Pierre Chaduc orchestre la scène des apôtres
De notre correspondant Mehdi
A 61 ans, Pierre Chaduc s'impose comme la
personnalité idiomatique de l'univers lyonnais
des architectes d'intérieurs. Surnommé « Dieu »
par ses confrères, il orchestre la scène durant
certaines soirées « tropicales » entourés des
ces 12 promoteurs. Le décorateur, muséographe
n'a cessé ces 35 dernières années de marquer de
son empreinte le chaste lit des bords de Rhône :
des discothèques les plus prisées aux derniers
restau chic, il prend même le temps de s'arrêter
décorer des musées...toute une histoire.
Les
Saint Antoine, Xyphos , Drogly, Paradiso,
Kobdo, les Milord et Arc en Ciel,
La Bourse (ci-contre), les brasseries Lacombe,
(dont les Terrasses de Saint Clair) et autres
Splendid
soit autant de noms qui hument de souvenirs ou
d'actualité de la vie nocturne lyonnaise et qui
attestent que Pierre Chaduc aura apposé son coup
de crayon sur bon nombre d'enseignes qui jaugent
nos parcours de simple mortel. Car c'est à ce
demander si le surnom un peu mégalo de
l'architecte Chaduc n'a alors pas un sens réel
ne serait-ce que dans la quantité de réalisation
effectuée dans la cité du Rhône.
Tout commence il
y a plus de quarante ans dans les douves de
l'école des beaux arts de Lyon où le jeune
Chaduc
suit assidûment ces 5 années d'études artistique
généraliste. L'ambiance est « universitaire » paraît-il, on ne pourrait le vérifier, mais le jeune homme ne
supporte déjà pas l'autorité. Ce qu'il aime
c'est « prendre des risques »,
quoi de plus étonnant alors qu'il n'ait par la
suite travaillé que pour lui même : il s'attaque
à un domaine resté vierge jusqu'à lors, la
décoration d'intérieur détenue par les « installateurs »
et s'attèle à une profession qui restera
dénigrée durant de nombreuses années.
Pierre
Chaduc les aura toutes faites : boucheries,
charcu-teries, en passant par les salons de
coiffure, les bars, discothèques et
restaurants: le palmarès est impressionnant.
Près de 25 discothèques en 22 ans, parmi
lesquelles un certain nombre d'incontournables
des quais de Saône tel l'Alibi
ou le
Flamenco Rock qui témoignent d'une époque résolument différente. « Il n'y a
plus de nuit »
selon Chaduc,
« c'est un milieu qui s'est rétréci et
qui se cherche ».
C'est pourquoi l'architecte d'intérieur s'est
orienté au début des années 90 vers la
restauration qui fait selon lui « les
soirées des noctambules ».
Au travers de
ces restaurants, deux rencontres vont
représenter un véritable tournant pour le
décorateur. D'abord la chance de rencontrer
Jean Paul Lacombe l'amènera à réaliser les
brasseries du célèbre restaurateur (ci-dessus
La terrasse de Saint Clair).
Alors qu'il peut choisir ses clients selon leur
notoriété, Georges Blanc lui propose de
composer l'intérieur du Splendid
(ci-dessous) et
malgré le retard pris par le chantier
l'ouverture sera attendue et appréciée du tout
Lyon. En outre Pierre Chaduc apportera son
talent au monde de l'hôtellerie, et une fois
encore ce ne sont pas les exemples qui manquent.
Du
Sofitel Bellecour,
à celui d'Alger ou de Madrid, plus encore les
prestigieux hôtels de Christian Lameloise
des Beaux Arts, Carleton, Mercure et
Lumière, dans
lesquels Pierre Chaduc
aura su imposer sa griffe et sa personnalité
omniprésente dans la profession.
Pour cela il
arbore ses responsabilités comme un chef
d'orchestre qui fait répéter ses équipes en
constituant un noyau d'entreprise près à passer
à l'offensive à tout moment. Il garde tout de
même la main mise sur toute la partie création,
les anges ne créant pas c'est bien normal.
Aujourd'hui
l'immortalité du père de ses pairs réside dans
ses élans de cur : sa fille, à 34 ans, fait
déjà son bonhomme de chemin comme architecte,
affaire à suivre.
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