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16 janvier 2006

 

 Les vœux de Gérard Collomb à la presse


Les vœux de Gérard Collomb

 

Le maire de Lyon a dressé l'état des lieux du paysage médiatique lyonnais, un discours qui a rapidement pris les allures d'un cours d'économie des médias et qui a pris de court l'ensemble des représentants de la presse lyonnaise (voir chronique). Vous trouverez ci-dessous ses propos dans leur intégralité.

 

«  Mesdames et Messieurs,

 

Merci d'être venus aussi nombreux à cette présentation de vœux. Si nous avions été dans une période normale, je vous aurais, lors de ces vœux, présenté l'image d'une ville qui bouge et qui même se métamorphose.

 

Je vous aurais rappelé combien dans tous les classements économiques, transports en commun, innovation en matière de mode de déplacements doux, la ville de Lyon s'est vue récompensée par tous les grands médias nationaux. Je vous aurais parlé pour l'année 2005 du lancement du tramway au Confluent, de la mise en circulation de Vélo'v, du succès des guinguettes, de celui de la fête des lumières, de l'Assemblée Générale des Eurocités à Lyon, de l'attribution à notre agglomération d'un grand nombre de pôles de compétitivités.

 

Je vous aurais dit que l'année 2006 allait encore voir bouger davantage notre agglomération, avec une transformation totale du Confluent et la réalisation des premiers bâtiments, je vous aurais parlé de la transformation progressive de l'agglomération en matière de mixité sociale (Carré de soie, Duchère), je vous aurais parlé de l'ouverture de toute une série de parkings, de la Fosse aux ours au gros cailloux, je vous aurais annoncé que la partie centrale des berges serait terminée le 8 décembre prochain avec sa mise en illumination.

 

Mais le sujet aujourd'hui n'est évidemment ni l'avenir de Lyon, ni la vie quotidienne des Lyonnais. Il est celui de la crise que peut connaître une partie de la presse lyonnaise et le rôle que peut y jouer la Mairie de Lyon.

 

De ce point de vue, un article paru aujourd'hui dans un quotidien est particulièrement éclairant : sous le titre « le tour de vis de la Mairie », il nous dit que les journalistes vont interpeller Gérard Collomb sur les risques d'atteinte à la pluralité de l'information et les manœuvres inquiétantes du pouvoir économique. Ce journal constate ensuite que depuis fin 2005 les médias locaux sont en crise. La télévision CTV a cessé d'émettre et RTL a cessé son décrochage lyonnais.

 

Deux hebdomadaires sont également mis à rude épreuve. En redressement judiciaire Lyon Capitale a perdu les budgets publicitaires de la Ville supprimé par le Maire. Et ses fondateurs limogés par un actionnaire qui a ses entrées à la Mairie. Le PDG de Tribune de Lyon, un proche de Collomb procède, lui a des licenciements au sein de sa rédaction qui s'était mise en grève en raison de la censure d'un article consacré... au Maire.
 

Il y aurait ainsi à Lyon, une connivence du Maire de Lyon et du milieu économique pour verrouiller l'ensemble de la presse. Pour votre information, sachez que les investissements publicitaires de la ville, des institutions culturelles municipales et du Grand Lyon confondus représentent moins de 1% du marché de l'achat d'espaces par les médias lyonnais. Je veux bien avoir les pieds fourchus. Mais quant à dire que tout ce qui se passe dans la presse lyonnaise serait organisé par mes soins, c'est un excès d'honneur ou d'indignité que l'on me fait subir.

 

Tout d'abord, je souligne que mon rôle est des plus modeste dans les grandes opérations de presse qui se passent aujourd'hui à Lyon, la revente du Progrès de Lyon (qui a forcément une incidence sur le Figaro Lyon) et l'attribution de la fréquence de télévision locale. Bien évidemment, je ne suis pour rien dans la suppression du décrochage de RTL, qu'au contraire je suis le premier a regretter. Pour ce qui est de Cité TV, la décision de fermeture ne dépendait pas de moi et j'ai au contraire essayé d'agir pour que cette télévision puisse continuer à exister. Restent les problèmes de Lyon Capitale et de la Tribune de Lyon.

 Les vœux de Gérard Collomb
 

Monsieur Galula est certes un ami. Je connais M. Bruno Rousset notamment parce que c'est sur les terrains de la Buire, à la Part Dieu, qu'il construit le siège social d'une entreprise qui n'était pas forcément destinée à rester à Lyon. Mais aucun des deux n'est venu me demander mon avis sur le projet et la nature du projet qu'il entendait réaliser. Voulez-vous une réflexion intime à ce moment là ? Avec la sortie concomitante annoncée du journal de Monsieur Angel, j'avais une interrogation forte sur le lectorat possible de ces titres. Parce que, Mesdames et Messieurs, s'il veut avoir son indépendance, la première nécessité pour un organe de presse est d'avoir un lectorat et donc un équilibre économique.

