Les
routards sont fatigués !
Le
routard lyonnais, millésimé 2002, est un véritable
catalogue de lyonnaiseries. Des quenelles à la
ficelle (non, pas celle de votre string,
mesdames !), il ne manque rien. Un routard
aux allures de soixante-huitard attardé... avec
des difficultés certaines pour manier la souris :
la rubrique Internet est particulièrement
pauvre (6 sites). Pour un gobbe trotteur,
c'est pas génial ! Seule la visite guidée
de notre capitale et de ses principaux monuments
sauve cette cuvée.
Le
Routard
s'est toujours fait fort de dénicher les bons
plans des villes qu'il traverse. Avec une
attention particulière pour les choses de la chère...
Que nenni ! De pieuses attentions tombées
dans les oubliettes de l'histoire...
Questions
restaurants, l'édition lyonnaise confirme sa
nouvelle vocation d'attrape touristes :
vos adresses préférées sont définitivement
rayées de la carte (à l'exception des
grandes tables, comme La Tour Rose, ci-dessus). Tant mieux ! Vous ne risquez
pas de vous retrouver attablé aux côtés de
nippons bardés d'appareils photo (impossible
de les confondre avec les paparazzi de Lyonpeople)
ou d'un bedonnant américain arrosant de Coca-Cola
un Saint Marcellin de la Mère Richard...
Quant
aux établissements de nuit, seuls la
Marquise et le Fish trouvent grâce
à ses yeux. Dans ce qui ressemble fort à un
jugement de Salomon ! Les clichés vont bon
train... A le lire, on se croirait à Miami (p.97) :
« Filtrage rigoureux à la limite de la
paranoïa et visages inconnus systématiquement
repoussés, sauf si vous garez devant l'entrée
votre Ferrari violette et que vous laissez
ostensiblement dépasser une liasse de dollars
de votre poche ».
Emblématiques
des nuits lyonnaises, toutes générations
confondues, les quais de Saône sont descendus
d'une seule flèche (p.98) : « Un
peu en amont de la Saône, commence le très
animé quai Pierre-Scize, mais, définitivement,
nous n'accrochons ni sur les endroits, ni sur
leur clientèle ».
Des
routards donneurs de leçons, incendiés par Michel
Houellebecq
dans Plateforme *.
« En
somme ces routards étaient des grincheux, dont
l'unique objectif était de gâcher jusqu'à
la dernière petite joie des touristes qu'ils
haïssaient. (...) Le plus pénible était
sans doute ce ton tranchant, calme et sévère,
frémissant d'indignation contenue (...). Des
connards humanitaires protestants, voilà ce
qu'ils étaient, eux et toute la chouette
bande copains qui les avaient aidés pour ce
livre, dont les sales gueules s'étalaient
complaisamment en quatrième de couverture... »
(ci-contre NDLR)
Après
une torpille pareille, difficile de se relever.
Direction : Le Formule 1 le plus
proche ! Moins de risque d'être dépaysé...
*
Editions Flamarion, 131F
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