ELECTIONS REGIONALES
Les
gens l'appellent l'idole des jeunes...
De
notre correspondant Alexandre Mathieu
« Her-vé-her-vé-her-vé » scandait la
jeunesse dorée en délire lors de
l'entrée d'Hervé Gaymard au Bus
Café. Accueilli en héros, le ministre
de l'agriculture s'est rendu lundi
dernier dans le bar branché des quais
à l'invitation des jeunes de l'UMP.
Une foule qui a surpris l'intéressé,
« peu habitué à voir des jeunes dans
les réunions politiques ».
Les jeunes avaient la cote auprès des
politiques en ce soir du 15 mars. Au
même instant, Jean Jack Queyranne
était au Transbo avec le chanteur top
of the bobo Benjamin Biolay en
concert gratuit devant 1000 personnes
(voir
chronique). Peut-être
tentent-ils de faire comme leur
collègue parisien Jean François
Copé, en tournée avec les
professionnels de la nuit à l'Etoile
et au Barrio Latino. Entre le concert
gratuit et les coups à boire dans le
bar branché, on est en droit de se
demander si les jeunes électeurs ne
sont pas plus opportunistes que
militants. Combien font en effet le
déplacement lors des meetings
classiques ? Gaymard lui même
reconnaît que malgré l'affluence de ce
soir, les jeunes se font rares dans
les meetings, et qu'ils « collent
moins d'affiche qu'avant ». On
fait des journaux gratuits pour faire
acheter de la PQR de la même façon
qu'on offre des verres ou des places
de concerts pour faire voter. A
l'instar du système américain, nos
politiques sont des hybrides entre VRP
et stars du show biz. Ainsi Jean François Copé et
Jean Paul Huchon font étale de
leurs talents de musiciens devant la
presse façon Bill Clinton et
John Kerry. Heureusement
qu'ils ne font ça qu'en période
électorale !
Quai Sarrail, la réunion du ministre
de l'agriculture commence par des
acclamations au sens curieusement
incompréhensible : « Hervé
président !», qui laissent
malheureusement penser que le public a
abusé des tickets de conso, ou que
certains n'ont pas encore saisi que
c'était Anne-Marie Comparini
qui portait la culotte (les deux sont
aussi possibles). Look décontracté,
sans cravate, il prend le micro que
lui cède Alexandre Targe : « tenez,
Monsieur le Ministre ! ».
« Appelle-moi Hervé ! » lui
rétorque-t-il assis sur le bar en
sirotant un coca. Professionnelle, la
mise en scène est bien faite semble
plaire à l'assemblée.
Les cantonales,
les régionales, les municipales de
2007 sont passées au crible, le tout
sous l'il attentif de l'attachée de
presse Valérie Lanneau.
Autrefois au service de Henri
Chabert, cette jeune femme plutôt
directive n'en est pas à son coup
d'essai en terme de gestion de
l'image... De quoi ravir tout le petit
monde présent ce soir. En veste pour
les dignitaires du mouvement ou pull
+ chemise pour ceux qui sortaient des
cours, le style propret se limite
parfois à l'apparence : à grand
renfort de cris guerriers à chaque nom
d'opposant politique prononcé par les
tribuns de la plèbe, levant son verre
en trinquant bruyamment la clope au
bec, chacun s'efforce de manifester
son enthousiasme à sa manière.
Mais peut-être cette excitation est
elle due aux quelques jeunes filles
venues ici, faute d'avoir trouvé un
prétendant dans les soirées rallyes ?
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