants sont dans un système avec un père qui n'est pas comme tout le
monde ! Parce qu'il a un nom, parce que je suis un bourreau de travail
donc j'ai rarement été très disponible pour mes enfants.
Justement, les témoignages que nous avons recueillis font ressortir une
sorte de dichotomie qu'on pourrait résumer ainsi : très social avec vos
employés mais très peu paternels avec vos filles.
Faux ! Faux, très faux. « Très social »
avec mes employés c'est très con parce que je ne suis pas très social.
J'ai l'idée que l'épanouissement des personnes est la clé de l'efficacité
de l'entreprise. Mais de là penser pour cela que je suis présent avec mes
salariés... Je crois que nous devons faire en sorte que les enfants puissent
s'épanouir. Que peut faire un père pour épanouir ses enfants ? Tout ce que
j'ai pensé qu'un père pouvait faire, je l'ai fait. Maintenant, si certains
pensent que je n'ai pas fait ou que je n'ai pas bien fait, c'est leur job.
Mais j'accepte les reproches aussi bien en tant que patron qu'en tant que
père...
Vous les acceptiez plus lors d'un précédent entretien...
C'est de votre faute !
Vous vous êtes peut-être amélioré en tant que père depuis la dernière
fois ! (rires)
Non, mais je pense que j'ai été idiot la
dernière fois, c'est tout. Je suis beaucoup plus proche de la sincérité et
de la vérité aujourd'hui que la dernière fois. Je me suis laissé influencé
par vos questions et aujourd'hui j'en profite pour vous dire ce que je
pense réellement et pour vous remercier d'être venu !
Dans votre livre « La Source du bonheur est dans notre cerveau »,
vous proposez une chose très simple, trouver la machine à fabriquer
le bonheur que chacun porte en soi. Après deux divorces, avez-vous enfin
trouvé la vôtre ?
Ne dramatisons pas cette notion de
divorce. Le divorce est inhérent à la vie actuelle qui est faite d'un
allongement considérable de la vie humaine. Et à une sécurité beaucoup
plus forte qui est garantie pour la plupart par l'Etat. Le divorce était
une catastrophe lorsque le mariage était - c'est encore le cas dans un
certain nombre de pays - la clé de la survie, en particulier de la femme.
Aujourd'hui, il y a la sécurité sociale, il y a les indemnités de chômage,
il y a tout le droit qui intervient au profit de chaque conjoint et en
particulier du plus pauvre, parce que ça n'est pas systématiquement la
femme aujourd'hui. Donc le divorce devient aujourd'hui quelque chose de
normal, entre guillemets. C'est-à-dire la norme.
Vous n'allez pas nous faire un cours sur le divorce tout de même !
Comment ça je fais un cours sur le
divorce ! Vous me posez une question j'ai le droit de vous y
répondre non ?
Je vous parle de vos divorces, pas du divorce en général...
Mais votre question parle des divorces
en général. Ce n'est pas moi qui interviens dans le divorce, c'est votre
question qui met « après deux divorces ». Votre question signifie :
« comment pouvez-vous vivre le bonheur puisque même vous, vous avez été
amené à divorcer ? » Si pour vous le bonheur est de ne pas divorcer, il
faut que vous méditiez et que vous lisiez mon livre parce que vous verrez
que ça n'a rien à voir. Vous pouvez divorcer et être parfaitement heureux,
vous pouvez rester marié et rester parfaitement malheureux.
Suite de l'interview
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