Franck
Pichat à l'assaut du Martini
Une
des derniers établissements lyonnais à l'état
brut (comprendre : dans son jus) va changer
de mains. Après avoir fait ses armes chez les
plus grands (Bocuse, Anaf...),
Franck Pichat a décidé de faire le grand saut.
En reprenant une belle endormie du 6ème
arrondissement.
Le
Martini,
pro-priété pendant dix ans de Pierre Pelosse
(à droite sur la photo) a longtemps drainé la
fine fleur des gastronomes pour leur repas
d'af-faires. Avant de sombrer peu à peu dans
l'oubli... « Il faut bien avouer que
côté déco, il y a du mal de fait ! »
confie un ancien habitué des lieux.
Avenue
Foch, son enseigne et ses néons verts ne
passent pas inaperçus. Tout comme ses bacs à
fleurs bon marché posés sur une moquette extérieure
hors d'âge... La déco intérieure est à
l'avenant : un concentré très « seventies »
à dominante orange et marron. C'est peu dire
que l'établissement avait besoin d'une sérieuse
reprise en mains.
Désireux
de toucher enfin le repos du guerrier après une
vie professionnelle bien remplie, Pierre Polosse
avait cédé en juin dernier son bébé à
Monsieur Camilieri. Une amourette qui
aura duré le temps d'un été. A la rentrée,
Franck Pichat apprend que l'affaire est à
nouveau en vente. Et saute sur l'occasion.
Une
concrétisation logique pour ce jeune homme de
bonne famille, bien élevé et plutôt discret.
C'est en 1965 que le jeune Franck pousse ses
premiers babille-ments (on l'imagine mal crier)
dans une famille d'industriels. Pas vraiment
attiré par les études, il se dirige rapidement
vers la restauration. Notre marmiton prend vite
du galon et affine ses connaissance en France (Pierre
Orsi), à Londres (Four Seasons, Claridge...)
et San Francisco (Trader Vic's). Un
parcours de globe-trotter qui s'étale sur une
dizaine d'années.
En
1993, Franck pose ses valises et décide de rentrer au
pays. Un petit détour (de trois ans) par Accor
à Besançon « histoire de se remettre
dans le bain », avant d'intégrer
les brasseries de Paul Bocuse. Il se familiarise
à la gestion du Sud et du Nord
aux côtés d'Antoine Maillon et d'Hervé
Duronzard. Quand l'Est ouvre ses
portes en gare des Brotteaux, Franck est bombardé
assistant de direction, poste qu'il occupera
jusqu'au départ de Patrice Pechereau
chez Georges Blanc en 1998.
Franck
grimpe alors d'une marche dans la hiérarchie
bocu-sienne et devient directeur de l'Est.
Ses voisins, les commissaires-priseurs Anaf
et Martinon, sont des habitués de la
maison. Et finissent par le persuader de passer
aux antiquités avec armes et bagages.
En
octobre 2000, le restaurateur fait un grand pas
dans l'inconnu en acceptant la fonction de
secrétaire général de l'étude. Six mois à
peine se sont écoulés, et Franck décide de
regagner la terre ferme ! A savoir son
premier amour : la restauration. « Ce
n'était pas mon domaine » concède-t-il
avec du recul.
Après
plusieurs mois de recherche, Franck a donc jeté
son dévolu sur le Martini. Ce restau-rant
de taille moyenne (50 places assises) va béné-ficier
d'une réno-vation légère pour commencer
(peinture intérieure et extérieure).
La
cuisine sera celle d'une brasserie
traditionnelle de qualité servie 6 jours sur 7.
Le bar, auparavant très fréquenté, va connaître
une nouvelle jeunesse. Une bonne nouvelle pour
les habitants du quartier, fort dépourvu en apéros
de qualité. Le sixième arrondissement voit se
développer là un nouveau pôle restauration
avec Mathieu Viannay (avenue Foch) et l'Habit
Rouge (rue Lieutenant Colonel Prévost).
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