Il y a un an, vous battiez la campagne avec ledit Hervé Gaymard en vue de
votre réélection. Vous formiez un joli couple avec le ministre de
l'économie, mais la greffe n'a pas pris. A quoi attribuez-vous cet échec ?
Je n'aime pas dire que c'est la faute des autres. Je n'oublie pas mon
arrivée en 1999 qui a pu choquer certains membres de droite qui m'on vu
accepter des voix de gauche sans avoir compris. J'espère maintenant qu'ils
ont compris combien est grave l'avancée dans notre pays des idées
d'extrême droite, celles d'extrême gauche ne valent pas mieux ! Je n'ai
pas de regrets parce que pendant la période où j'étais présidente j'ai
donné le maximum... Je n'en ai pas voulu aux rhônalpins, je leur garde la
même sympathie que si j'avais gagné.
Votre campagne avait fort mal démarré. Qui a eu l'idée de son lancement au
milieu des fossiles de St Romain en Gal ?
Et bien, c'est moi !
Vous ne vous êtes pas rendue compte de la symbolique de l'affaire ?
Et bien je n'en ai pas honte parce que
quelque part vous n'avez pas du y aller...
J'étais là en personne et j'en ai même fait un reportage
(voir
chronique) Je parle donc
en connaissance de cause !
Certes il y avait les ruines, les restes
de certains appartements, mais vous avez vu la modernité du musée ? Je
trouve que ce mélange tradition et modernité est génial.
C'est affectif mais ce n'est pas politique...
Je suis d'accord, je souhaite être un
politique qui reste citoyen et quand j'ai des coups de cur et bien j'ai
des coups de cur...
Hors contexte politique, revoyez-vous Hervé Gaymard ? Vous avez visité son
bel appartement de 600 m2 ? Etes-vous allés skier ensemble cet hiver ?
Non, je ne suis pas people à Lyon, et je
ne le suis pas à Paris... Là, je viens pour vous ! A Paris, j'ai une vie
très simple, quand je vais voir les ministres c'est que j'ai un dossier à
défendre. Chez Gaymard, j'y suis allée il y a 15 jours mais à Bercy
puisque j'étais le rapporteur de la directive services.
Votre « union » n'était donc qu'un mariage blanc... Les électeurs
n'ont pas été dupes et c'est pour cela qu'ils vous ont expulsé ! (rires)
Non, un mariage de raison. C'est vrai que
je pouvais partir toute seule, mais on sait tous les chiffres que l'on
fait à droite ou à gauche. On tourne entre 15 et 20. Cela aurait été la
honte pour une région comme Rhône-Alpes si la liste UMP et la liste UDF
étaient derrière Gollnisch ! Bonjour les dégâts ! C'est pour ça que je me
suis mariée raisonnablement !
Un an après votre départ, on ne se souvient de rien concernant votre
passage. Excepté des dettes Comparini, si l'on en croit Jean-Jack
Queyranne. De quoi s'agit-il ?
Ce qu'il appelle les dettes Comparini
c'est quand même 450 millions d'euros de TER nouveau et ceux qui tous les
matins prennent le train, sont bien contents d'avoir des TER bien plus
jolis que des bétaillères que l'Etat nous avait données. Les dettes de
Comparini, ce sont des lycées dont j'avais doublé le volume... J'ai été un
peu étonnée au début quand JJQ a dit « les dettes de Comparini »...
Pour ne pas dire abattue, Anne-Marie ?
Non, non, étonnée. Parce que Monsieur
Collomb n'a jamais dit : « ouhhh, j'ai les dettes de Monsieur Barre »
Il était bien ravi de prendre la salle 3000, toute la partie de Vaise etc...
Mais après j'ai souri car en arrivant à Paris, je rencontre Monsieur de
Rohan, ancien président de Bretagne, et Raffarin qui me racontent que dans
toute la France, les nouveaux présidents parlent de la dette de
« celui d'avant ». C'est pas bien sérieux tout ça !
De quoi doit-on se souvenir de votre passage à la Région que les gens
n'ont pas forcément intégré ? A la différence de votre prédécesseur Millon
dont on se souvient du Permis de réussir...
Un, la politique de création d'entreprise
et on le voit dans les chiffres, la région Rhône- Alpes depuis 2001 est la
région de France qui créée la plus de postes grâce à tout ce qu'on avait
mis en place à la fois pour l'entreprise traditionnelle ou pour les
entreprises émergentes.
Deux, on se gausse beaucoup à Paris ces
temps-ci du pôle de compétitivité. Je remarque que je suis celle un jour
qui a pris le TGV pour rencontrer le président de Motorola qui venait en
France. C'était un vendredi. Le lendemain, il partait à Taipei et avait le
choix entre Grenoble et Taipei. Ce jour-là j'ai joué moi aussi à
l'américaine en mettant en avant les atouts de Grenoble. Motorola a été
convaincu et on a désormais un vrai pôle de compétitivité. Et ça, c'est
grâce à moi.
Il vous faut bien reconnaître que ce n'est pas lourd tout ça quand même ?
Ce que je retiens de ce que j'ai fait,
c'est que c'est comme ça qu'on crée des emplois. Ce n'est pas en faisant
des emplois tremplins dans la vie associative qu'on va donner aux jeunes
ou au moins jeunes un emploi pérenne. Ça ne me fâche pas car en fin de
compte nous avons deux visions avec JJQ. Lui veut faire tout, un état bis.
Il fait les travaux pratiques du candidat socialiste aux présidentielles.
Moi, j'ai voulu que les Rhônalpins restent toujours les meilleurs et donc
je me suis dit que nous allions les aider à créer des entreprises et des
emplois.
JJQ a également
déclaré que votre bureau était très moche. Vous l'aviez meublé chez Ikéa ?
Non pas du
tout, chez Grange à qui j'ai dit : « Je n'ai trop d'argent ! » Je trouve
au contraire que Grange m'avait fait quelque chose de grande qualité. De
Grange qualité ! (rires) Mais JJQ préfère les paillettes !
Suite de l'interview
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