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8 décembre 2003


Gilles Michel : « La répression ne peut pas être efficace sur la durée ! »
 

 

Propos recueillis par Alexandre Mathieu

 

Sur la route, la tendance est à la répression, et ce n'est pas nouveau. Si les chiffres viennent corroborer l'action du gouvernement, cette politique n'est pas du goût de tous ! Surtout quand elle vise directement les droits fondamentaux des automobilistes : les récentes mesures visant à rendre payante une simple réclamation d'amende ont provoqué un véritable tollé. Gilles Michel s'explique sur les solutions alternatives proposées par  l'Automobile Club du Rhône.

 

Lyonpeople : La nouvelle loi contre la violence routière va bientôt entrer en vigueur, en quoi pensez-vous qu'elle pénalisera les automobilistes ?

Gilles Michel : Cela va engendrer plusieurs difficultés. Pouvoir contester une infraction est légitime. Or avec la nouvelle législation, cela deviendra impossible pour les infractions de 4ème classe et celles constatées par radar automatique. Toute personne qui souhaitera contester une infraction devra consigner un montant supérieur à l'amende initialement demandée, et ce avant même que sa réclamation ne soit examinée.  La conséquence sera que les automobilistes les plus démunis seront ceux qui auront le plus de mal à se faire entendre.

 

Cela reviendrait-il, selon vous  à rendre l'accès à la justice payant ?

En quelque sorte, mais je pense que le frein financier aura surtout pour conséquence de dégoûter les citoyens du droit à la contestation.

 

Vous dites que cette loi se limite à « payer plus pour contester », ne pensez vous pas que cette action vise avant tout à désengorger les tribunaux et limiter

le nombre de recours abusifs ?

Les recours abusifs sont des manœuvres dilatoires. Les magistrats ne doivent pas renoncer à examiner les petites affaires sous prétexte que les tribunaux sont débordés. Dans un Etat de droit, on ne devrait même pas entendre un tel discours !

 

Que pensez vous des meures entrées récemment en vigueur sur la sécurité routière ? Quand on voit les chiffres, on se dit que la répression est quelque part

efficace...

Depuis deux ans, le nombre de tués sur la route a chuté de 20%. Mais la baisse était déjà amorcée en 2001. La prise de conscience était là. La répression est basée sur le non respect de la règle. On devrait plutôt informer et prévenir les automobilistes. La répression est alors justifiée quand on connaît mieux les risques qu'on encoure.

 

Et les automobilistes, qu'en pensent-ils ?

Dans le Haut Rhin, nous avons mis en place un système de formation et de prévention destiné aux automobilistes arrêtés pour des infractions mineures au code de la route.  Après ces stages, on a enregistré moins de 1% de  récidive !

 

Quelle solution proposez-vous ?

L'aspect répressif fait partie d'une volonté de sécurité générale. Si les résultats sont là, le problème se fera sentir sur du moyen long terme. Une politique de répression ne peut pas être efficace sur la durée. Il faut d'une part mettre d'avantage l'accent sur la formation, ce que nous faisons ici à Lyon. Le second problème réside dans l'emplacement des radars automatiques. Une commission devait définir des zones très accidentogènes pour leur emplacement. On sait que les routes nationales sont celles où ont lieu le plus grand nombre d'accident, or c'est sur les autoroutes que les radars ont été installés.

 

Si cette idée est si bonne, pourquoi les pouvoirs publics auxquels vous faites appel ne l'appliquent-ils pas ?

C'est non seulement plus simples à tout point de vue pour l'Etat de mettre les radars sur les grands axes : pour l'entretien, la surveillance, etc. Il y a aussi une question de résultats financiers, du fait que les autoroutes sont plus fréquentées,...

 

Vous invoquez le principe du « respect des droits de la défense »,  alors que la politique du gouvernement tente de réparer les dérives dues au laxisme que  les abus passés ont engendré. Ca ne fait pas un peu démago ?

Non, nous sommes réalistes. On ne dit pas qu'il ne faut pas sanctionner, mais que le travail doit se faire en amont. Si les gens récidivent et commettent des infractions alors qu'ils savent ce qu'ils risquent à tout point de vue, il est tout à fait normal de les sanctionner.

 

Quelle position avez-vous vis à vis des barrages policiers le soir du Beaujolais nouveau ?

Les contrôles sauvages ne sont pas une solution, surtout si l'action est menée de façon un peu musclée ! En Alsace, ils ont eu une très mauvaise réaction quand les autorités ont  tenté de mettre à mal les fêtes viniques, tradition qui ressemble à celle du beaujolais nouveau : ils se sont heurtés aux élus locaux et à l'hostilité de la population. Il faut respecter les traditions de la même façon que l'on doit respecter le code de la route !  Cependant, nous sommes les premiers à combattre l'alcool au volant, qui est avec la vitesse le deuxième fléau de la route. Nous ne défendons jamais les intérêts d'automobilistes arrêtés pour conduite en état d'ébriété, quel que soit le degré.
 


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