LES HOMMES DU L.O.U.
L'entraîneur Tubert danse
avec les Lou
De notre correspondant Mehdi
25ème
journée. Le LOU Rugby reçoit Bayonne à domicile. L'entraîneur Jean-Henri
Tubert reste impassible en bord de terrain au plus près de la ligne de
touche. Son regard épie le moindre mouvement de ses joueurs comme s'il
visionnait le match au ralenti. Les bras croisés, le visage inexpressif, Tubert
n'entend ni le public, ni ses confrères. Seuls les chocs des corps semblent
atteindre l'entraîneur originaire de Perpignan. Jean-Henri félicite alors ses
combattants qui viennent de remporter la victoire avec des gestes emprunts de
religiosité...
Trois jours ont passé
depuis la victoire du LOU Rugby. Jean-Henri Tubert vient de fêter ses 36
ans. Il a reçu en cadeau un sac aux trois bandes et un cadre photo de la finale
du championnat de France de la saison dernière, lors de la montée du LOU
en pro-D2. On peut y lire : « Tubert danse avec les LOU ». Au moment de
notre rendez-vous, il alterne discussions sur l'avenir des jeunes équipes et
entretiens téléphoniques avec quelques entreprises désireuses de confier leurs
effectifs entre les mains du « coach ».
Dans le même temps, il salue chaque employé et bénévole des bureaux avec une
marque d'attention égale, un mot d'humour pour tous. Il observe, scrute
continuellement son environnement et paraît absorbé par ses pensées. L'entretien
commence. La concentration de l'entraîneur se fige sur le sujet. Ses traits
expriment la chaleur du sud, il aime rire de tout. Il inspire la confiance et
aspire au récit de ses débuts : de Jean-Henri à l'entraîneur Tubert il n'y a en
effet qu'un drope.
Discipline rigoureuse pour les trois frères et la petite sur Tubert en pays
catalan. Les garçons apprennent à marcher ballon ovale entre les mains, dans le
village d'Elne, et de génération en génération les fils deviennent tous
entraîneurs. La dernière génération - verra même la consécration de la fille
Tubert à cette responsabilité très « virile ». C'est sur le poste de télévision
de son grand-père que Jean-Henri dévore haletant les matchs de rugby. Jusqu'au
moment où la famille quitte le village pour la ville de Valence.
L'autorité parentale pousse le jeune Jean-Henri à poursuivre ses études.
C'est ainsi qu'il se retrouve à l'UFRAPS de Lyon durant quatre années. Première
consécration sportive au sein de l'équipe de la Voulte en première division. Une
certaine nostalgie ressurgit : « nous étions une bande de copains à partir en
croisade » se plait à se souvenir Jean-Henri qui joue alors ½ ouverture avec
son frère. De nombreux tandems similaires, notamment les frères Cambé, tiendront
cette position de jeu et ceci à plusieurs générations d'intervalle.
Alors qu'il prépare son Capes, Jean-Henri quitte le club pour Bourgoin puis
Annonay. Professeur de gym, il ne peut s'entraîner la journée. Il atterrit alors
au LOU en équipe B de la première division. Au bout de quatre mois, il se blesse
au talon d'Achille ce qui mettra un terme à sa carrière. Joueur très
critique sur les méthodes de ses entraîneurs, il décide d'écouter sa vocation en
prenant en charge l'équipe cadet de Villeurbanne. Nous sommes en 1996. L'année
précédente au collège Grignard il fait gagner de jeunes néophytes au championnat
de l'UNSS de rugby. Il les débauchera à Villeurbanne.
En l'espace de quatre années dans la ville de Charles Hernu, il dispute à
titre d'entraîneur 2 finales et une demi finale pour atteindre le titre de
champion de France des sélections du Lyonnais. Il est alors promu en 2000
entraîneur à Bourgoin-Jallieu. L'expérience se révèle infructueuse, le poste -
partagé avec Jean-François Tordo - crée des tensions dans l'encadrement des
joueurs. En novembre l' « éviction Tubert » met un terme à cinq mois au
poste d'entraîneur d'une équipe du Top 16.
Il ne restera pas longtemps sur la touche. Le président Cadario l'engage
dès 2001. Le projet du numéro 1 du Lou Rugby est de constituer une grande équipe
autour d'un grand meneur. Jean-Henri Tubert s'attelle au recrutement de sang
neuf parmi les joueurs revanchards de la région et parvient à aligner une équipe
cohérente. Educateur le jour, Tubert fait accéder dés la première année son
team au titre de champion de France Fédéral 2.
La suite est bien connue des amateurs rugbystiques. Le maintien en pro-D2 est la
réalisation de l'objectif premier du club. Néanmoins il ne tenait qu'à un fil au
Lou Rugby d'accéder en deux ans au groupe très fermé des 16 meilleures équipes
françaises, ce qui laissera un arrière goût de regret aux acteurs et fans du
LOU. Quoi qu'il en soit une ambition est née : celle d'une grande équipe
lyonnaise autour d'un grand meneur... une poursuite à suivre !
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