Jocelyn Garabedian :
de la psychiatrie à la musique !
Photos Lyonpeople
et Laurent Torres
Des études de
psychiatrie qui aboutissent sur une scène de
concerts ! C'est le résumé lapidaire, certes,
mais véridique, du cheminement professionnel du
patron du label Mac Ben Music. Une grande gueule
au grand cur. Retour sur un parcours peu banal.
Des
locaux « alter-natifs » nichés au cur du Vieux-Lyon, voilà le repère des musicos affiliés
à l'un des seuls labels musi-caux indépendants de
la capitale des Gaules.
A leur tête, un joyeux
lascar ébouriffé tout étonné du succès de sa
jeune entreprise... Car rien ne prédisposait le
jeune Garabedian à faire carrière dans la
musique. Sur les bancs de l'école, Jocelyn
poursuit un parcours classique et sans histoire.
Etudes primaires rue Bataille dans le 8ème
puis Lycée Lacassagne.
En seconde, changement
d'orientation radical : il entame une... prépa
d'infirmier psychiatrique ! A l'issue de son
stage au Vinatier, il doit intégrer
l'établissement en septembre 1980. « Là-dessus,
est passée la musique... ça a été un rouleau
compresseur ! »
Cette
satanée musique qu'il a chevillée au corps (la
création de son premier groupe de musique avec
son copain François Greytag, qui est
aujourd'hui son régisseur, remonte à 1974) et
dont il a approché les acteurs au cours de l'été
80.
Il est embauché dans l'équipe technique du
groupe Trust qui parcourt les plages françaises
(ci-dessus). Manar de scène chez les anti-sociaux de
Bernie Bonvoisin, de quoi tourner la tête au
grand gamin de 19 ans qu'il est encore : « C'était
le rêve ! »
A l'issue de cette
tournée, Jocelyn part en vadrouille avec des
potes. Direction le rideau de fer. A Berlin Est,
affublé d'un tee-shirt du groupe Kiss, il
tente de forcer le check point au volant d'une
grosse américaine. Une provo qui se solde par un
séjour au ballon chez des vopos qui n'apprécient
guère la plaisanterie ! Pour se venger, il
reviendra neuf ans plus tard... pour casser le
mur !
1981 :
Tonton Mitterrand prend le chemin de
l'Elysée quand papa Garabedian est déjà sur la
voie du paradis. Grosse baisse de moral. C'est
sur les routes de France qu'il tente d'oublier
« Téléphone - Dure Limite »...
De voir les
autres s'éclater devant leur public lui donne
envie d'abandonner les coulisses pour le devant
de la scène : en 1982, son premier single « Y
a des sanglots » pressé chez Carrere
cartonne en radio et le télé-porte sur le
plateau de « Dimanche Martin » aux côtés
d'une certaine Jeanne Mass et de son « Toute
première fois »... Une
expérience qui ne sera pas reconduite !
Parallèlement, il écrit pour des « artistes
kleenex » comme Patrick Alexandroni « Les
petites françaises ». Il navigue au gré de son humeur
vagabonde et de ses amours tumultueux : « Dès
mon plus jeune âge, je faisais de la musique
pour plaire aux filles. J'existais ! »
Des
pérégrinations qui le conduisent de Paris en
Allemagne aux rives du lac d'Aiguebelette. Sur
lesquelles prend fin sa ballade senti-mentale.
Car il a rencontré la femme de sa vie, une
certaine Marie (qui lui donnera un petit Stan
arrive en 1993 -
photo ci-dessus).
C'est la même année qu'il est de retour à Lyon.
Tout en continuant de composer et d'écrire pour
des artistes, des collectivité ou des grosses
entreprises, Jocelyn réfléchit à son projet :
lancer un label de musique !
Chose faite en 1997
avec pour postulat de départ, l'idée de « faire
la courte échelle aux jeunes talents ». En
octobre 2000, fort de l'expérience accumulée
pendant 20 ans, il crée Mac Ben Music.
Objet de la société : production et édition
d'uvres musicales. Dans ce secteur d'activité
complètement trusté par 5 majors parisiennes,
Jocelyn n'a aucune envie de faire de la
figuration. Et enchaîne les prod : des compils (Seven'th,
Voilà Lyon), des groupes (Plastic
Elephant, Solution H) ou encore des tournées
(Be Irish Tour), Jocelyn se mêle de tout.
En toute indépendance.
Une attitude qui
exaspère certains milieux... « A la différence
des cultureux, je n'ai jamais eu besoin de
courir après les subventions ! » sourit-il,
tout en regrettant l'inertie des politiques
locaux en matière musicale. « Tout passe par
Paris parce que personne ne fait rien dans les
régions ! » N'hésitant pas, grande gueule, à
enchaîner les questions : « Comment se
fait-il qu'on ait pas d'industrie du disque à
Lyon ? » et les réponses : « Parce que
rien n'a été fait pour les groupes lyonnais qui
ont du talent ! ».
Des formules chocs pour des prises de position
ne souffrant pas la langue de bois. Le tout
assaisonné d'un argument imparable : « Je
parle de musique parce que je suis musicien ! »
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