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 27 mars 2000


Albert Artiacco, un destin exceptionnel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Auparavant au Café Bellecour, Albert Artiacco a transporté ses quartiers à la Brasserie L'Espace depuis que son frère Rolland a repris l'établissement en juin 1999. Confortablement installé dans une banquette, le co-fondateur de Regit et d'Ecco - Travail Temporaire- tient salon. A 65 ans, ce Lyonnais d'origine modeste profite d'une retraite active fort méritée après des années de haute voltige professionnelle.

 

Le pionnier du travail temporaire a usé ses fonds de culottes sur les pavés de la rue Saint Georges...Pour éviter qu'il ne tourne mal, ses parents l'envoient chez les Lazaristes où il découvre les joies du pensionnat. “ Ca m'a donné des bases et des valeurs autres que celles de la rue ” raconte Albert qui quitte ensuite “ les curés ” pour rejoindre Maisonneuve où il côtoie le gratin lyonnais des fils à papa, clientèle habituelle de cette boîte à bac renommée.

 

Son baccalauréat en poche, direction l'Angleterre où il restera un an. En rentrant de Dakar, où il vient d'effectuer son service militaire, Albert fait ses premières armes dans le tourisme - aux Wagons Lits comme valet de chambre. De retour à Lyon, il fait la connaissance de Philippe Foriel-Destezet, alors frais émoulu d'HEC et responsable export d'une entreprise de fournitures électriques. Poussés par la sœur d'Albert qui travaillait pour Bis, les deux compères créent leur première boîte d'intérim, A.L.S. (Agence Lyonnaise de Secrétariat), spécialisée dans le tertiaire en octobre 1962.

 

Le marché s'ouvrant de plus en plus, les deux associés abandonnent leur première raison sociale trop restrictive et fondent en 1964 Inter Ecco avec 5000 F. “ Tout était possible à cette époque, se souvient Albert ; C'était un peu le Far West ” .C'est Philippe qui trouve le nom de la boîte lors d'un voyage à Milan à partir d'une expression très usitée en Italie : “ Pronto, Eco ”.

 

L'âge d'or de l'intérim commence alors et l'affaire connaît une ascension fulgurante, comparable à celle des Start Up actuelles. Nos jeunes entrepreneurs - très courtisés - sont les barrons de l'économie locale.

 

Mais peu à peu, l'amitié entre les deux hommes connaît une crois-sance inversement proportionnelle à celle de leur entre-prise ; les enjeux financiers sont im-menses et l'argent prend peu à peu le pas sur l'affectif. Philippe Foriel-Destezet fait des plans sur la comète avec ses proches pour prendre le contrôle de l'entreprise. En 1970, il fait une offre de rachat à Albert qui ne peut résister à l'appât du gain. Poussé gentiment dehors, le jeune Artiacco se retrouve sur le pas de la porte avec un chèque représentant 50% du capital. Il s'agit d'un beau pactole pour l'époque. Dans cette opération, Philippe Foriel-Destezet réalise un coup de fusil. Mal conseillé, Albert a sous-estimé la valeur de ses parts. Grand seigneur, Philippe laisse à son associé deux filiales, l'ALS et Regit.

 

Les deux entreprises se développent parallèlement à un rythme différent. Dès 1992, Ecco fait son entrée à la Bourse de Paris. La fusion avec le suisse Adia en 1996 en fera le numéro 1 mondial du secteur. Présente sur les 5 continents, la holding rebaptisée Adecco dispose de 3500 agences et emploie 500 000 intérimaires par jour. Son Chiffre d'affaires pour 1999 s'élève à 100 milliards de F.

 

Regit , quant à elle, demeure une entreprise régionale avec un CA de l'ordre de 600 MF par an. Au milieu des années 90, elle compte une quarantaine d'agences.

 

En 1994, Albert Artiacco cède son bébé au hollandais Védior. Le bon âge pour profiter de la vie et partager de bons moments en compagnie de Manuela, sa compagne depuis vingt ans (prise en flagrant délit  de gourmandise dans le magazine Cote du mois de mars). Même si il est souvent en vadrouille du côté des Etats Unis, Albert demeure très présent à Lyon, où il conserve une multitude d'attaches amicales et professionnelles (Il possède ainsi 50% d'Axelis T.T. et a été longtemps l'associé de Daniel Perez dans Radio Scoop). Vous retrouvez à sa table des relations très éclectiques qui vont de Victor Bosch (Le Transbordeur) à Jean-Marc Requien (Euro RSCG) en passant par Fernand Galula (Les Petites Affiches) et  Charles Balaÿ, le célèbre antiquaire de la rue Auguste Comte. Il dîne régulièrement au Milano d'Edouard Keguny sur lequel il ne tarit pas d'éloges.

 

De son côté, Philippe Foriel-Destezet codirige le groupe Adecco. D'après une en-quête parue en janvier 1999 dans Lyon Mag,  sa fortune personnelle - qui a doublé depuis 1997 - est évaluée à 11 Milliards de Francs. Ce chiffre a été contesté par l'intéressé. Installé à Londres avec la jet set, il n'a plus que d'épisodiques rapports avec la ville qui l'a vu démarrer  même si le siège français du groupe est encore situé à Villeurbanne.

 

Les deux hommes n'ont guère de contacts aujourd'hui. Albert conserve-t-il de la rancœur vis à vis de son associé qui l'a sorti  en toute conscience : “ Nous nous sommes séparés pour des raisons de culture même si les pressions exercées à mon encontre ont joué un rôle important dans ma décision. Je n'en veux qu'à moi-même ”. affirme-t-il humblement.

 

Philippe Foriel-Destezet a pourtant fait peu de cas de l'amitié qui les liait à l'époque. “ Dans les affaires, l'affectif finit toujours par disparaître. Il suffit de regarder les grands hommes : ils sont seuls, avec souvent des cadavres plein les placards... ” commente Albert Artiacco, philosophe.

A l ‘arrivée, des parcours exceptionnels. Mais à  choisir entre les deux, il n'est pas sûr qu'on ne préfère pas le destin de challenger de l'Italien. Question de savoir-vivre sans doute !
 


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A suivre, Muriel en direct du 52è Rallye de Charbonnières...

 

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