Ruth Richard n'est pas prophète dans son pays !
Propos
recueillis par Philippe Collier de la Chesnais
Rares
sont les femmes qui ont consacré leur vie à la sculpture. C'est
pourquoi l'exposition des uvres de Ruth Richard
dans le Hall du Casino Le Lyon Vert revêt un intérêt particulier. Les
amateurs ne s'y sont pas trompés, il y avait foule mardi 20 février à
l'occasion du vernissage placé sous le patronage des époux Partouche,
en présence des édiles de La Tour de Salvagny et de Charbonnières.
Entre petits fours et embrassades, avec son délicieux accent suisse, Ruth
fait le point sur sa carrière.
Ruth, vous résidez à Charbonnières. Pourtant on ne trouve pas trace de vos
uvres dans la région. Nul n'est prophète dans son pays, dit-on !
Cette
réflexion figure dans mon livre d'or, sous la plume d'un élu de
Charbonnières. Toutes mes grandes sculptures, à l'exception de celle
de la Gendarmerie de Tassin, se trouvent en effet à l'étranger.
J'adore travailler dans le « monumental » et j'espère
prochainement recevoir une nouvelle commande en France où j'habite
depuis 35 ans.
Comment
est née votre vocation de sculpteur ?
J'ai
commencé à faire mes premières sculptures à l'âge de 12 ans à
Zurich où je suis née. A l'époque, pour une femme, être sculpteur ça
n'allait pas ! On disait que ce n'était pas un vrai métier et
je suis donc devenue journaliste reporter. J'ai fait des milliers de
photos pendant 7 ans et je peux dire que la photo forge l'il. C'est
pourquoi je n'ai eu aucun mal à redémarrer la sculpture.
Aucune
institution régionale ne vous a acheté d'uvres importantes. Vous
avez exposé plusieurs fois à Lyon, à La Tour de Salvagny où vous avez
reçu, tant de la part des édiles que de la population un accueil
chaleureux. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
On
retrouve certaines de mes grandes sculptures dans le sud de la France, à
Cannes ou encore à Bandol. Au niveau de la région, on a toujours préféré
prendre des sculpteurs étrangers ou des artistes qui venaient
d'ailleurs. Les maires des villes vont toujours voulu me faire
travailler mais il y avait à chaque fois des attachés culturels qui
s'y opposaient, sous prétexte de suivre une certaine ligne. Je n étais
pas suffisamment d'avant garde pour eux. Mais j'en ai pris mon parti !
A
l'heure des assemblages les plus saugrenus, ces spécialistes vous
reprochent-ils le classicisme de votre sculpture ?
C'est
pas un reproche généralisé. De nombreux spécialistes aiment mon
travail, ce qui me fait énormément plaisir. D'autant plus que je suis
désormais sortie du « classicisme ». Je peux me permettre de
faire exactement ce qui me plaît, ce qui a toujours été ma ligne de
conduite. D'autre part, pour arriver à composer des formes fluides, il
faut obligatoirement passer par le classique.
Photo
ci-dessus : Ruth en compagnie du maire de La Tour de Salvagny
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