Où l'emmeniez-vous
dîner quand il était sur Lyon en tant que député ou Maire ? Quelles
étaient vos cantines lyonnaises ?
Je suivais mais c'étaient quand même « ses » cantines.
L'une des meilleures cantines que l'on ait eu c'était « A ma vigne »
derrière la Mutualité.
Très peu connue des
Lyonnais, uniquement des initiés !
Oui, parce que nous pouvions manger les frites trempées
dans la sauce avec les doigts...
Est-ce que « à ma
vigne », il s'endormait pendant les repas ?
Non, on ne dort pas quand on mange. On s'endort après. (rires)
Cette histoire de Raymond Barre qui s'endort à tout bout de champ, ça vous
a fait rire ? Lui-même en riait. A l'Assemblée nationale avec André
Santini, ils se mettaient l'un contre l'autre pour piéger les caméras en
faisant semblant de s'endormir...
Et les hasards de la vie font que je suis à l'Assemblée nationale à côté
de M. Santini et c'est moi qui le réveille quand il dort. (rires)
Barre ne dormait que d'un il... et les gens se disaient « chic il dort je
vais pouvoir dire des bêtises ! » ou des choses méchantes et il entendait
et du coup la réponse était cruelle.
Quelles leçons tirez-vous de cette collaboration et le revoyez-vous
régulièrement ?
Ce que je retire des années où j'ai été avec lui, je crois
que j'avais ça déjà en moi mais il m'a confirmé, il faut regarder comment
le monde autour de nous bouge et j'ai gardé ça un peu de lui, de regarder
ce qui est « tendance » dans les années à venir. Je le revois à peu près
une fois par mois, on grignote à Paris...
Pas plus ? Où
allez-vous grignoter à Paris ?
Il est très gentil parce qu'il choisit un restaurant à côté
de l'Assemblée « Chez Marguerite » rue du Bourgogne.
Comment va-t-il ?
Ça c'est dur de répondre. Il est un peu fatigué...
De quoi parlez-vous
maintenant avec lui ?
De tout et de rien, voilà. Du dernier bouquin que nous
avons lu,...
Gérard Collomb, ça
l'intéresse ?
Non, objectivement, il ne m'en a jamais parlé. Lorsque
j'étais présidente de région, je trouve qu'il était très respectueux.
Lorsque je le voyais, si ça n'était pas moi qui parlais de la région, il
ne m'en parlait pas.
Vous l'avez affublé
d'un sobriquet...
Oui, je l'appelais Bob ! J'avais remarqué que tout le monde entend ce
qu'on dit dans le TGV, on écoute tous ! Et comme de temps en temps, il
nous en faisait des vertes et des pas mures, je me suis rendue compte que
je ne devais pas dire M. Barre dans le TGV et donc une fois j'ai dit
« Bob » et tout le monde a trouvé que c'était bien. Peu après une
journaliste du Figaro me dit : « Alors, il paraît que vous l'appelez
Bob ? » Je lui ai répondu : « Ne le mettez surtout pas dans votre journal,
ça n'ira pas ! En revanche, vous pouvez écrire que les dames de Lyon
l'appellent Bob » (rires) Une semaine après, Barre arrive à
Lyon et me dit : « Vous avez vu, je ne savais pas que les lyonnaises
m'appelaient Bob ! » Surtout que c'était quelques mois après qu'il ait
raconté dans le Financial Times qu'à Lyon les femmes étaient en jupe
plissées, avec de petits colliers et il m'a déclaré : « J'ai dit un
truc un peu dur pour les Lyonnaises et pourtant elles m'appellent Bob ! »
(rires)
En 1999, vous êtes élue présidente de la Région suite à l'invalidation de
Charles Millon... On a parlé à votre sujet de présidence modeste. Vous
mangiez à la cantine, en voiture, vous vous installiez à côté de votre
chauffeur...
Je remarque que manger à la cantine,
monter devant dans la C5 ça a créé peut être des troubles mais moins que
ce que je lis dans la presse ces 2 derniers jours... (Allusion à
l'appartement d'Hervé Gaymard, NDLR). En restant modeste, j'ai
évité de tomber dans les pièges qui touchent les politiques quand on
oublie ça... En mangeant à la cantine, je pouvais tirer les oreilles au
groupe Accor car quand il ne faisait pas bien à manger, je le savais !
C'est quand même rageant. Dans notre pays, qu'à la rigueur le président de
la république et le premier ministre aient des vies un peu différentes des
nôtres, c'est normal. Mais un président de Conseil général, de région, de
ville, ça peut vivre comme tout le monde !
Que pensez-vous justement de l'affaire Gaymard ?
C'est pour ça que je vous
dis que c'est pas mal d'avoir ça dans la tête parce que moi au moins il ne
m'arrive pas ce qui lui arrive depuis 2 jours ...
Suite de l'interview
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