Les
jupettes ne font plus recette
Photos
Alex Térieure
Premier
banquet de « l'opposition réunie »
à la Brasserie Georges, dans le cadre d'un
« appel spontané » à la
candidature de Jacques Chirac. Choucroute
et discours au programme. Rien à voir avec
l'enthousiasme de 1995.
750
convives avaient déboursé 130F pour participer
à la première réunion de campagne du probable
candidat Chirac. Une campagne qui prendra la
forme d'un rallye-raid (soit deux mois) et
dont la soirée de lundi constituait, en quelque
sorte la première spéciale. Un tour de chauffe
bien nécessaire.
Tout
le gratin de la droite nationale avait bien
entendu fait le déplace-ment. Mais tout le monde
n'est pas logé à la même enseigne. C'est
à votre proximité avec la table d'honneur
que l'on reconnaît votre importance. Le carré
VIP se situe au fond de la
brasserie, sous l'enseigne lumineuse Bière
Rinck.
La table d'honneur est la plus prisée,
défendue âprement par le poilu Jean Girma.
Le patron de la fédération RPR admoneste vertement les pique-assiettes
qui tentent de s'y incruster. On
y trouve, autour d'Alain Juppé et de Jean-Pierre
Raffarin, ceux qui sont en cour (Jean
Besson, Christian Philip) et les
courtisés. Au premier rang desquels... Bernadette
Isaac Sibille. La députée qui prie, clé
de la victoire ou de la défaite aux prochaines
législatives dans sa circonscription (voir chronique)
a rejoint le camp milloniste. Une défection
restée en travers de la gorge de Jean-Michel
Dubernard qui omet de la remercier à la
tribune. A ses côtés, le champion de boxe,
Hassime Cherifi (la caution sportive)
s'emmerde fermement... Plus loin, le Président
de Lyon III, Gilles Guyot regarde François
Turcas (CGPME) enfiler demi sur demi.
Henry
Chabert - à deux jours du jugement de la
Cour d'Appel - devise avec le juge Fenech,
qui doit certainement le rassurer sur son sort. Élus
et apparatchiks sont placés sur des tables
connexes où l'atmosphère est plus détendue. A
l'image d'un Albéric de Lavernée en
bras de chemise, chaud comme la braise.
La
« Georges » est pleine, mais
ce n'est pas folichon, côté ambiance. Le
parfum de campagne électorale tient plus à la
présence des médias nationaux qui se sont déplacés
en masse qu'à l'enthousiasme des supporters
chiraquiens. Un afflux de journalistes tel
qu'il a fallu les répartir en deux groupes :
« les barrons » installés près
de la table d'honneur... « la piétaille »
dans un salon annexe.
Tout
le monde attend le discours d'Alain Juppé. A
l'issue du prologue signé Jean-Pierre
Raffarin (le seul à avoir la pêche),
l'ancien premier ministre monte à la tribune.
Avec quelques saillies ironiques, il tente de dérider
la salle. Effet boomerang garanti quand il
explique benoîtement que « la gauche a
une capacité de mensonge supérieure à la nôtre »,
sic ! Sifflets dans la salle lorsqu'il déclare :
« J'ai vu fonctionner un moyen de
transports qui me fait envie... le tramway »
Il y a, comme qui dirait, un certain décalage
avec le public. Dominique Nachury regarde
ses mocassins.
Le
public réservera tout de même une standing ovation à Juppé
à l'issue de son discours. Après la
Marseillaise, c'est la délivrance : les
caméras plient bagage et le 3ème âge
file aux toilettes.
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