JACQUES CHIRAC A LYON
Les coulisses du raid présidentiel
Photos
© Michel Godet et Lyon People
Depuis l'épisode du « super
menteur » en 2002, Jacques Chirac
n'avait pas remis les pieds à Lyon. Le
chef de l'Etat a donc choisi la
capitale des Gaules pour son premier
voyage après son « coup de moins
bien » survenu à la fin de l'été.
Prétexte de ce déplacement aussi
inattendu que précipité : l'emploi.
« Après 10 ans à l'Elysée, Jacques
Chirac s'est-il enfin aperçu qu'il y
avait urgence en la matière ? »
glousse un journaliste politique à ses
confrères. Débriefing d'un raid
éclair.
Grande rue de la Guillotière, jeudi à
11h30. Un bataillon de journalistes,
photographes et cameramen sont entrain
de pointer devant l'entrée de l'ANPE.
Avec force volaille aux alentours.
Casquée et gantée, en résumé bien
armée contre la grippe aviaire. Mais
pas contre l'inactivité. Car ce n'est
pas la foule qui va les occuper. Un
petit groupe de bambins fait la ronde
en criant « Vive le président ! »
pendant que de jeunes banlieusards
débitent des commentaires peu amènes
sur le carrosse présidentiel. « Téma
la turevoi ! Chouff comme il se la
pète ! * » Les journalistes sont
quasiment plus nombreux que les
badauds. La Chiraquie ne fait plus
recette auprès des citizen lambdas.
Pour ce qui est du personnel
politique, en revanche, c'est
l'effervescence.
Alignées en rang d'oignon par ordre
protocolaire, grosses légumes et prix
Nobel ont accueilli le Président -
venu sans Bernadette - à
l'Institut Français du Pétrole au sud
de Lyon. Suite à cette visite et une
déclaration en forme de tacle à
Nicolas Sarkozy, le cortège
présidentiel a quitté la raffinerie
encadré des motards de la police
Nationale. Pour ne pas être en reste,
Gégé s'était adjoint les motards de la
police municipale... Direction le 7ème
arrondissement. Le président arrive
tout sourire à l'ANPE « où il va
pointer en 2007 ! » rigolent
quelques journalistes. En nombre cette
fois-ci. Car si les plus matinaux et
« les suppôts du lobby pétrolier »
ont fait le voyage de Feyzin, les plus
fêtards des reporters ont préféré
passer directement à la case ANPE. Où
Jacques Chirac est accueilli par
Jean-Michel Dubernard, le député
de la circonscription. Et lui seul.
Tous les autres élus ont été priés de
faire leurs petits paquets et de
rentrer chez papa.
On touche enfin du doigt les
véritables objectifs de ce raid
éclair. Donner un coup de pousse à
Dominique Perben et sauver le
député Dubernard. Un signal explicite
envoyé à Sarko qui, en tant que
président de l'UMP, est en charge des
investitures pour les prochaines
législatives. Max devrait donc sauver
son siège. Hors il faut trouver une
circonscription à Dominique Perben
pour asseoir la légitimité du ministre
des Transports avant la bataille des
municipales. La victime de cette
petite embrouille politicienne devrait
donc être... Christian Philip.
Elu dans le fauteuil de Raymond
Barre et tout frais adhérent de
l'UMP, ce dernier devrait se voir
offrir un beau lot de consolation. En
forme de poste d'ambassadeur ou de
juge au Tribunal Pénal International à
La Haye, la consécration pour un
juriste... Seul le maire de Lyon a
réussi à s'incruster. Depuis la
veille, Gégé a souqué ferme
pour obtenir un rendez-vous (voir
rumeurs).
Le président ne lui accordera que 5
minutes. C'est moins bien que les « 20
minutes douche comprise » auquel ses
courtisanes sont habituées.
Avant de s'en retourner à l'Elysée à
bord de son avion privé, le chef de
l'Etat a fait une pause casse-croûte à
la Préfecture avec des chefs
d'entreprise emmenés par Jean-Paul
Mauduy et Alain Audouard
(voir encadré) mais sans Collomb. Des
fois que le Président aurait frôlé
l'indigestion... Il est tout juste
convalescent cet homme-là !
* « Mate
la voiture ! Regarde comme il se la
raconte ! »
Son
rationnement |