Un prince dans sa Cité !
De notre correspondante Brigitte Guardi
A la Cité des Antiquaires, Reth Godard est le chantre du XVIIIeme. Avec
sa voisine Paule Dolfus (les deux boutiques communiquent),
ils défendent becs et ongles ce qu'ils considèrent comme l'apogée du style
français.
La visite s'impose. Pour "le plaisir des yeux" comme on dit en Afrique du
Nord. Cet espace double regorge de commodes marquetées, de tables à
gibier, de consoles et appliques en bois doré, de céramiques, terres
cuites, faïences, peintures... Deux généralistes donc mais une seule
époque. " Il est impossible d'être spécialiste à Lyon " explique
Reth, " le marché est trop dur en province. Nous maintenons les
boutiques mais faisons notre chiffre grâce aux salons : La gare d'Auteuil,
Toulouse, Bordeaux, Strasbourg, Dijon, Antibes "... L'antiquaire
sillonne la France avec son camion bourré de marchandise. " Bien obligé
" dit-t-il " les américains qui représentaient presque la moitié du
chiffre de la Cité des Antiquaires ne reviennent pas ou peu. Les suisses,
les italiens ont déserté et les lyonnais préfèrent acheter leur mobilier
(qu'ils paient souvent plus cher) ailleurs que dans leur ville. Discrétion
oblige..."
Bref, le refrain est plutôt triste et ce grand marchand regrette parfois
de ne pas avoir quitté sa ville pour s'installer à Paris. " La vie est
douce ici " reconnaît-il " mais, comment attirer les étrangers dans
une ville où les restaurants ferment à 11 heures, où il n'existe
pratiquement ni bars ni boites de nuit ? Lyon n'a pas encore acquis son
statut de ville internationale. Il n'a, d'ailleurs, jamais été possible de
créer ici un grand salon d'antiquités alors qu'il y a d'excellents
marchands ". Il admet, néanmoins, qu'en période de crise économique,
l'achat d'un meuble de belle facture est un excellent investissement. "
Un investissement sûr " rectifie-t-il "qui ne produira pas de gains
extraordinaires mais dont on sait qu'il ne perdra jamais rien. Le mobilier
XVIIIe défie les modes. Aucun risque que le marché ne s'écroule comme on a
pu le voir il y a quelques années pour les pâtes de verre ou la peinture
XXe surcôtées."
Reth Godard et Paule Dolfus, Cité des Antiquaires, 117 Boulevard de
Stalingrad à Villeurbanne. Ouverture les jeudi, samedi et dimanche de 9 h
30 à 12 h 30 et de 14 h 30 à 19 h.
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