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14 juin 2004


Mère Brazier : la fin d'une époque


 

De notre correspondant : Alexandre Mathieu

 

Après de longues années de bons et loyaux services, Jacotte Brazier a décidé de prendre une retraite bien méritée et de passer le flambeau. Après des mois de tergiversation et une reprise avortée par le propriétaire du restaurant « Un petit tour en Camargue », cette antre de la gastronomie lyonnaise va bientôt passer dans de nouvelles mains...

 

Rompant la tradition des Mères lyonnaises, ce sont deux garçons, Philippe Bertrand et  Bob  Tosh (photo) qui auront la charge de faire revivre ce lieu chargé d'histoire, dont les alcôves gardent encore bien des secrets ! La tâche ne sera pas facile pour les deux repreneurs, même si l'actuelle maîtresse des lieux les secondera pendant une période de transition. Mais comme le dit si bien Jacotte : « il faut bien s'arrêter un jour.... Et profiter de la vie ». Cette transition marque la fin d'une dynastie familiale qui a marqué la ville au point que la rue Marceau où se trouve l'établissement avait été rebaptisée en novembre 2000 rue Eugénie Brazier, du nom de la grand mère de Jacotte.

 

Car l'histoire commence avec elle, Eugénie, née à Bourg-en-Bresse  en 1895. Très jeune, elle se fait embaucher comme nourrice chez les Milliat, une famille lyonnaise qui tire sa fortune de la fabrication de pâtes. Mais Eugénie devra attendre que leur cuisinière tombe malade pour la remplacer et révéler ses talents de cuisinière. Forte de cette première expérience, elle entre au service la mère Fillioux, dont le restaurant est un des plus côtés en ville. Mais la collaboration n'est pas facile entre ces les femmes au caractère bien trempé. Ce n'est que le 10 avril 1921 qu'Eugénie Brazier va acquérir une petite épicerie sur la rue Royale avec ses maigres économies.. 

 

En 1946, elle entreprend des travaux dans sa maison du Col de la Luère pour s'y installer définitivement pendant que son fils Gaston et sa femme Carmen font l'acquisition du restaurant de la rue Royale à Lyon. Cette même année, un jeune apprenti en quête de travail, monte la voir dans sa maison au Col de la Luère. «Petit, si tu es monté jusqu'ici en vélo, c'est que tu es courageux. Je t'embauche!». Le « petit » en question s'appelle Paul Bocuse et s'en souviendra toute sa vie... Eugénie Brazier ne prendra sa retraite qu'en 1974, à l'âge de 79 ans. Elle aura été la seule femme à avoir reçu trois étoiles Michelin.

 

Après un séjour à l'Ecole hôtelière de Lausanne, c'est la petite fille d'Eugénie, Jacqueline qui prendra la succession de La Mère Brazier. Celle que sa sœur surnommait Jacotte alternera coups durs (la perte de ses étoiles) et instants de gloire. Peu après la vente du 21 par le mythique John, la gastronomie lyonnaises voit une autre de ses figures emblématiques « raccrocher »...
 


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A suivre, Christian d'Aubarède refuse de baisser sa culotte !

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