Blanpain : « miss terre et bouilles de globe! »
Photo Jean-Luc Mège
Par Françoise Petit
Avant tout il aime les mots, ceux qui se choquent s'entrechoquent se recomposent
se dessinent et s'écrivent. Son « Histoire de Monsieur A » est déjà un succès de
librairie au point que l'éditeur Thierry Magnier prépare une nouvelle fournée
Blanpain. Majoritairement peintre, cet artiste vivant à un galop du « Facteur
Cheval » est accroché aux cimaises d'une galerie place des Vosges. Le Paris d'un
drômois d'adoption.
Sa « bio » divinement écrite par une certaine Christiane Zénard commence si bien
que tenter d'exhumer la naissance de son art est inutile ! Il était une fois. «
Dans la nuit du 27 au 28 août 1944, à Mamers, département de la Sarthe, deux G.I,
un black et un blondinet, emmènent d'urgence dans leur jeep kaki une future
maman rousse plutôt canon. Les sauveurs sifflent « in the mood » de Glenn
Miller. Blanpain ne mettra le nez dehors que vers sept heures du matin, mais il
le jure qu'il s'en souvient ». A 60 ans l'actualité de Blanpain est une somme de
belles expériences rendues possibles par ce départ en fanfare . Son père
journaliste, dessinateur, créateur de grosses têtes pour carnaval, fou de cirque
et de cinéma lui permet de se construire un personnage plein d'esprit et épris
de liberté. Voyages au bout des couleurs, des musiques, des cultures, loin de la
France sans chevalet.
A son retour d'océans, en
terre Drômoise il réveille ses fantômes pour mettre le cap sur sa silencieuse
passion. A Grignan un couple d'amateur d'art (c'est le moins qu'on puisse dire,
il possède des Matisse, Picasso, Villon and Cie !) en découvrant quelques unes
de ses uvres encourage ce monsieur doute. C'est le début d'un engagement et
d'une confiance en lui. Blanpain ne reste pas « scotcher » à ses pinceaux pour
autant. Il voyage, pose ses toiles entre la poire et le fromage des marchés de
plein air, écrit, édite, joue avec les mots, rencontre les gens. A Berlin il ose
se livrer à une personne qui lui dit que son travail peut être exposé à Paris.
La galerie Lisette Alibert sera son ancrage artistique.
Dans un cercle ourlé de
gradins où des paires d'yeux admiratifs scrutent le travail d'un funambule, se
concentre le style Blanpain. Zavatta, Jean Richard, Gruss, Medrano, Fratellini
sont des noms qui résonnent toujours dans la tête de celui qui refuse
d'appartenir à une école. Sa peinture pourtant espiègle, humoriste et tendre
réunit quelques ambiances de spectacles du quotidien ou du jardin de l'autre.
Blanpain se souvenant avoir vu Piaf dans un cirque à Boulogne-sur-Mer ou
pardonnant les ratés d'un numéro du cirque Romanes près de chez lui, hisse les
couleurs de son défi artistique. Avec sa compagne, rencontrée à la dernière
biennale du cirque à Lyon il forme un duo de sacrés créateurs. Valérie Dumas
peint aussi, écrit aussi. A suivre : « Les hommes à la mère »... dans un prochain
numéro !
www.lisettealibert.com
* Version lyonnaise : miss terre et boules de gônes !
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