Les petites
gâteries
de Marie-Chantal Desbazeille
C'est au restaurant Le Théodore que l'ancienne
maire du 7ème
nous a dévoilé ses projets pâtissiers
Propos recueillis par Marc Polisson
Après avoir donné de la voix contre l'érection du monument à la mémoire du
génocide arménien et essuyé une volée de bois vert, elle s'était fait toute
petite. Voire discrète. Pour le plus grand soulagement de ses adversaires et
amis politiques. Mais voilà qu'en s'attaquant à Christian Philip, Dominique
Perben l'a fait ressortir du bois. Aux abris !
Vous aviez disparu de la circulation pendant des mois, enfouie sous un
monument un peu lourd à porter...
Je me suis cassé le bras... (Rires)
Qu'est-ce que vous êtes allée faire dans cette galère contre les Arméniens ?
Une galère ? Mais ce n'est pas contre les Arméniens, c'est contre l'édification
de ce monument de la place Bellecour qui est inconstructible, au pied du clocher
de la Charité qui est un clocher baroque dans une zone hyper protégée et à très
forte densité architecturale, historique et patrimoniale. Alors que l'architecte
des bâtiments de France a deux pages d'arguments pour dire qu'il ne faut pas
construire, il a fallu que le maire de Lyon et le préfet donnent leur feu vert
pour cette construction qui est tout à fait incongrue. Ce n'est pas contre les
Arméniens, c'est contre la localisation et le mépris de toutes les règles de
droit. Donc on fait plaisir aux petits copains et c'est tout. A un petit lobby
qui fait du bruit, du tam-tam... qui s'est cru tout permis.
Et voilà que vous ressortez du bois... pour défendre le député Philip dont vous
êtes la suppléante ! Pourtant au début ce n'était pas gagné, votre couple !
Non, ce n'était pas gagné du tout ! (rires) Christian Philip est un homme
loyal, qui a fait énormément de boulot pour cette ville en tant que premier
adjoint de Raymond Barre. C'est vrai que, moi en tant que maire
d'arrondissement, j'étais plutôt maltraitée car Raymond Barre n'aimait pas les
mairies d'arrondissement. Christian Philip a toujours été correct, c'est moi qui
étais bagarreuse en fait. Au moment des législatives, il y a trois personnes qui
m'ont influencé pour accepter sa proposition : Le premier entremetteur a été
Jean Wertheimer, qui était son oncle et avec qui j'avais d'excellentes
relations, ensuite sa mère qui était une femme remarquable et pour qui j'avais
beaucoup d'admiration, et le troisième argument était quand même de taquiner
Raymond Barre. C'était assez étonnant que le maire d'arrondissement qui avait
tant combattu le premier adjoint et le maire de Lyon à l'époque, se retrouve
suppléant de Christian Philip, je trouve que ça faisait du bien à Raymond Barre.
C'est de l'anecdote ! Il faut quand même reconnaître ses qualités : c'est un
bosseur, il est loyal, c'est un type intègre ! J'espère qu'il ne va pas lâcher
devant Perben ! S'il renonce, je l'assomme ! (Rires)
Mais ce n'est pas votre type d'homme ?
Non (rires) ! Mais c'est quelqu'un qui est intéressant à connaître.
J'apprécie son sens de la justice, et son sens du service. Il a un côté humain
que j'apprécie.
Dans un entretien à Lyon People, le ministre-candidat a déclaré qu'il
n'avait aucune leçon à recevoir de celle qui a construit l'échec de 2001 (voir
interview)... Vous vous êtes senti visée ?
Pas du tout parce que c'est du n'importe quoi ! Alors là vraiment pour un
ministre, c'est n'importe quoi ! Qu'il s'informe et qu'il parle de ce qu'il
sait ! On ne critique pas une élue qui a fait son travail, son devoir et qui
s'est battue pour la ville de Lyon et qui n'a pas démérité ! Et ça je ne
l'admets pas !
Où en est la construction du monument à la mémoire du génocide de la droite
lyonnaise ? Apparemment en bonne voie !
Je ne suis pas la spécialiste des monuments ! (rires) Et ne comptez pas
sur moi pour les jérémiades !
Si vous n'arrivez pas à vous entendre avec Dominique Perben, la division va
perdurer et vous en serez à nouveau responsable !
Bien sûr ! C'est facile de dire que les autres sont responsables quand on prend
une stratégie complètement à côté de la plaque ! Quand on veut gagner la ville
de Lyon - à moins qu'il ne veuille pas la gagner et qu'il veuille se trouver une
planque dans le 6ème arrondissement - effectivement, on ne va pas se
battre dans le 6ème... On va affronter Tourraine dans la 3ème
circonscription, et on se met tête de liste dans le 7ème arrdt et on
affronte tout le monde. Et là, aucun problème, il a tous les renforts qu'il
veut, bien qu'il ne m'ait rien demandé, car il ne m'a jamais rien demandé.
C'est la tête de Dominique Perben qui ne vous revient pas ! Vous êtes jalouse
de sa teinture ?
(Rires) Il a un mauvais coiffeur, c'est sûr. S'il veut se teindre les
cheveux, il faut qu'il prenne un bon coiffeur ! Je n'ai pas d'autres solutions à
lui donner ! On n'interdit pas aux hommes de se teindre les cheveux mais il faut
que ce soit bien fait. Il n'a qu'à demander à Cyril Honneger par exemple.
Vous êtes de plus en plus présente dans le 7ème arrondissement
dont vous étiez maire. En 2008, comptez-vous reconquérir votre mairie ou vous
aplatir devant Monsieur Flaconèche ?
Je ne vais certainement pas m'aplatir devant lui mais je n'ai aujourd'hui aucune
idée. Ça dépend de beaucoup de choses.
Vous n'avez pas l'ambition de reconquérir cet arrondissement que vous avez
perdu ?
Je ne l'ai pas perdu toute seule. Si je n'avais pas eu tous ces bourrins à côté
de moi, on aurait gagné ! On a perdu de 400 voix. De toute façon, si la droite
ne reprend pas le 7ème, elle ne parviendra pas à reprendre la mairie
centrale...
Pouvez-vous nous dire si vous êtes candidate ou pas ?
Ce n'est pas moi qui décide ! Je ne peux pas vous le dire car ce n'est pas une
petite aventure. Dominique Perben est le leader de la droite à Lyon et il ne m'a
rien demandé pour l'instant...
Donc maintenant vous demandez la permission à Perben ?
Sûrement pas !
C'est pourtant ce que vous venez de me dire ! Pour la première fois, vous
faites dans la langue de bois !
C'est de la langue de
bois si vous voulez mais c'est vraiment trop tôt pour le savoir. C'est trop le
bordel. Alors il y a deux solutions, ou j'en rajoute ou on remet de l'ordre dans
la maison et là on verra.
|