Fort opportunément, Philippe
Douste-Blazy est depuis intervenu en votre faveur. Alors comment
expliquez-vous ce brusque changement de cap par rapport à son prédécesseur
et est-ce que Jean-Michel Dubernard y est pour quelque chose ?
Mais c'est son prédécesseur qui avait
fait un brusque changement de cap ! Parce que ça fait plus de 40 ans que
l'homéopathie est remboursable. Mattei l'avait annoncé clairement : « la
première chose que je ferai quand je serai ministre, je dérembourserai
l'homéopathie ». Il y avait une volonté de sa part. Il voulait bouffer
l'homéopathie. Ce qui m'a frappé quand j'ai rencontré Monsieur Mattei,
c'est sa méconnaissance de l'homéopathie. Il n'a jamais manipulé un
médicament homéopathique. Très souvent les détracteurs de l'homéopathie
sont des gens qui ne connaissent pas bien l'homéopathie. Quand ils la
connaissent mieux, quand ils sont honnêtes et ouverts, généralement ils se
rendent compte qu'il y a beaucoup plus de choses en faveur que de choses
en défaveur de l'homéopathie.
Quels étaient vos rapports avec
Mattei ?
Et bien on ne se connaissait pas ! Ce
n'est pas Douste-Blazy qui a fait une révolution, c'est Mattei qui avait
fait la révolution dans l'autre sens et Douste-Blazy a rétabli le bon sens
avec l'appui de 80% des Français, de 90% des hommes politiques de droite
et de gauche.
Toujours est-il que c'est un
revirement spectaculaire. Ce n'est pas non plus le premier du gouvernement
Raffarin...
Ce qui était spectaculaire c'était la
position de l'académie qui ne doit absolument pas s'impliquer sur les
problèmes de remboursement : ils sortent totalement de leurs compétences.
Votre opération de lobbying a
parfaitement fonctionné. Vos amitiés politiques ont-elles été
déterminantes dans cette affaire ?
Vous m'avez parlé de Jean-Michel
Dubernard. Je ne suis pas sûr que nos actions de lobbying aient marqué,
d'abord parce que nos actions de lobbying sont dix fois moins fortes que
les actions de lobbying des gens d'en face.
Vos amitiés politiques ont-elles été
plus fortes que vos actions de lobbying ?
J'y viens. Je crois simplement que la
grande majorité des Français sont favorables à l'homéopathie. Les
responsables politiques ne peuvent pas faire autre chose que de la prendre
en considération. J'ai autant d'amitiés politiques à droite qu'à gauche.
Très clairement.
Vous étiez quand même dans l'équipe
de Michel Noir...
Cela va peut-être vous choquer mais je
n'ai jamais considéré que Michel Noir était un homme de droite.
Il n'était pas un homme de gauche non
plus !
Non mais non, c'était un gaulliste. De
Gaulle n'était pas un homme de droite. Je ne suis pas vraiment sûr que
Chirac soit un homme de droite. Ces notions droite/gauche, j'ai toujours
considéré qu'elles étaient complètement périmées et d'autre part j'ai
excellents amis à droite, j'ai d'excellents amis à gauche. Et je ne me
situe absolument pas dans une mouvance politicienne quelconque. Et quand
j'ai suivi Michel Noir, j'ai suivi l'homme, j'ai suivi la dynamique.
Donc si Gérard Collomb vous appelle
demain à la mairie, vous irez le rejoindre sans aucun problème ?
Que Gérard Collomb, ou Michel Noir si il
revient au pouvoir, ou Raymond Barre ou Dominique Perben ou qui que ce
soit m'appelle pour la mairie, je dirais « non ». J'ai d'autres choses à
faire aujourd'hui qui m'appellent mais j'avoue que j'adore la politique.
J'en fais quand je fais des bouquins de philosophie, mais en tant qu'élu,
j'ai déjà donné.
On va conclure sur l'homéopathie et
la Sécu qui annonce un déficit record de 11 milliards d'euros pour 2003.
Selon l'adage populaire les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Quelle sera donc la contribution de Boiron dans la lutte contre ce
déficit ?
Ce n'est pas Boiron qui peut aider tout
seul, c'est les pouvoirs publics qui peuvent aider Boiron à lutter contre
le déficit en nous donnant davantage de moyens.
Ça parait paradoxal !
Et bien pourtant, vous allez comprendre
très vite. Qu'est ce qui permet de lutter contre le déficit ? De
développer l'homéopathie. L'homéopathie est un moyen 10 à 20 fois moins
cher que les médicaments traditionnels. Ce qui peut favoriser l'équilibre
de la sécurité sociale, c'est d'augmenter la part d'homéopathie au
détriment de la part des antibiotiques, des anxiolytiques, des
neurodépresseurs etc. Mais pour augmenter la part de l'homéopathie,
il faut qu'on puisse investir davantage en matière de recherche et en
matière de développement médical. Et je m'engage à mettre toute
l'augmentation des prix dans la recherche et dans l'information médicale.
Suite de l'interview
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