Chirac au bout
du rouleau
On l'avait connu flamboyant dans son numéro de super menteur à Eurexpo
lors des Présidentielles 2002 (voir
chronique),
puis renfrogné à l'occasion de sa dernière escapade à la Guillotière (voir
chronique), mais cette fois-ci,
c'est un Chirac mécanisé qui a ouvert les travaux de la Mutualité
Française à la Cité Internationale...
Jeudi 8 juin, milieu de matinée. L'Amphithéâtre de Renzo Piano,
baigné par le soleil, accueille sa première manifestation d'envergure, le
33ème congrès de la Mutualité française. Il est de tradition
que le chef de l'Etat se pointe pour couper le ruban virtuel d'ouverture
devant plusieurs milliers de délégués venus de France et de Navarre. « C'est
un rendez-vous républicain où souffre, pardon souffle, l'esprit mutualiste »
lapsusera-t-il pendant son discours. Et qui dit chef de l'Etat, dit
automatiquement chefaillons. Du service d'ordre, de la sécurité
rapprochée, du service de presse de l'Elysée... ils sont partout. Qui
invectivent, donnent des ordres puis des contre-ordres. Les dizaines de
journalistes et photographes présents ne leur donnent pourtant guère de
fil à retordre.
Les sommités locales attendent sagement sur le parvis le cortège
présidentiel. Deux préfets, deux présidents (Mercier et JJQ),
deux ministres (Azouz Begag et Dominique Perben), la
quasi-totalité des députés UMP - à l'exception de Christian Philip
- et Anne-Marie Comparini, bien esseulée. Fort heureusement
Antoine Perragin est un gentleman. Le directeur du Palais des Congrès
fait la conversation à la future tête de liste UDF aux municipales. A deux
pas d'elle, son (ex ?) chouchou Emmanuel Hammelin dépense toute son
énergie à éviter le ministre des Transports. Qui paraît fort détendu
malgré la récente estocade portée par le député de la Croix-Rousse. Tout
comme Gégé, sévèrement buriné. Le sénateur-maire s'est doré la
pilule tout le week-end sur la place Bellecour à l'occasion du tournoi de
Pentecôte. Je l'interroge sur l'absence de son rival lors de
l'inauguration de la salle 3000 quelques jours plus tôt. « Nous
n'avions invité que les personnalités locales ! » me rétorque-t-il
dans un sourire avant de partir au devant du Président.
« Bonjour, bonjour ! » Chirac extrait sa longue carcasse et
distribue de la poignée. Ses gardes du corps envoient du coude. Dans les
côtes des photographes. Bousculade assurée après les banalités d'usage sur
le temps, le foot et le salut des personnalités. Qui s'engouffrent dans
l'amphi. Les journalistes aussi. Les congressistes lui réservent un
accueil mesuré à son arrivée. Photos, discours, re-poignées de mains et
salutations mécaniques. En une heure, c'était bouclé. Demi-tour vers la
sortie fort encombrée d'oreillettes en tous genres (SPHP, GSPR, BAC
endimanchée... ça fait beaucoup de lardus au mètre carré). L'escorte se met
en place, Chirac monte dans sa 607. Quai Charles De Gaule bloqué, le
cortège démarre à train de sénateur vers l'aéroport de Bron. Les tireurs
d'élite rangent leur artillerie, le photographe Michel Godet sort
une dernière vanne, tout le monde fait ses petits paquets et rentre chez
maman. Me reste une sensation bizarre à l'issue de cette visite qui sera
sans doute la dernière de son mandat dans le périmètre, l'impression d'avoir croisé en
Chirac le clone vieillissant du chanteur Grand Corps Malade. Pathétique
mais presque. |