Évelyne
Charpiot, working girl du Cintra
De notre correspondante Laure Delvigo
1m
75 et des mensurations de rêve, yeux bleus,
peau porcelaine, cheveux blonds blé. Évelyne
serait-elle une poupée ? Non, bien mieux
que ça ! Mais chut. Tournez la page et découvrez
! Glamour comme Amanda Lear et "
business " comme Bernard Arnault, on
croirait Évelyne sortie tout droit d'un studio
d'Hollywood. Mais non, elle est bien réelle !
La cinquantaine épanouie, cette fille de
soyeux Lyonnais, nièce de Viviance Romance
et amie de Claude Brasseur aurait pu être
une star avec sa plastique de rêve et son
esprit incisif ; mais il en est tout
autrement, puisqu'à 17 ans, Evelyne monte sa
première affaire. Et beaucoup d'autres
suivront.
Malgré une vie pas toujours facile, car veuve
trop jeune, Evelyne Charpiot peut se targuer
d'un parcours exemplaire : des Négociants,
dont elle a fait en quelques années,
l'un des cafés les plus huppés de la ville,
en passant par un restaurant " fashion
" à New-York, jusqu'au mythique Cintra,
rendez-vous incontournable de ceux qui
comptent, Evelyne ne cesse de nous étonner
sous ses airs de jet-setteuse. Portrait d'une
Lyonnaise atypique.
S'ennuyant
rapidement sur les bancs de l'école
franciscaine, la jeune Evelyne
"turbulente et polissonne ", comme
elle aime à se définir, décide de partir à
14 ans chez son oncle restaurateur, puis fait
ses armes à Voillou dans le quartier de
Gerland, avant d'inaugurer sa première
affaire à seulement 17 ans . « J'avais
beaucoup de mal à recevoir des ordres,
supporter un patron, je préfère diriger ! »
s'amuse Evelyne. Là, elle rencontre son futur
mari. Coup de foudre immédiat. Ensemble, ils
partent à la conquête de Paris, puis sur la
côte d'azur, où ils ouvrent plusieurs
restaurants. Quand son mari disparaît
tragiquement, elle n'a alors que 27 ans, jeune
maman de deux petites filles Sylvie
et Caroll.
Face à cette situation, Evelyne revient vers
sa famille et achète " le Glacier
" à Vienne en 1973, puis les Négociants
en 1978. De ce café au style Empire, elle
tirera le meilleur, avec 3,4 millions de F de
travaux mais surtout des idées innovantes :
ouverture d'une terrasse, défilés de mode et
crustacés, rien n'est trop beau pour les Négos
!
En 1989, Evelyne quitte le café le plus en
vogue de Lyon, au sommet de sa gloire. Elle a
envie de " changer d'air " ; ainsi,
elle gère l'entreprise de luminaires de son
oncle, voyage à travers le monde, dirige des
usines et fait du négoce en businesswoman
avertie. Elle se lasse pourtant assez vite de
ce milieu et largue les amarres 7 ans après :
« Il y avait trop de chiffres et de
problèmes pour moi ! Gérer des usines, c'est
loin d'être évident ! Cependant, j'ai pu
apprendre des langues et côtoyer le monde
industriel, c'était très enrichissant »
nous explique l'ingénieuse working-girl.
La
jolie blonde retourne alors à ses premières
amours, à savoir la restauration. Elle rachète
le Cintra au 43 rue de la Bourse, en
partie grâce à la plus-value réalisée par
la vente des Négociants.
Un lieu avec
une âme, comme les aime Evelyne, au décor
classé. Elle fait du Cintra le " Fouquet'S
Lyonnais ", un endroit chic où se
retrouvent les politiques, les banquiers ou
les célébrités comme Richard Berry
et bien d'autres, appréciant la tranquillité
du lieu, loin des flashs des grands
boulevards. Le Cintra, avec son
ambiance cosy, ses petits vitraux légèrement
colorés, est l'antithèse des grandes
brasseries eighties, où les golden- boys
aimaient s'afficher derrières des vitres
transparentes. « Et plus c'était
grand, mieux c'était ! » nous
confiera avec sourire Evelyne.
Entre-temps, son énergie la pousse à
s'envoler vers les Etats Unis, inaugurant à
New-York un restaurant branché, où l'on aperçoit
les mannequins d'Elite et Metropolitan
, qui en font leur " cantine "
attitrée.
New-York, où sa fille Caroll
travaille d'abord comme bookeuse chez Metropolitan,
ex-agence de Claudia Shiffer , puis
chez Art and Commerce, célèbre agence
de photographes qui représente des "
pointures " comme Steven Meisel
(campagnes Versace, séries dans Vogue.etc).
Si Evelyne trouve les USA féeriques,
" là où l'on vous donne la
possibilité d'entreprendre ", elle
n'en demeure pas moins très Lyonnaise :
" mes racines sont Lyonnaises et l'on
retourne toujours aux origines " se
plaît-elle à dire.
Et si le Cintra reste un aboutissement,
fort d'une équipe soudée de 15 personnes,
dont Patrice, fidèle, qui la
suit dans toutes ses affaires depuis 24 ans,
Evelyne ne cesse de faire vivre cet endroit de
caractère.
Elle renouvelle ainsi sa carte
avec le chef Stéphane Chevauchet, une
étoile au guide Michelin, qui vous
concocte des pots au feu de la mer et autres
oeufs brouillés au caviar. Une cuisine raffinée
et plutôt light, " car les hommes
n'aiment pas grossir ! " sourit
Evelyne, dont la clientèle est
essentiellement masculine à midi. Le soir est
placé sous le signe de la fête avec la très
mondaine maîtresse des lieux. Au programme :
soirées à thème, défilés de mode, sans
oublier le piano-bar.
Et il n'est pas rare de
voir des clients arriver à 23 h, avec des
surprises comme des truffes, qui feront
l'objet d'une succulente omelette. On ne vous
dit que ça ! Un habitué des lieux nous
confiera d'ailleurs : « Il n'y a
vraiment qu'au Cintra, qu'on voit ce genre de
choses ! »
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