Spécial Marc Vivien Foé
Un lion tombé en pleine course...
Photo : Olympiquelyonnais.com
De notre correspondante Virginie Pio
Marc-Vivien Foé
s'est écroulé sur le terrain lors du match Cameroun-Colombie, le 26 juin, devant
des milliers de téléspectateurs et devant les 40 000 personnes du stade de
Gerland impuissantes face à ce drame. Il ne se relèvera pas. Supporters,
dirigeants, joueurs, journalistes, tous unanimes pour dire qu'« il ne méritait
pas ça... »
« Marco » était avant tout un paradoxe à lui tout seul. Sous un physique des
plus impressionnants, 1m92 pour 85 kg, (avec mon pauvre 1m60, lui faire la bise
relevait de l'expédition !) Il avait une
personnalité des plus calmes et des plus réservées... un peu comme une petite
souris dans un corps d'éléphant, si je puis me permettre la comparaison !!! « Avec
sa petite voix, il n'y avait jamais un mot plus haut que l'autre, il inspirait
le respect et n'avait de toute façon pas besoin de gueuler pour se faire
entendre ! Il était écouté et avait toujours le mot juste... » dixit ses
ex-coéquipiers lyonnais. (eh oui, je les connais... désolée, mais il fallait que je le
dise !!!). Une personnalité discrète pour un homme qui ne passe pourtant pas
inaperçu...
Marc-Vivien Foé avait
d'abord commencé le football chez lui au Cameroun alors âgé de... on n'en saura
pas plus ! En effet, « Marco », comme il aimait à le raconter, ne se souvenait
pas lui même de ses premiers tirs dans un ballon. « Les africains commencent
en général très jeunes à jouer au foot, Ils débutent dans la rue dès qu'ils
savent se tenir debout ! » confiait l'international camerounais. Il posa par
la suite ses valises à Lyon en 2000 en provenance directe d'...Angleterre (vous
pensiez que j'allais dire du Cameroun, n'est ce pas ?). En effet, avant
d'atterrir dans la capitale des Gaules, « le lyon indomptable », désolée,
« le lion indomptable » était d'abord passé par la case Lens durant 6 saisons et
West Ham sans passer par la case départ et sans toucher les 20 000 Euros !!!
(c'est pas grave, il les toucha à Lyon !)
Il étoffa quelques peu son
palmarès avec l'OL avec la victoire en coupe de la Ligue en 2001 et le titre de
champion de France en 2002... et puis de nombreux autres titres (mais c'est moins
intéressant que de parler de ceux de Lyon ! C'est mon côté chauvin qui
ressort !) Il fut l'an passé prêté à Manchester city (c'est comme le Manchester
de Beckam mais sans Beckam et avec un peu moins de victoires !!!!)
Ce « travailleur acharné de Marco » (oui, moi je l'appelle Marco !) a contribué à
ce que son club s'éloigne de la L2 anglaise. Il ne laissait personne indifférent
grâce à sa gentillesse et à sa bonne humeur. Manchester City, afin de lui rendre
hommage, a pris la décision de ne plus attribuer le numéro 23 porté par
l'international camerounais cette saison. Une marque de respect qui fait
l'unanimité dans le monde du football.
Ce qui est certain c'est
que Marco ne dérogeait pas à la règle de la légendaire bonne humeur africaine !
Selon ses ex-coéquipiers mais néanmoins amis lyonnais, « il
était facile de savoir si Marco était déjà au vestiaire, il suffisait
d'écouter !!! » En effet, « Yep-Yep » (je vous expliquerai plus tard...)
branchait, avant même de poser ses affaires, Radio Sun qui passe en majeur
partie du zouk et du ragga !!! Marc-Vivien avait-il donc le rythme dans la
peau ??? Si vous n'en êtes pas encore convaincu, laissez-moi vous raconter une
petite anecdote à son propos...
Mr Foé, ayant débarqué en
début de saison 2000, dût comme tout le monde, partir à Tignes pour le stage de
remise en forme ! (entre nous j'appellerai plutôt ça un « vice de forme » plutôt
qu'une « remise en forme » !!! Tout ce sport... rien que de les voir ça me
fatigue !). Comme le veut la coutume lyonnaise durant ce stage, chaque nouveau
venu dans le groupe doit faire un petit discours lors d'une sortie au
restaurant. Eh bien, Marco en avait décidé autrement, il s'est mis à chanter... et
en africain s'il vous plait ! Ayant le sens de la fête, il fit participer ses
coéquipiers ! Il est vrai que les seules paroles qu'ils avaient à prononcer
étaient « yep, yep, yep »... et sans oublier « yep ! » D'où par la suite le petit
surnom attribué par Grégory Coupet à Marco : « yep-yep ».
Après la coupe des
Confédérations, Marc-Vivien Foé devait logiquement réintégrer le groupe lyonnais
(le prix de son transfert fixé par J.M Aulas étant jugé trop élevé par
Manchester City), puis retrouver sa petite famille, femme et enfants (dont le
dernier âgé seulement de 2 mois !). La perte d'un joueur
surtout dans de telles conditions est tragique, mais la perte d'un mari ainsi
que d'un père nous rappelle que le football n'est au final qu'un jeu... Foé
était un battant et nul ne pourra dire le contraire. Les dernières paroles dites
à ses coéquipiers une demi-heure avant cette foulée de trop reflétait l'homme
entier qu'il était. « Les gars, même s'il faut mourir sur la pelouse, il faut
gagner cette demi-finale. C'est une question de vie ou de mort. ».
La semaine dernière, sans
un bruit, un Lion est tombé en pleine course...
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