La bataille des
municipales de 2008 est déjà engagée. Si Gégé venait à l'emporter à
nouveau, souhaitez-vous conserver votre poste d'adjoint ? Si oui, pour en
faire quoi ?
Dans cette affaire, nous sommes deux, Gérard Collomb et
moi, plus les électeurs. En 2008, j'aurai 64 ans, et le Général De Gaulle
est devenu président de la république à 63 ans ! Pardonnez la modestie de
mon propos mais ça veut dire qu'on peut exercer de la politique au-delà de
cet âge-là. Nous verrons. D'abord si le maire souhaite que je continue de
travailler avec lui et si moi j'ai envie de continuer.
Est-ce que vous avez envie de continuer ? Si oui, pour quoi faire cette
fois-ci ?
Je suis partagé entre deux sentiments. J'ai envie un peu de
vivre. Je ne considère pas que la responsabilité publique et l'action
politique soient un absolu dans l'existence. Il y a bien d'autres choses
qui m'intéressent dans la vie, donc je peux tout à fait souhaiter faire
autre chose.
Pouvez-vous nous donner une piste ?
Lire, écrire, m'occuper de mes rosiers... J'ai toujours
considéré qu'il y avait quelque chose qui était surprenant et en même
temps admirable et qui me fascine, c'est les hommes politiques qui ne font
que de la politique, c'est une chose qui me laisse un peu rêveur...
Vous en avez parlé avec votre ami Gérard qui n'a quasiment fait que ça
dans sa vie ?
C'est un engagement admirable par certains côtés, mais en
même temps il faut se préserver un jardin secret. Et lui finalement je le
trouve de mieux en mieux, notamment dans sa vie familiale et l'attachement
qu'il a avec sa petite fille qui compte beaucoup pour lui. Il n'est maire
de Lyon que depuis 2001 mais a toujours été dans l'opposition même si il a
été député puis sénateur. Donc il n'est au pouvoir que depuis 2001 et ça
serait normal qu'il souhaite et obtienne un second mandat.
Finalement c'est « Gégé, ne nous quitte pas ! «
Il n'y a pas d'autres options pour Lyon. Dominique Perben, le zéro pointé
du gouvernement Villepin se voit maire de Lyon ! C'est quand même le
ministre qui échoue dans tout ce qu'il fait, c'est le dernier de la
classe dans le gouvernement.
Vous êtes chevalier du mérite national et commandeur des arts et des
lettres, mais êtes-vous au moins bon cavalier ?
Non je n'aime pas le cheval. J'ai beau
avoir un fils qui est moniteur d'équitation, il n'a jamais réussi à me
faire monter à cheval.
Je suis peut-être un peu cavalier mais c'est une évidence que vous n'êtes
pas fondu de sport... si ce n'est du ski de fond et de la marche. C'est pour
évacuer les petits de vins de Cahors et le cassoulet local ?
Pas vraiment, je suis un marcheur. J'aime
bien le vin de Cahors et le vin du sud-ouest en général, mais tous les
vins : la côte Rôtie, le Bordeaux, le Bourgogne... En matière de vin, je
suis très éclectique, et je bois moins de vin blanc parce que mon
cardiologue m'a dit que ce n'était pas très bon.
En 1988, vous avez en effet acheté une belle maison XVIIIème dans le
village des Arques (Lot) avec votre épouse prématurément disparue en 1998.
La maison est toujours en travaux. Il faut bien dire que vous êtes fondu
de bricolage...
Non, je ne suis pas du tout un bricoleur,
mais la maison est bien quand même. Ça m'a coûté d'ailleurs assez cher de
la faire rénover mais justement parce que je n'ai pas beaucoup fait de
bricolage. C'est un endroit qui est pour moi double : de solitude, où
j'aime bien y être seul et un endroit de bonheur quand j'y suis avec des
amis, avec mes enfants et petits-enfants. Vous voyez, à propos de 2008,
Juppé parlait de la tentation de Venise, pour moi ça sera la tentation des
Arques.
En revanche vous avez la main verte, ou plutôt la main rose puisque vous
adorez vous occuper des rosiers...
C'est un petit jardin ! N'imaginez pas 10
hectares ! C'est une jolie petite maison de village dans un village
important et historique parce que c'est là que le sculpteur Zakine a vécu.
Je vis au centre du village, il y a une vingtaine de maisons, une église
romane que je vois des fenêtres de ma cuisine qui est aussi ma salle à
manger, et puis un petit jardin qui fait 500 m2 et j'y ai mis des rosiers
anciens puisque je suis loin de ce village et les rosiers poussent un peu
tout seuls quand on les taille et qu'on les nettoie à peu près
régulièrement ça fleurit tout seul sans demander beaucoup de travail.
Existe-t-il une rose Beghain ?
Non il n'y a pas de roses Beghain mais il
y a un rosier que j'affectionne tout particulièrement et les amateurs de
rosiers anciens me comprendront, c'est un rosier qui s'appelle Ghislaine
de Filligonde. C'est un rosier merveilleux avec des petites rose saumons.
J'en ai 3 dans mon jardin, j'en ai planté un sur la tombe de mon épouse
Michèle. J'ai bien d'autres rosiers mais je partage ce goût des roses
anciennes avec un autre responsable lyonnais de la culture qui est Guy
Walter qui a une maison en Haute-Loire, nous rivalisons quelque fois sur
nos jardins et nos roses.
Le jardin est donc
votre domaine réservé ainsi que la cuisine où personne d'autre que vous
n'a pas le droit d'officier...
Il y a
quelqu'un qui pourrait être un rival dangereux - situation quasi dipienne
- c'est mon gendre, l'époux de ma fille Véronique, Joël qui est un
excellent bricoleur et qui est un gendre adorable et idéal, et qui en même
temps fait bien la cuisine, seulement le pauvre quand il est à la campagne
avec moi, il n'a pas le droit de toucher à la cuisine et il en souffre
beaucoup.
Suite de l'interview
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