Les humeurs de Justin
Calixte
Chronique satirique
du 2 septembre 2002
Rentrée sur la pointe des pieds
Rentrée des classes, rentrée politique, rentrée tout court... Me
permettra-t-on, histoire de me remettre en jambes, de revenir sur un de
mes vieux dadas. Je veux parler des conséquences de mai 68 et de ses
soubresauts sur ce qu'est devenue la société.
Nos jeunes gens de l'époque, qui décidèrent qu'il fallait faire fi de
l'autorité parentale ou des maîtres, du passé, de la langue française, du
vote démocratique (élections, piège à cons), des tabous sexuels, de la
morale religieuse, sont aujourd'hui aux commandes d'un état impuissant,
s'escrimant à colmater les brèches béantes en inventant le "devoir de
mémoire" - même si cette mémoire est souvent hémiplégique - expliquent
qu'il faut revenir au français pour donner sa chance à chacun, manifester
dans la rue pour inciter cette pauvre jeunesse à voter, tenter de trouver
du paradis à la pédophilie grandissante, et même - j'entendais l'autre
jour sur Europe 1 - réinventer une "morale laïque", grosso-modo la même
que la morale dite judéo-chrétienne, mais sans référence, ni à un
quelconque Dieu, ni à un quelconque Christ rédempteur.
"Dieu est mort, nom de Dieu, ne revenons pas là-dessus".
Ben mon vieux ! Certains des cons de 68 sont toujours aussi cons
aujourd'hui.
Le malheur est que les gouvernants et autorités veules et laxistes de
l'époque les aient laissé faire.
Le pire, c'est qu'on les a laissé devenir maîtres d'écoles, professeurs ou
journalistes. Ils nous ont fabriqué une civilisation monstrueuse et nous
ne savons pas comment nous en sortir. Lisez vite le bouquin d'Olivier
Rolin, intitulé "Tigre en papier". Ancien soixante-huitard éminent, il
décortique cette révolution de pieds nickelés en rut, et la raconte avec
distance et humour. Et talent !
Le film "Etre et avoir" (à voir absolument), se passe en Auvergne,
aujourd'hui, et montre la vie d'une école primaire où le maître est un
vrai maître, où les enfants - grands et petits, car la classe est mélangée
- apprennent la vie. Le maître d'école ne se pose pas la question de
savoir s'il doit enseigner ou éduquer, il fait les deux. Et le fait bien,
avec amour.
Ceux qui ont dépassé la cinquantaine ont connu peu ou prou ce type
d'école, ou tout au moins d'enseignement. L'autorité du maître était
réelle. Les élèves lui témoignaient respect - les parents aussi - et
écoute.
Ce film constitue une formidable leçon d'éducation après laquelle on se
remet à espérer de l'Education Nationale, et nous fait regretter que nos
gardes-rouges de 68 aient bousillé un système qui avait fait ses preuves.
Ne ratez pas ce film, c'est le plus beau film d'amour que j'aie vu ces 30
dernières années.
J'en étais là à espérer de lendemains qui chantent quand je découvre dans
le journal que les enseignants du Rhône seront en grève le jour de la
rentrée.
"Il n'y a pas assez de postes", expliquent-ils pour la énième fois. Alors
que dans le même temps, on sait qu'il y aura 500 élèves de moins
d'inscrits dans le département, soit environ de quoi occuper une quinzaine
d'enseignants.
Vite, mettons tous ces braves gens à la retraite. Embauchons de jeunes
maîtres amoureux de leur travail et conscients de leur mission.
Aujourd'hui, "les maîtres" se plaignent de ne plus être respectés par les
enfants. S'interrogent-ils pour savoir s'ils inspirent et méritent leur
respect ? J'en doute.
Beaucoup de ces messieurs-dames que je connais bien, sont souvent d'une
inculture générale qui les empêcheraient de passer le cap des 1.000 euros
à "Qui veut gagner des millions". Pire, certains font une faute à chaque
ligne. J'en connais. Pire, ils n'aiment pas leur travail. On comprend que
tous les prétextes (grèves, formation, mal de crâne) soient bons pour ne
pas venir travailler.
On l'aura compris, je ne parle pas ici des maîtres - eux, comme par
hasard, sont respectés - qui savent lire, écrire et compter, et qui savent
l'importance de leur rôle dans une société.
Malheureusement, le mammouth dénoncé par Allègre les étouffe et la
météorite qui en viendra à bout semble encore très loin.
Enfin, moi, ce que j'en dis !
Promis, la semaine prochaine, je vous parle de notre people politique.
J'aurai deux ou trois mini-scoops croquignolets.
Justin Calixte
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