ELECTIONS REGIONALES
Soirée bobo pour Queyranne
De notre correspondant Arnaud Curt
En pleine « guerre à
l'intelligence », Jean-Jack
Queyranne a réuni ses troupes
lundi soir au transbordeur. Dans une
ambiance bobo-intello, débats et
concerts se sont alternés au fil de la
soirée avec parmi les têtes d'affiches
Benjamin Biolay. Ce dernier a
essuyé quelques quolibets durant sa
prestation l'obligeant à interrompre
le spectacle quelques minutes pour
aller bouder dans son coin.
Dans la dernière ligne droite avant le
premier tour des élections régionales,
les initiatives originales se
multiplient pour séduire les
électeurs. Mais ce soir là, au
Transbordeur, la plupart des
participants - dont le cancérologue
Thierry Philip - savaient depuis
belle lurette quelle bulletin ils
allaient choisir. Deux looks
prédominaient, avec une bonne majorité
de trentenaires issues de la
génération Bobo, parfaites clones de
Justine Levy (la fille de
BHL dont le premier roman raconte
son histoire d'amour avec le nouveau
flirt de Carla Bruni), avec
petit pull et jupe noir. Nul ne saura
si ces dernières s'étaient déplacées
pour l'aura du candidat socialiste ou
pour la belle (?) gueule de Benjamin
Biolay.
Autre style majoritaire, le cliché de
l'enseignant barbu, la cinquantaine,
arborant fièrement son pantalon en
velours vert et sa besace dont la
présence devait être motivée par le
débat sur l'éducation. L'avenir nous
dira si quelques groupies déçus de ne
pas être reparti avec le chanteur
(venu pourtant sans sa compagne
Chiara Mastroianni) se sont
consolées avec des représentants de
l'Education Nationale.La soirée débuta
par un débat sous formes de tables
rondes axées autour de trois thèmes
cher aux socialistes à savoir la
culture, l'éducation et la lutte
contre l'extrême droite.
Ces débats
étaient animés par des figures
emblématiques (et médiatiques) du
Parti Socialiste comme Malek Boutih
(ancien président de SOS Racisme et
grand habitué des plateaux du service
public de Arlette Chabot à
Ardisson) et le professeur
Philippe Meirieu. Sur certains
points, les discussions houleuses
tournaient même à la caricature des
partis de gauche made in guignols de
l'info. Les 21 h marquèrent le début
réel des festivités avec Gérard
Collomb en maître de cérémonie
pour le discours du candidat aux
régionales.
Au même moment, l'audience doubla de
volume en passant de 400 à environ 1
000 spectateurs, peut-être du à
l'imminence du concert de Benjamin
Biolay. En effet, la soirée semblait
plutôt une bonne occasion pour les
moins impliqués politiquement (peu
nombreux) d'assister gratuitement à un
concert du leader de la « nouvelle
scène française ». On pouvait même
intercepter la discussion de jeunes
filles pendant les discours : « Quand
est-ce que ça commence, je l'adore !»
Visiblement ces dernières n'avaient
pas du comprendre qu'elles assistaient
avant tout à un meeting politique.
Chose en revanche fort bien assimilée
par quelques puristes qui ont scandé
quelques quolibets à l'encontre de
Biolay : « Apprends à chanter ! Du
rythme ! ». Etant donné la
douceur des mélodies, la musique ne
parvenait pas à couvrir leurs voix, ce
qui obligea le chanteur à interrompre
son spectacle pendant une quinzaine
minutes afin que l'assistance retrouve
son calme ! Pour montrer qu'il n'était
pas rancunier (ou par démagogie ?), à
l'issue de son spectacle, il a invité
une partie du public à chanter avec
lui sur scène. Enfin, la soirée a pu
se terminer avec un concert d'un
groupe plutôt original « Dezoriental »
(rien à voir avec l'état des ténors du
PS).
En cas de défaite aux élections,
Jean-Jacques Queyranne pourra toujours
se recycler en organisateur de soirées
destinées aux bobos !
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