Le Progrès et le Dauphiné
sur l'étal des rosbifs ?
C'est le quotidien « La Tribune » qui a levé
le renard. Les discussions pour la cession du
pôle rhônalpin de la Socpresse à un certain
Candover seraient très bien engagées. Le fonds
de pension britannique serait prêt à mettre 250
millions d'euros sur la table pour récupérer le
Dauphiné, le Progrès et ses satellites
déficitaires (TLM, Lyon Cap).
Une « liquidation » qui intervient dans un
contexte de crise tant morale que financière. En
dépit d'un investissement de 43 M dans un
imprimerie flambant neuve et le lancement d'une
nouvelle formule, le quotidien lyonnais a
complètement raté sa transformation (il est
passé sous la barre des 20 000 exemplaires dans
Lyon intra muros). Trois de mois de calage ont
été nécessaires pour mettre au point les
nouvelles rotatives, ce qui a fini de
désorienter complètement un lectorat qui n'aime
pas voir bousculer ses bonnes vieilles
habitudes. D'où une chute vertigineuse du nombre
d'abonnés. Quant à la clientèle visée, elle ne
s'est pas sentie concernée par la nouvelle
formule qui ressemble trop à l'ancienne. Seul un
changement - significatif - de format et de ton
aurait pu séduire les jeunes actifs. Résultat
des courses : le titre a perdu ses habitués sans
parvenir à conquérir de nouveaux lecteurs. Un
scénario catastrophe que même le pire des
pessimistes n'aurait pu imaginer ! Mais c'était
compter sans les cerveaux enfumés de la
Socpresse livrés à eux-mêmes depuis la
disparition de leur dinosaure Robert Hersant.
Dans ces conditions, on comprend aisément que
Serge Dassault cherche à se débarrasser d'un
titre qui plombe son image et son budget.
Préférant se concentrer sur son navire amiral,
Le Figaro. Le fils de l'avionneur qui est
également sénateur UMP n'est pourtant pas à une
année de déficit près. Et le microcosme de
penser que le largage du Progrès
n'interviendrait qu'à l'issue des municipales de
2008. Histoire de faire rouler le journal au
profit de son collègue UMP Dominique Perben
qui rêve de s'asseoir dans le siège de Gérard
Collomb. Dans cette bagarre à l'issue
incertaine, le fait de disposer du Progrès
et de TLM aurait constitué un atout
supplémentaire pour le garde des Sceaux. « Si
la rumeur de la cession à Candover se
confirmait, cela signifierait que le
milliardaire reste avant tout un affairiste,
privilégiant son business personnel aux intérêts
de son camps ! » n'hésite pas à
affirmer un élu UMP. A moins que Serge Dassault
ne considère que le Progrès a tellement perdu de
son influence qu'il ne sera d'aucune utilité
pour les échéances électorales qui s'annoncent.
De là à toucher le fonds (dans les deux sens du
terme), il n'y avait qu'un saut. Il se fera dans
l'inconnu du pudding. |