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 16 octobre 2000


Interview Pierre Orsi

 

 

Pierre Orsi a fêté la semaine dernière le 25ème anniversaire de son installation place Kléber. D'une petite maison de 140 m2, Pierre et son épouse Geneviève ont fait un des fleurons de la gastronomie lyonnaise. Près de deux cent invités payants, triés sur le volet, ont accompagné une nuit durant le couple de restaurateurs. Rencontre avec Pierre Orsi, cuisinier et PDG.

 

Si vous nous présentiez succinctement votre établissement ?

Je dirais qu'i s'agit d'une jolie maison ancienne et fleurie, qu'on distingue spécialement pendant les fêtes de Noël, équipée de salons privés, d'une piste de danse et de caveaux de dégustation. Côté gastro, nous proposons depuis toujours une cuisine préparée le plus simplement possible. On n'est pas imaginaire, on n'est pas futuriste mais on recherche la qualité. L'équipe comprend désormais 35 personnes.

 

Comment voyez-vous l'évolution de la profession ?

On a assisté ces vingt-cinq dernières années à la disparition de nombreuses maisons étoilées, de nombreux chefs...

 

Gérard Nandron, tout récemment !

Il fallait connaître le personnage qui était un grand professionnel. Je l'appréciais beau-coup ces dernières années malgré ses airs un peu bourrus. Il avait été fortement marqué par son père Johannes. La dynastie Nandron qui s'éteint avec lui, c'est soixante ans de cuisine lyonnaise. Maintenant à Lyon avec Jacotte Brazier, nous sommes les vieux, les anciens... avec bien sûr Jean-Paul Lacombe de Léon de Lyon...

 

Qu'en est-il de la dynastie Orsi ?

Je suis la troisième génération. Ma grand-mère était cuisinière, mon père était restaurateur cuisinier à Poleymieux il y a une cinquantaine d'années. Quant à mes enfants, je ne pense pas qu'ils continueront après moi...

 

Donc la dynastie Orsi s'éteindra avec vous... C'est un peu triste quand même !

Je me suis fait une raison, ils sont pas-sionnés par autre chose. Mais je compte bien main-tenir l'activité encore quelques années. J'ai trans-mis mon savoir-faire à de nombreux jeunes qui sont installés en France, en Angleterre, aux Etats Unis. J'ai déjà trois meilleurs ouvriers de France dans mes apprentis. On est parfois dur, mais on aime transmettre, je crois que c'est là une de nos qualités principales.

 

A défaut d'héritier, avez-vous un dauphin ?

J'y songe, c'est vrai. Il faut que je trouve un gars que j'aime bien, que je reconnaisse pour faire encore mieux. Parce que toutes ces maisons fermées, ça m'inquiète parfois. Par contre il existe des maisons qui ont une seconde jeunesse comme Fernand Point, comme la maison Pic reprise par la fille n'étant pas dans le métier, qui ne voulait rien entendre du métier et qui dirige aujourd'hui l'affaire brillamment.

 

Même si vous ne comptez pas vous arrêter demain, il faut que tout soit prêt !

Cela peut être subit. Quand j'ai décidé de vendre toutes mes collec-tions de livres et de cuivre anciens que j'ai chéris et dont je me suis occupé passion-nément, un jour j'ai dit : “ Je vends, c'est terminé ! ” Mais il faut la prendre cette décision. Aujourd'hui je suis en bonne condition physique. Ma femme est toujours aussi passionnée par ce qu'elle fait, j'ai des bras droits qui sont très compétents... mais il faut se préparer. Je compte bien sortir par la grande porte, mais me connaissant je ne pourrai pas rester inactif.

 

Avez-vous fixé une date à votre retrait ?

Cela sera avant dix ans et si j'étais raisonnable, il faudrait qu'avant cinq ans je trouve un bras droit qui continue. Nous avons le plus bel outil de travail de Lyon, indiscutablement, et la personne qui viendra devra être à la hauteur.

 

Racontez-nous la soirée d'anniversaire ! Vous aviez invité près de deux cent personnes ?

C'est une invitation mais on les a fait payer parce que je me suis rendu compte que si vous ne leur demandiez pas de chèque avant, vous ne savez pas si 50% des gens vont venir ou 100%.

 

Pour votre anniversaire, vous les avez fait payer ! ! ! (rires) Quel était le montant de la participation aux frais ?

1000 F mais ça m'a coûté un peu plus, car je les ai bien traités. Ils sont tous venus et je n'ai pas eu de chaise vide ! Beau-coup de Lyonnais sont venus, mais aussi des parisiens. Clémentine que l'on n'avait pas vue depuis longtemps était parmi nous, accompagné par Max Chaoul. Il y avait aussi beaucoup de mes anciens qui sont installés, Laurent Bouvier, Gérard Vignat. Tous mes fournisseurs - qui ont payé eux aussi - ont voulu me rendre un hommage. La soirée s'est terminée à 4h00 du matin.

 

Y avait-il des grands chefs parmi vos invités ?

J'ai reçu beaucoup de fax...

 

Mais ni Paul Bocuse, ni Jean-Paul Lacombe ne sont venus physiquement ?

Ils se sont manifestés bien sûr parce qu'ils le savaient, mais je ne voulais surtout pas les avoir car je n'aurai pas pu les faire payer ! (rires) Et moi, je voulais que tout le monde paie !
 

Photos : Michelle Wolf 
 


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à suivre, Philippe Teissier dans les bras d'Hélène Segara


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