Vous avez 5 petits
enfants que vous traînez chez les bouquinistes. Ils ne préféraient pas
plutôt aller voir Mickey ?
Je vois l'épisode auquel vous faites allusions.
Effectivement, j'ai ma petite-fille aînée qui s'appelle Manon et je vais
de temps en temps la voir à Dijon. Je me souviens l'avoir emmené en ville
et quand je vais dans une ville, je ne peux pas m'empêcher d'aller voir
les libraires d'anciens. Et une fois je suis allez avec Manon chez un
excellent libraire d'anciens à Dijon, elle a été très gentille, très sage,
elle a fait la conversation à la libraire pendant que je feuilletais les
rayons.
Quand vous n'êtes
pas grand-père, vous menez la vie d'un célibataire fêtard et trainez une
réputation de night-clubber...
Elle est surfaite. Ça vient peut-être du fait que beaucoup
de mes collègues se couchent tôt et que par contraste dès qu'on sort un
peu... C'est surfait depuis que le 10 est fermé ! Enfin depuis que Jacques
Haffner n'en est plus le directeur ! Je ne suis pas orphelin mais c'est
vrai qu'il nous manque un lieu comme ça, qui était un lieu agréable,
tendre j'ai envie de dire...
Vos nuits sont-elles
toujours réservées à Baptiste Jacquet ?
J'aime beaucoup Baptiste parce ce que c'est un garçon sensible et
intelligent mais je ne passe pas mes nuits avec lui !
Tel Janus vous avez
un double visage : fonctionnaire sérieux et réservé le jour, noctambule
invétéré et gay friendly dès la nuit tombée...
Je pense que les amateurs de la nuit qui ne cherchent pas nécessairement
tout de suite des sensations fortes, cherchent des lieux tendres dans la
ville. La ville doit être tendre pour ses habitants et le 10 était un de
ces lieux tendres. Alors, j'en ai trouvé un autre qui va pouvoir le
remplacer c'est le « Baryton » qui est un lieu agréable où les gens sont
mélangés, où il y a une certaine disponibilité, quelques verres de vin
aidant, on se parle, on est heureux ensemble, c'est ça la nuit.
Dans notre
précédente édition, Dominique Perben vous a taxé de « triste et
besogneux »... Il ne vous a jamais vu la nuit ! Quand l'emmenez-vous au
Barython ?
Jamais, il ne sort pas lui ! D'abord je n'en ferai pas un
de mes compagnons de soirées. Je crois que Dominique Perben ne sort pas
beaucoup à Lyon. Il est là vendredi soir ou le samedi, j'ai l'impression
qu'il a une vie un peu triste à Lyon. S'il veut sortir je lui donnerai
volontiers quelques adresses. Quand au compliment qu'il m'adresse, puisque
je le prends comme un compliment, évidemment s'il préfère « sur sourire »
ce n'est pas moi ! Mais je le prends comme un compliment parce que c'est
la reconnaissance du fait que je travaille, puisqu'un élu doit travailler.
Il peut travailler le jour et le cas échéant s'amuser le soir et la nuit
s'il en a envie.
Depuis votre dernier voyage en Amérique du Sud, vous semblez obnubilé par
les lamas. Comptez-vous en dresser un pour cracher sur le ministre des
Transports ?
Non je ne suis pas méchant. J'étais à Cusco pour le congrès
du patrimoine mondial, pas pour faire du tourisme, même si j'ai pris une
journée pour aller visiter le Matchu Pitchu. Les lamas dans Cusco c'est
une attraction pour touristes. J'ai ramené quelques pull-overs et quelques
écharpes pour faire quelques cadeaux et puis j'ai mangé du lama
effectivement. J'ai mangé du ragoût de lama, du lama fumé, et c'est très
bon !
C'est vraiment devenu votre animal préféré ? Vous allez en adopter un pour
le Lot ?
Et non, ça ne vivrait pas. Vous savez
Cusco c'est haut, c'est 3400 mètres, je ne pense pas qu'un lama
s'acclimaterait dans mon petit village dans le Lot (400 mètres
d'altitude). Et puis j'ai peur qu'il me mange mes rosiers. (Rires)
Vous avez su tisser
au cours de toutes ces années un réseau efficace. Mais qui sont
aujourd'hui les vrais amis de Patrice Beghain ?
Je sais sur qui je peux compter... J'avais quitté Lyon en
1996, et ce n'était pas envisageable que je revienne à Lyon, et j'ai eu à
l'époque, y compris dans les épreuves que je traversais à ce moment-là que
l'on a évoqué et une épreuve judiciaire pénible pour l'histoire de la
grotte Chauvet. C'était douloureux. J'ai éprouvé quelques amitiés, je ne
citerai aucun nom, ils se reconnaîtront.
Êtes-vous
franc-maçon et vous a-t-on déjà proposé d'intégrer une loge, à part celle
que vous avez aux Célestins ?
Non et puis je n'ai pas de loges au théâtre des Célestins (rires).
Non je ne suis pas franc-maçon contrairement à ce que l'on a écrit, je
n'ai rien contre. Et personne ne me l'a proposé.
Pourquoi y a-t-il
autant d'homosexuels à la tête des institutions culturelles ? Est-ce une
question de sensibilité ou de réseaux ?
Je ne
sais pas, d'abord je ne suis pas sûr qu'il y en ait tant que ça. De toute
façon ce n'est pas un caractère discriminant. Les gens qui dirigent les
institutions culturelles à Lyon sont choisis exclusivement en fonction de
leur compétence. Quand j'ai proposé au maire de nommer Serge Dorny à
l'opéra de Lyon, Sylvie Raymond à la tête du musée des beaux-arts, John
Merkel directeur de l'orchestre national de Lyon... je ne me suis pas occupé
de son orientation sexuelle. Je crois savoir que tous les trois sont
hétérosexuels, et qu'ils s'en portent très bien. Il faut qu'on cesse de
considérer qu'il y a un réseau. J'ai lu dans un ouvrage d'André Mure qu'il
y avait un lobby homosexuel à l'hôtel de ville de Lyon !
Suite de l'interview
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