Jacques Villeret : « Je ne suis pas celui que vous croyez ! »
Propos recueillis par Arnaud Curt
Lors de son passage à Lyon, Jacques Villeret
ne ressemblait en rien au français moyen qu'il incarne depuis toujours à
l'écran. Avec son caractère bien trempé, il revient sur ses années de débauche
au conservatoire et sur sa vie quasi monacale !
Pour la première fois, vous incarnez un grand-père à l'écran dans le
film « Malabar Princess ». On entend souvent qu'il est difficile de travailler
avec des enfants. Qu'en pensez-vous ?
Tout d'abord je joue un grand-père parce que j'ai l'âge d'être grand-père. Si à
mon âge et avec le physique que j'ai, je me permettais de jouer un séducteur qui
tombe toutes les minettes de 20 piges, je serais ridicule ! J'aime bien me
situer à l'opposé des idées reçues, je pense que jouer avec les enfants est
plutôt positif, ils apportent une spontanéité incroyable. Mais chacun doit avoir
un rôle bien défini, j'évite de leur donner des conseils car je ne souhaite pas
passer pour un vieux con et souvent c'est inutile car je dois préparer un rôle
extrêmement à l'avance alors qu'eux sont bon naturellement, le travail vient
avec la maturité.
Dans votre filmographie, vous incarnez souvent le français moyen à l'instar de
François Pignon, ces personnages sont à l'opposé de votre personnalité. Pourquoi
n'avoir jamais joué un rôle de battant ou de requin de la finance ?
Je ne suis pas Bernard Tapie ! D'ailleurs, il doit être beaucoup plus français
moyen que mes personnages, car les mecs qui se croient les plus fort du monde
sont de parfaits idiots. Le français est la seule langue au monde où le mot fou
désigne un malade alors que dans les autres dialectes cela désigne quelque chose
de beaucoup plus positif. Ca ne sert à rien que je clame « je ne suis pas
celui que vous croyez » même si c'est le cas, les Français aiment bien
classer les autres dans des cases. Donc j'incarne le Français moyen et ça me va
bien.
Vous êtes très difficile à cerner, qu'est-ce qui vous fait vibrer dans la vie ?
J'adore la solitude si
elle ne dure pas trop, et j'aime me retrouver à la campagne.
Ceci est en opposition avec la vie dissolue que vous meniez au conservatoire ?
Il est vrai que mes amis du conservatoire (André Dussolier, Jacques Weber,
Jean-François Balmer ou Francis Huster) m'ont fait une belle réputation.
J'adorais faire la fête et j'étais toujours le premier à les emmener danser et
boire jusqu'au petit matin. On s'est pris des cuites mémorables et l'alcool
aidant, on draguait pas mal ! Il faut dire qu'à l'époque, j'habitais dans une
minuscule chambre de bonne donc je préférais être dehors que chez moi !
Ca se passe toujours aussi bien avec les filles aujourd'hui ?
(Il fait la grimace)
On ne fait pas de Ici Paris, que je sache !
Vous n'allez pas me
faire croire que vous avez arrêté de faire la fête ?
Non, mais je m'amuse d'une
autre façon. Je préfère réunir mes amis chez moi à la campagne (ndlr : en
Normandie) et faire une bonne bouffe autour de grands vins. Mais cela fait une
éternité que je ne suis pas allé en boîte car je fuis les villes et tout ce qui
va avec !
Vous êtes bon pour
entrer au monastère ?
Il est vrai qu'avec le temps je suis devenu couche-tôt et lève-tôt ! Si mes
profs du conservatoire me voyaient, il n'en croiraient pas leurs yeux, car à
l'époque je ne supportais pas de me lever le matin ! Mais je suis pas sûr qu'au
monastère on puisse raconter des blagues salaces !
Vous avez beaucoup tourné dans notre région (Les enfants du marais, Malabar
Princess...), avez-vous des adresses à nous conseiller ?
Hélas non, j'ai mangé
d'excellentes grenouilles sur le tournage des enfants mais je ne sais plus où. A
mon âge, on devient amnésique (Au même moment, son portable retentit avec une
sonnerie imitant le croassement de la grenouille). De toute façon pendant les
tournages, je ne peux jamais savourer car je m'implique trop dans le film et
dans le rôle ce qui me gâche tout les plaisirs annexes.
|