Les puristes aboient, la caravane
de l'art passe...
De notre correspondant François Pill
Le concept de Bazart consiste à
désacraliser l'art en le rendant
accessible au plus grand nombre ; mais
à la différence d'autres structures
les toiles se réclament réellement
comme des uvres d'art et non pas
comme des objets de décorations.
La naissance du concept Bazart
provient d'un aller-retour « France-Espagne »
du créateur du projet Dominic
Campillo (ancien manager du groupe
IAM). En effet, il y a une vingtaine
d'années, le projet débuta en terre
ibérique où les artistes sont beaucoup
plus demandeurs de ce type de
structures car très peu de subventions
d'Etat sont allouées à la culture.
Puis en 1994, le succès remporté
l'encouragea à exporter le concept
dans l'hexagone. La différence avec
une galerie basique repose sur l'idée
que l'expo est présentée sous la forme
d'une tournée itinérante dans 6 villes
en France et que les visiteurs peuvent
manipuler les toiles librement sur
fond de musique lounge.
Chaque artiste dispose de son petit
emplacement sur lequel figure sa
biographie, sa photo et une toile
représentative de son style. Les
peintres sont sélectionnés par un jury
composé d'amateurs d'art, de clients,
et du personnel de l'agence de
communication. En effet, un petit
bémol pour les puristes de l'art,
Bazart est géré par Avalanche, une
agence de pub... Les artistes retenus
doivent fournir une centaine d'uvres
pour l'exposition ; l'entreprise
fonctionne selon le principe du dépôt
vente donc la rémunération évolue
selon le nombre de toiles vendues. En
percevant 40% du prix de vente de la
toile, certains d'entre eux gagnent
jusqu'à 10 000 francs par mois. Pas
mal pour débuter !
Lyon est une étape importante pour la
tournée Bazart puisque c'est la ville
où l'exposition remporte le plus grand
succès. En moyenne, 700 oeuvres
s'écoulent durant l'étape ; leurs prix
varient en fonction de la taille de 70
à 170 euros. La clé de ce succès local
tient peut être dans le fait que
certains artistes sont originaires de
la région comme Laurent Laigneau.
La clientèle type ressemble plutôt à
des femmes âgées entre 35 et 50 ans,
appartenant pour la plupart à la race
des bobos. Aux critiques qui leur
reprochent de promouvoir l'art
aseptisé, les dirigeants se défendent
en déclarant qu'ils « n'imposent
aucune contrainte de couleur ou de
modèle à leurs artistes ».
Bazart fournit ainsi le lien entre
art et grand public sans exiger de
trop grandes concessions de part et
d'autres...
Jusqu'au
21 février 2004
Flammarion - Espace Rencontres, 19
Place Bellecour
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