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Les humeurs de Toussaint Pothin 

 

Le bloc-net du lundi 11 juin 2001

 

Du bon usage de la notoriété

 

Absent pour la Pentecôte (j'étais encore parti dans un de ces paradis pour nouveaux riches), je n'ai pas pu participer à la Fête du Vélo ni au Tournoi de boules de Pentecôte, ni été invité avec nos VIP à la Finale de la Coupe de France de basket. Pas facile de chroniquer quand on n'est jamais là ! 

 

Faute de mieux, oserais-je vous parler de loft-story ? On a tout dit sur ce reality-show apparemment sans scénario mais tellement manipulé que les ficelles de M6, même usées jusqu'à la corde, sont visibles à l'œil nu.

Le fait que des jeunes gens sans avenir aient, grâce à ce jeu-divertissement stupide et sans doute pervers, la possibilité de sortir de la triste condition qui serait la leur si les portes de loft-story ne s'étaient ouvertes à eux, est-il aussi condamnable que le croient nos intellectuels normalisés ?

Certains oubliés malgré eux choisissent la boxe ou le foot pour se sortir de leur galère et arriver au sommet de l'échelle sociale.

Nos lofteurs, en se contentant d'apparaître, de dire des banalités, de s'exhiber, de cabotiner, finissent non seulement par exister, mais vont peut-être devenir acteurs, chanteurs ou animateurs. Ils risquent de ne pas être plus mauvais que Thierry Rolland, Alexandre Devoise ou Bernard Montiel.

 

Certains couchent pour réussir, d'autres se font pistonner, d'autres trichent. Finalement, nos lofteurs, en se contentant d'être ce qu'ils sont, c'est-à-dire pas grand-chose, sont moins pires. Ils participent du miracle de la célébrité télévisuelle. Il faudra d'autres miracles pour que leur quart d'heure de gloriole se transforme en gloire. Mais pourquoi pas ? Regardez notre gloire nationale, Johnny Halliday ; chaque jour, je me pince devant un succès aussi injustifié.

 

On nous dit qu'ils s'exhibent, mais tout  monde trouve normal que Catherine Millet joue les exhibitionnistes, que Duhamel se surexpose dans tous les médias qui n'ont pas de chroniqueur patenté, que Bruno Masure devienne une star du JT par le seul fait d'avoir été présent tous les jours à heure fixe sur nos écrans.

On nous dit qu'ils ne fichent rien. Mais, entre nous, si Jacques Chirac fait autre chose que de la démagogie 24 h. sur 24, ça ne se voit pas ; si nos élus, qui se donnent en spectacle tous les mercredis après-midi, alors qu'ils somnolent ou font semblant de se battre sous l'œil des caméras font quelque chose d'utile, ça ne se voit pas, et si les fonctionnaires et vice-présidents du Grand Lyon font quelque chose, ça ne se voit pas.

 

Tiens, au fait, à propos de la Communauté Urbaine, je me demande si l'on ne devrait pas mettre des web-caméras dans tous les bureaux et couloirs. Histoire de voir comment marche ce grand machin. Le nouveau président a annoncé qu'il sera extrêmement présent et actif. Sera-ce suffisant quand on sait que parmi la pléthore de vice-présidents, beaucoup n'ont pas l'air de vouloir s'impliquer ?

Sera-ce suffisant pour modifier les rapports de force, alors que le pouvoir est actuellement tenu par des "fonctionnaires" divisés évidemment en clans ? Nos politiques de gauche comme de droite comprendront-ils que le pouvoir se jouera là plutôt que dans leur mairie, et que le destin de Lyon et des 55 communes qui l'entourent est entre leurs mains ?

 

J'avais, dans un billet qui a fait des vagues, proposé l'idée de juxtaposer désormais les noms des communes et celui de Lyon, ville-centre, histoire de montrer que le Grand Lyon n'était pas qu'un concept ou qu'une trouvaille noiriste. Lyon mais surtout toutes les communes du Grand Lyon auraient intérêt à ne pas perdre de temps pour parler d'une même voix et marcher derrière la même bannière.

Pourquoi, comme première mesure, ne pas accélérer un processus en permettant à chaque maire qui le souhaite, de modifier le nom de sa commune en accolant celui de Lyon ?

Même si Villeurbanne a sa personnalité et une petite notoriété, c'est grâce à l'aura de Lyon et des possibilités qu'offrent la ville-centre et la région que leur commune existera dans les prochaines années.

A Tokyo, à New York, Villeurbanne et Lyon, c'est kif-kif. Les habitants de Rennes, de Colmar ou de Carpentras ne font pas le distingo entre Vénissieux et Lyon. Les chefs d'entreprise affirment - pour séduire leurs équipes - qu'ils installent leur entreprise à Lyon, même si les locaux sont à Saint-Cyr ou à Vaulx-en-Velin. C'est comme ça. C'est le sens de l'histoire.

Pourquoi ne pas accélérer le processus ? Tout le monde y gagnerait. Quand aux nostalgiques, qu'ils se rassurent. Les gens du coin se sentiront toujours des Charpennes ou du Pérollier, comme on dit encore de la Guillotière ou de la Croix-Rousse ; les arrondissements n'ayant pas supprimé les sentiments d'appartenance des vieux autochtones.

Mais nos roitelets accepteront-ils de faire preuve de vision et d'humilité ou attendront-ils que leurs mini-trônes ne soient que des tabourets bons pour la casse ?

 

Parmi la délégation de journalistes invités par la Ville à suivre la délégation lyonnaise à New York, pas de journaliste des Petites Affiches, pas non plus du Tout Lyon, et bien sûr personne de Lyonpeople.

Pas un seul correspondant d'un quotidien national ou d'un magazine. Personne non plus des grands titres nationaux dont certains auraient pu être passionnés par le sujet traité lors du discours de Gégé à l'ONU.

On a fait dans le lyonno-lyonnais. Dommage !

Peut-être un jour faudra-t-il se demander s'il ne vaut pas mieux inviter Jean-Marc Sylvestre, Michel Field, Edith Lucet, Jean Daniel ou Frantz-Olivier Giesbert, ou des correspondants de médias étrangers pour commenter les voyages et les positions ou initiatives prises par le Président du Grand Lyon, si l'on veut que la notoriété de Lyon dépasse les faubourgs d'Ambérieu ou de Rive-de-Gier.

 

 

A suivre, Le bloc-net du 5 juin 2001

 

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