Que vous a proposé Gégé ?
Je rentre et Gérard me dit : « Viens travailler
avec moi dans le 9ème ! » On était devenus copains. Certains
m'avaient dit : « Gérard Collomb c'est terminé, il s'est planté en 83, en 89 il
s'est ramassé contre Noir qui a été élu haut la main... » Je n'avais pas
d'ambition politique particulière. J'appréciais de bosser avec lui et puis on
avait une vraie proximité intellectuelle sur la coopération internationale.
Globalement on partageait les mêmes convictions.
Vous embarquez dans l'équipe de Collomb en 1995 qui est élu maire du 9ème
...
Je suis directeur de campagne et on avait en
face de nous Raymond Barre. On gagne trois arrondissements dont le 9ème
et je me retrouve conseiller municipal de Lyon et du Grand Lyon et adjoint à la
culture du 9ème.
Le décès de Pierrette Augier vous permet de vous glisser dans son fauteuil de
maire... Vous avez fayotté auprès de Gégé pour avoir l'écharpe ?
Je suis heureux que vous me posiez la question
parce que je vais vous dire la vérité. En 2001, un peu avant la victoire, Gérard
m'avait demandé comme à Pierrette d'être maire du 9ème. Je lui avais
dit : « Je pense que Pierrette est toute à fait faite pour ! » Moi je
préférais être dans son équipe et faire ce qui me passionne depuis le lycée
c'est-à-dire la coopération internationale. Et quand Pierrette est décédée il
m'a effectivement convoqué dans son bureau. J'avais un boulot passionnant, je
suis fier de ce que j'ai fait entre 2001 et 2003.
Vous avez du abandonner le poste d'adjoint en charge de la coopération
décentralisée et de la solidarité internationale et les voyages qui allaient
avec. No regrets ?
Je ne vais pas cacher que j'adore voyager et
que j'adorais ce poste. Mais je suis très fier des coopérations que j'ai pu
monter et des vraies actions de solidarité que mènent aujourd'hui la ville de
Lyon et le Grand Lyon dans plusieurs villes de pays en développement. Ma
délégation, ce n'était pas que les voyages puisque c'est moi qui suis à
l'origine d'un événement annuel «le village de la solidarité » qui a lieu place
Bellecour au mois de novembre. Toutes les associations de solidarité sociale de
la ville de Lyon et du Grand Lyon se retrouvent pendant plusieurs jours. C'est
une délégation qui m'a passionné. Je sais bien que beaucoup ont vu mon élection
comme maire du 9ème comme une sorte de promotion. Mais moi je l'ai
vécu comme une marque de confiance que me faisait Gérard de succéder à
Pierrette. Pour moi c'est une nouvelle étape et non une promotion.
Parmi tous les beaux voyages que vous avez faits, quel est celui qui vous a le
plus marqué ?
C'est l'Afghanistan. En 2002, je suis parti
avec Sylvie Guillaume qui était adjointe à la santé et le directeur adjoint des
Hospices civils de Lyon, pour relancer la coopération entre les Hospices et
l'hôpital de Kaboul qui était en ruine. Les médecins n'étaient plus formés, les
femmes médecins n'avaient plus le droit d'exercer car elle n'avaient pas le droit
de se faire soigner et encore moins de soigner ! Nous sommes partis en février
2002, les milices n'étaient pas encore désarmées, on voyait des camions passer
avec des gens armés... On logeait dans un hôtel qui était une ancienne prison,
donc on dormait dans des cellules de 6m2 donc c'était assez épique. On a lancé
cette coopération et c'était formidable quand nous sommes allés dans la fac,
l'hôpital... On a vu des choses très dures mais très marquantes. On a été reçu à
l'ambassade de France, j'ai déjeuné à côté de BHL qui était en visite dans le
pays. Nous avions la même chemise blanche mais moi je ne l'avais pas ouverte
jusqu'au nombril ! (rires)
Que restera-t-il de votre
passage à la mairie du 9ème à part le troupeau de moutons faméliques
de la place du pont Mouton... C'est moins fun que les voyages quand même ? On
dit que vous vous ennuyez...
Ah non, je n'ai pas le temps de m'ennuyer ! Je pense que si
j'étais maire d'un arrondissement où il n'y a pas une telle mutation, où il n'y
aurait qu'à régler des petits problèmes de trottoirs... je pense que je
m'ennuierais effectivement. Mais là, il y a quand même une mutation qui est
passionnante, mutation engagée par Gérard Collomb.
Pas simple de passer après
Gérard Collomb... A fin du mandat, que va-t-il rester de Hubert Julien Laferrière
dans le 9ème ?
Cette mutation lancée par Gérard Collomb ne se fait pas
tout seul ! Pour une raison simple : la mutation a tellement réussi qu'il y a
une densification qui se fait, il y a 4 000 nouveaux logements qui vont être
livrés à Vaise entre 2003 et 2007. Près de 10 000 habitants ! Vaise a donc cette
attractivité formidable qu'elle n'avait plus, car c'était un quartier
vieillissant. Mais ça implique un travail énorme. Cette densification ne doit
pas se faire au détriment cette qualité de vie : espaces verts, crèches,
écoles,...
À bientôt 40 ans, vous
n'êtes pas marié. Cela ne risque-t-il pas de vous desservir dans votre carrière
politique ? Même Gérard Collomb a du y passer avant 2001 !
Je me marierai bientôt ! Et je compte bien que ce soit le
mariage de ma vie avec au moins 2 enfants.
Serez-vous candidat à
votre propre succession dans le 9ème arrdt lors des prochaines
municipales ou laisserez-vous Thierry Braillard dans votre fauteuil ?
Oui. C'est la première fois que j'entends parler de ça !
C'est un gag en fait ? C'est du domaine du fantasme total. Thierry n'est pas
inadapté au quartier mais je pense que je fais un certain boulot dans le 9ème
et que je n'aurai pas besoin de me battre beaucoup pour être un candidat naturel
à ma succession.
Si vous êtes candidat, quels sont les projets que vous souhaitez réaliser ?
Il y a problème qui est important pour les habitants : la
circulation qui doit être réglée. J'avais pris un engagement lorsque je suis
devenu maire du 9ème alors considéré comme un quartier un peu
périphérique de Lyon, l'objectif était d'en faire un quartier à part entière de
Lyon et non de faire des autoroutes urbaines. Cela passe par celui d'un grand
chantier qui est celui du pont Schumann, du nouveau pont sur
la Saône
qui permettra de dévier la circulation et surtout de la rendre plus fluide entre
tunnel de Croix-Rousse, les Monts d'Or, Collonges et le périphérique. Un
deuxième objectif sera de faire du 9ème arrondissement un quartier
encore plus vert qu'il ne l'est aujourd'hui. J'ai quelques idées...
Votre opposant Amaury
Nardone fustige les décisions prises en catimini dans l'arrondissement ?
Elles ne sont
prises en catimini mais quand on est maire, il faut à la fois faire en sorte que
l'on mette en place une réelle concertation, en même temps on doit agir vite.
Moi, je veux aussi pouvoir montrer aux gens du 9ème que ça bouge ! |