 

Je ne connais aucun titre, ni national ni local dont le propriétaire accepte de perdre indéfiniment énormément d'argent. Il y a forcément une limite où les choses doivent s'arrêter et elles arrivent d'autant plus vite que les entreprises sont constituées d'un nombre de salariés importants. C'est arrivé à de grands journaux nationaux et personne n'a alors crié au complot économico-politique.

 

J'en reviens donc au rôle de la Mairie de Lyon à propos des deux journaux pour lesquels on a mis en cause mon action.

 

Pour ce qui est de la Tribune, je réfute catégoriquement avoir fait pression auprès de Monsieur Galula pour la suppression d'un article sur Saint Fons dont toute la presse avait déjà parlé et sur lequel j'étais précisément en train de m'entretenir très librement avec deux journalistes de cette même Tribune. Je passe sur le problème des questions des journalistes qui m'auraient été préalablement envoyées. Je m'adapte à ce que me demandent les journaux. Je signale qu'un certain nombre d'entre eux me demandent même de relire mes réponses. Si vous le souhaitez, je pourrais préciser lesquels.

 

Pour ce que est de Lyon Capitale, il est vrai que j'ai été ulcéré par les articles paraissant semaine après semaine, moins par les sujets qu'ils abordaient que par la non vérification des informations et le caractère fallacieux qu'elles pouvaient receler. Pour moi, ce journal n'en était plus un, il était devenu un pamphlet or il est au moins une qualité des grands pamphlétaires, c'est qu'en général ils ne demandent pas de subventions à ceux qu'ils ont décidé de prendre pour cible.

 

Comme d'autre part, je voyais apparaître quelque nouvel éditorialiste qui, outre, bien entendu, sa grande probité morale, fait l'objet d'une certitude, celle de faire campagne aux prochaines municipales contre moi, je me sentais d'une certaine façon délié de mes engagements vis à vis de Lyon Capitale. Après tout, on a rarement vu les militants UMP prendre une page de pub dans l'Humanité.

 

Je crois que si Lyon Capitale a donc eu des problèmes, c'est moins à cause de la Mairie de Lyon que de la perte de confiance d'une partie de son lectorat qui se sent lui plutôt en accord avec ce que fait l'équipe municipale de Lyon, et que son propriétaire Bruno Rousset a moins pris sa décision pour me faire plaisir que pour cesser de perdre des sommes colossales. Si d'ailleurs, le titre est repris, à moins que les raisons économiques de sa reprise ne soient complètement secondaires, on s'apercevra que son futur propriétaire demandera lui aussi des objectifs économiques plus rigoureux.

 

Il y a peut être eu entre Lyon Capitale et moi une histoire d'amour déçue, il y a surtout des impératifs économiques incontournables.

 

Mesdames et Messieurs, puisqu'on en est au moment des vœux et des résolutions, je prends pour ma part la résolution d'avoir une transparence totale sur les achats d'espaces aux organes de presse et je commence dès aujourd'hui en vous distribuant un feuillet récapitulant les dépenses 2004 - 2005 pour l'ensemble des titres. Je demanderais par ailleurs à ceux qui pourraient s'estimer lésés de me donner leurs chiffres de diffusion contrôlés par l'OJD.

 

Pour ce qui est des relations avec vous, un certain nombre me connaissent depuis de nombreuses années, ils savent que même si je peux me trouver maltraité par tel ou tel de leurs articles, je pense que la meilleure façon de redresser les choses est de continuer à travailler, d'exercer mes fonctions de Maire avec une grande ambition pour cette ville et une grande attention pour ses habitants. C'est sans doute la meilleure façon de changer leur regard. Je ne doute pas de ce point de vue que les vœux 2007 seront bien différents dans nos rapports que ces vœux 2006. En tous cas je souhaite que nous fassions tous un effort pour y parvenir. Moi, dans un effort de meilleure compréhension de vos problèmes et vous, mais je n'ai pas à le souhaiter puisque c'est déjà le cas, dans un respect scrupuleux de la déontologie. »

 

Gérard Collomb, le 13 janvier 2006
 


A suivre, Hubert Julien-Laferrière sur le Caro


Les vœux de Gérard Collomb
 

 

 

 

 

 

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