Brigitte
Joséphine, ange gardien de la verrerie Art Déco
Par Brigitte Guardi
Installée a la Cite des Antiquaires depuis de nombreuses années, la
blonde Joséphine est devenue la spécialiste du verre française du début
XXème siècle. Des vases, des coupes, des lampes, des lustres de grande
qualité, tous signes. Et du mobilier de la même époque, estampille.
Elle est radieuse dans sa boutique entourée d'objets transparents,
opalescents ou irises aux couleurs tendres. "J'ai toujours aime cette
époque, l'Art Nouveau comme l'Art Déco et suis passionnée par l'histoire
de la grande verrerie lorraine, histoire courte qui couvre quelques
décennies a peine. Même si certaines firmes comme Lalique ou Daum
fabriquent toujours, leur production n'a plus rien a voir avec la période
antérieure a la deuxième guerre mondiale." Chez Joséphine, toutes les
pièces sont signées, répertoriées, catalogues et ouvrages a l'appui.. Elle
jubile en expliquant chacune de leurs histoires. "Regardez, cette série
de Schneider. Les vases décorés a l'acide étaient signes Le Verre
Français, ceux colores dans la masse avec application de serpentins ou de
boules portaient la marque Schneider. Pour l'export, enfin, les pièces
étaient estampillées Charder. Mais, c'était la même maison".
Nombreux Galle, bien évidemment, travailles a l'acide, en camée ou a la
roue. Les plus beaux et les plus cotes sont de couleurs vives (alors qu'on
croit généralement que les pièces de Galle sont toujours sombres et
tristes). Des Daum datant souvent d'avant 1900, faciles a repérer car
signes a l'or ou en noir avec la croix de Lorraine. Plus tard, la marque
était gravée a l'acide donc en relief. Superbes pâtes de verre ou de
cristal rarissimes : Argy Rousseau, Walter et Berger, des estampilles
recherchées par les collectionneurs, des cendriers et des coupes
animaliers et parfois des prototypes, premier essai du verrier fort cotes.
Depuis peu, Joséphine s'intéresse aussi a une fabrique autrichienne
(1880-1940) Loetz dont les pièces sont souvent uniques et toujours
référencées. Des objets en verre irise avec inclusions, de formes et de
couleurs. Sublime.
L'antiquaire admet réaliser 80% de son chiffre d'affaire avec l'étranger :
beaucoup d'italiens, des suisses, des américains (il en reste quelques
uns), des japonais. Sa clientèle comporte surtout des marchands (on a
l'impression que la marchandise tourne indéfiniment entre eux) mais aussi
des collectionneurs prives qui sont toujours des amateurs éclairés.
Joséphine rentre d'un salon a Barcelone qui a bien marche et constate que
l'époque ou il suffisait de rester dans sa boutique entourée de beaux
objets est caduque. "Pour survivre, il faut bouger et les salons
permettent d'élargir son réseau de collectionneurs". Les marchands
spécialises (comme les ventes) sont rares en province. Il est plus facile
d'être généraliste. Joséphine apporte la preuve du contraire.. A coup de
compétence et de passion. L'Art Déco, redécouvert il y a une vingtaine
d'années, reste tendance et sa cote (a condition d'être rigoureux sur la
qualité des pièces) ne cesse de grimper. Les grandes ventes dans ce marche
pointu de la verrerie ont lieu a Paris, Londres ou New York.
Le dernier conseil d'une marchande avisée: "Attention aux copies venues
des pays de l'est. Ne jamais acheter sans bien connaître ou sans se faire
conseiller".
Joséphine Marchand,
stand 194 a la
Cite des Antiquaires
117, boulevard
Stalingrad à Villeurbanne (jeudi, samedi et dimanche).
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