Vous êtes donc issu d'une
famille qui a fui le communisme, peu encline aux joies du marxisme et du
collectivisme... et pourtant vous militez à gauche ? Qu'est-ce qui a mal tourné
chez vous ?
L'un des événements qui m'a le plus marqué c'est l'époque
des coups d'état... Notamment quand j'ai vu ma mère pleurer en voyant la
répression contre Solidarnosc en
1980. A l'époque j'étais au
lycée, en seconde et ma conscience politique était un peu limitée. Mes parents
qui n'ont jamais voté à gauche se rappelaient de Mauroy et Mitterrand qui avait
pris des positions très pro-Solidarnosc et moi à l'époque j'assumais totalement
le fait d'être à la fois celui qui était monté en haut de la Tour Effel en pleine nuit de façon clandestine pour fixer un drapeau Solidarnosc
et en même temps ma conscience de gauche qui commençait à se construire petit à
petit. Le parti socialiste a toujours été clair vis à vis de la dictature
communiste enfin. Moi j'ai baigné dans l'anticommunisme.
Vous siégez au conseil
municipal avec des communistes. N'est-ce pas contradictoire ? Comment gérez-vous
ça ?
Je vais répondre très tranquillement. Quand on commence à
gérer, c'est assez simple. C'est à dire qu'on juge les gens non plus sur leur
histoire, sur les erreurs qu'ils ont fait, mais tout simplement sur la valeur
ajoutée qu'ils apportent par leur travail. Avec Louis Lévêque par exemple, il
n'y a pas une feuille de papier cigarette entre nous sur la conception que l'on
a de la mixité sociale dans l'agglomération et je travaille de concert avec lui
sur la Duchère. Au
bout d'un moment, nous sommes forcément pragmatiques. Même moi, dans la
construction de mon équipe, dans le 9ème, j'ai confié des
responsabilités à des membres du Parti communiste parce que j'estimais que il ou
elle faisait plus de boulot que d'autres.
Dans une famille de droite, comment devient-on un militant de gauche ?
On m'a souvent posé la question ! J'avais un côté rebelle
mais c'est difficile de savoir ce qui à fait que. Je pense qu'il y a eu une
réaction vis-à-vis de l'autorité parentale, les valeurs familiales. Mais en même
temps je suis toujours resté attaché, encore aujourd'hui à certaines valeurs
familiales. Il y a des choses où je suis même en porte-à-faux avec les gens de
mon parti.
Quoi par exemple ?
Je crois au mariage, à la famille,... pour moi c'est super
important. Les meilleurs moments pour moi c'est quand on se retrouve en famille,
les 4 frangins chez les parents ! Ce sont des moments très forts, je crois
beaucoup à ça.
Quelle est votre
profession aujourd'hui ?
Professeur de sciences économiques et sociales au lycée Edouard Herriot à raison
de 6 heures de cours par semaine.
Vous avez enseigné à l'EFAP,
paradis peuplé de jolies gazelles fort sensibles à votre tignasse de lion...
J'ai fait des vacations à l'Efap, à Lyon 2,
Lyon 3... Mais ma réputation est largement surfaite à ce niveau-là ! (Rires)
J'aimais bien l'Efap parce que j'aimais bien ce que j'enseignais : les
politiques Européennes. J'ai arrêté l'Efap parce que je n'avais plus le temps.
Par contre j'ai réintégré l'Efap à travers son comité d'orientation où il y a
Jean-Jack Queyranne et des professionnels de la communication... J'ai donc arrêté
tout ce qui en dehors du lycée à part 3 heures par an à Sciences Po, aux DESS.
Parallèlement à vos fonctions d'enseignant, vous prenez du grade au parti
socialiste et êtes élu dans le 9ème. Comment l'enfant des beaux
quartiers que vous êtes s'est-il retrouvé dans cet arrondissement populaire ?
Je l'avoue, je suis devenu Vaisois ! En fait,
j'ai fait mes études à Sciences Po, j'ai fait 2 DEA, à l'époque j'étais
Croix-roussien. Puis je suis parti au Canada pendant 1 an, où j'ai à la fois
fini mon DEA et j'ai surtout été musicien et chanteur dans des pubs, c'était à
Vancouver. Avec ma guitare, j'ai vécu de ça pendant 6 mois. J'interprétais des
chansons françaises dans un restaurant français qui s'appelait le « café de
Paris », et dans un pub qui était totalement anglophone.
Pour résumer, vous avez failli être chanteur professionnel ?
Oui, j'ai failli vivre de ça. J'en ai vécu
pendant 6 mois et j'ai failli continuer. J'avais de bons potes, ça marchait
bien, je chantais 5 soirs par semaine. Mais je n'avais pas le même rythme de
vie. Je devais gagner même pas 1000
dollars par mois... mais j'avais moins d'exigences.
Vous étiez un chanteur à succès ?
Pas à succès,
mais j'en vivais ! J'étais parti au départ pour une année sabbatique et j'ai un
peu hésité à rester et à continuer afin de percer là-dedans. Un des éléments qui
a fait que j'ai choisi de rentrer, c'est qu'avant de partir, j'ai rencontré
Gérard Collomb... A l'époque c'était moins sa carrière politique qui m'intéressait
que le fait qu'il était secrétaire général de la Fondation Jean Jaurès qui
faisait beaucoup de coopération notamment avec l'Amérique Latine. Et moi je
m'étais passionné par l'Amérique Latine. J'étais un passionné de coopération
internationale. Et j'étais rentré en me disant j'allais peut être pouvoir
travailler avec Gérard Collomb. Nous sommes en 1993. |