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8 septembre 2003


Un Lyonnais d'adoption en campagne...
au Cambodge !



 

Longtemps compagnon des sans abris lyonnais, ancien restaurateur rue Pleney, Paul Bin-Heng continuant sa carrière atypique, se lance aujourd'hui dans la bataille politique du Cambodge, son pays d'origine...



 

A la fin du mois de juillet 2003, se tenaient au Cambodge les 3e élections législatives de ce Royaume, tout juste sorti de 25 ans de guerre civile. Les 7 millions d'électeurs ont choisi leurs députés et leur nouveau premier ministre... parmi les 1 900 candidats figure un nom que beaucoup connaissent sur les bords de Saône : Paul Bin-Heng.



La foule de la petite ville de Puok, province de Siem Reap-Angkor, attend silencieuse, les enfants sont alignés au garde-à-vous quand arrive le convoi de voitures et camions... aussitôt c'est l'explosion, les slogans fusent, les drapeaux sont agités... près des temples d'Angkor le sentiment royaliste reste vivace... candidat du parti Funcinpec dirigé par le prince Norodom Ranariddh, Paul Bin-Heng le sait... Son discours devant deux milliers de villageois, est dit sur le ton de la sincérité, attaquant la mauvaise gestion du gouvernement ex-communiste, sa corruption, Paul Bin-Heng sait parler aux populations les défavorisées... ce combat le ramène quelques années en arrière, cette lutte en faveur des plus démunis il l'a déjà vécu à Lyon.



Après plusieurs années d'étude à la Sorbonne (doctorat en droit) en tant que boursier du gouvernement royal du Cambodge, Paul Bin-Heng arrive à Lyon en 1967 pour s'inscrire en Sciences politiques, c'est sur les bancs de cette vieille institution qu'il rencontre celle qui deviendra sa femme Maryvonne Jonard (actuelle directrice de Femmes Informations Liaisons à Saint Fons). Il décide de faire sienne la Capitale des Gaules et peu à peu tout le clan le rejoint, quittant un Cambodge chaotique... la famille se fait commerçante avec le Restaurant Angkor (actuel Léon de Lyon) qui aura l'honneur d'accueillir le prince Norodom Sihanouk en 1979, et le magasin Heng-Heng (situé sur le cours de La liberté).



Placé à la tête de la Communauté cambodgienne de Lyon avec son Union Générale des Cambodgiens, organisatrice de manifestations réunissant plusieurs milliers de réfugiés et exilés, Paul Bin-Heng à la même époque se lance dans le bénévolat au Foyer-Notre-Dame-des-Sans-Abris où il rencontre celui qui restera comme un modèle Gabriel Rosset. Ses années passées auprès de cet "autre abbé Pierre",  Paul Bin-Heng s'en rappelle encore et c'est avec une certaine émotion qu'il en reparle "quand je vois la misère qui existe encore dans un pays comme la France cela me donne le vertige devant la tâche à accomplir ici..." Tous les soirs pendant deux décennies il se rendra sans rechigner à son deuxième travail... violence morale, violence physique... rien ne lui ai épargné mais il continue sous l'aile de Gabriel Rosset. C'est à la disparition de celui-ci qu'il décide enfin de quitter son statut de bénévole pour devenir directeur du centre d'hébergement (1970-1993)... à la fin des années 80, il crée le premier centre d'accueil pour femmes en difficultés à Lyon.



Père de deux enfants, Paul Bin-Heng n'oublie pas son pays et continue ses activités politiques, à plusieurs reprises au cours des années 80 il se rend en Thaïlande dans les camps de réfugiés, base arrière de la résistance cambodgienne. En 1989, à l'invitation du gouvernement cambodgien, il revient à Phnom Penh pour une courte visite. C'est en 1993 qu'il retourne définitivement au Cambodge en tant que Conseiller de Hun Sen, alors co-premier ministre, devenu premier ministre et homme fort du pays.

 

Durant 4 ans, il travaille sur les dossiers juridiques et politiques que l'on lui confie, appréciant l'efficacité de son mentor, mais devenant méfiant quant à ses tendances autoritaires... "royaliste de naissance", Paul Bin-Heng voit avec écœurement le coup d'état de 1997 et l'exil du prince Norodom Ranariddh, un de ses proches amis le Général royaliste Krouch Yim est exécuté, il décide alors d'arrêter la politique et de quitter Hun Sen "devenu un tyran et un assassin".

 

Ne prenant pas part aux élections de 1998, il fonde un Cabinet d'Avocats et aide son frère, ancien général royaliste, à fonder le Lyon d'Or, un hôtel-restaurant français... peu à peu toutefois il revient au premier plan, il est nommé Conseiller du Roi en 1999. C'est 3 ans plus tard qu'il se décide à rejoindre le Funcinpec, alors en plein désarroi suite à une défaite électorale... Conseiller du prince Norodom Ranariddh, secrétaire général adjoint du parti, c'est naturellement qu'il se porte candidat pour les élections législatives, bien que conscient de la crise d'identité de la formation royaliste et donc de la difficulté de la campagne électorale, face à une formation ex-communiste disposant de moyens financiers et organisationnels beaucoup plus importants.

 

"Je crois au Royalisme comme symbole d'unité pour un Cambodge déchiré", tel est son leitmotiv, s'il reconnaît les erreurs commises par ses pairs, il en reste confiant quant à l'avenir du Cambodge et de sa monarchie. "Même si je ne suis pas élu, même si notre parti ne réalise pas un bon score, je resterai fidèle aux valeurs qui sont les nôtres et ne regrette pas mon choix"

 

Corruption, immigration vietnamienne déstabilisante, paupérisation... Devant toutes ces difficultés, Paul Bin-Heng n'a pas l'intention d'abandonner et, comme par le passé le fit le jeune diplômé exilé devant la misère de certains sans abris, il place ses convictions "politiques, religieuses peut importe..." au premier plan, au service des autres, sacrifiant une carrière vouée à l'incertitude.
 


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A suivre, Salon du 4x4 de Val d'Isére, une affaire qui roule...

 

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