Débarqué à Lyon,
vous allez essayer plusieurs petits boulots...
J'avais 18 ans. Mais quand j'ai commencé à travailler,
j'avais 16 ans à la société coopérative ouvrière. J'étais avec le
grand-père de Charles Béraudier qui me dit un jour : « Tu ne vas pas
rester là toute ta vie, fous le camp à Lyon, tu vas au bureau de placement
et on te trouvera du travail ». Un gars du pays m'a emmené en moto au
bureau de placement quai de la Guillotière, et là j'ai trouvé tout de
suite un emploi chez un miroitier. Je suis resté un an. `
Ensuite, vous êtes
engagé comme comptable...
A Saint Clair du Rhône, je suis rentré dans une société de
matière colorante avec mon diplôme de sténodactylo, et puis j'ai gravi les
échelons. Quand je suis parti en 1943, j'étais l'adjoint du directeur
général.
Vous revenez sur
Lyon pour un magasin de presse ?
Oui, j'avais quelques petites économies, j'ai acheté un
magasin de marchand de journaux. Prise de position le 1er
décembre et 8 jours avant le Progrès s'est sabordé. Je me suis dit :
« qu'est ce que je vais vendre ? ». Il y avait le Lyon Républicain à
l'époque aussi, je suis allé les voir, je leur ai demandé 100 Lyon
Républicain, au lieu d'avoir 800 ou 900 Progrès. C'était la fin de
l'année, ils avaient un catalogue et je leur ai dit : « il faut m'en
donner 100 ». Et ils me disent : « mais qu'est ce que vous allez faire de
100 ? ». Alors je leur dis : « vous avez peur que je ne vous les paye
pas ? Donnez m'en 100 ». J'en ai reçu 100 et je leur ai téléphoné pour en
remettre encore 400. J'avais placardé ça dans ma vitrine à Décines, il y
en avait de partout, au plafond,... ! Et les gens sont tous entrés et ils
m'ont tout acheté ! (Rires)
A 35 ans, vous
rachetez Chimicolor, dont vous êtes toujours PDG ! Quel est son domaine
d'activité ?
C'est de la gravure chimique, c'est-à-dire de la plaquette
industrielle que vous voyez partout, sur les moteurs, les compteurs, les
compteurs électriques,... Toutes les plaques !
C'est à cette époque où vous déménagez à la Croix-Rousse où votre voisin
de palier est un certain Frédéric Dard ? Il paraît que vous avez fait les
400 coups avec lui...
Frédéric Dard c'était un grand copain. Je me suis bien
amusé avec lui. Quand on allait dans les restaurants, on buvait un bon
petit coup, enfin surtout lui, pas trop moi ! (rires) Mais une
fois, il y avait le tramway qui montait à la Croix Rousse et il a décroché
la perche du trolley. Il l'a fait exprès car en face il y avait un
contrôleur. Alors le contrôleur vient et il lui dit : « Tu es contrôleur,
mon père aussi, vous êtes 2 cons ! » (Rires)
Vos deux fils Gérard
et Gilles travaillent dans l'entreprise familiale mais vous ne leur avez
jamais confié les rênes...
Moi j'y vais le matin, pour voir ce qui se passe, je suis toujours
président-directeur général et Gilles est le directeur adjoint.
Vous n'avez jamais voulu leur donner les rênes de l'entreprise ?
C'est lui le patron ! (rires) Mais s'il y a des tuiles c'est moi
qui les encaisse ! J'ai fait des économies quand même. J'ai une retraite
de sénateur, car j'ai été sénateur pendant 27 ans, j'ai été député
européen,...
Etait-ce la bonne
solution pour qu'ils prennent confiance en eux ?
Oui, ça leur donne quand même le souci de bien continuer.
Mais ils ont toujours un petit peu l'il de Moscou au-dessus de leur
tête ?
Non, je les laisse bien faire et je suis là pour leur donner des conseils
quand ils m'en demandent, mais Gilles est capable de me remplacer...
Suite de l'interview
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