Un précurseur dans
le domaine de l'Art
Par Alain Vollerin,
critique d'art
Le monde lyonnais et
régional des arts, et des arts plastiques en particulier, est en deuil.
Peut-être que jamais cette formule n'a été aussi vraie. André Mure fut un
défenseur inconditionnel des artistes.
A la fin des années cinquante, il participa à une
fantastique aventure artistique dans le vieux Lyon autour de la potière
Suzanne Pelosse qui donna ensuite naissance à la galerie Saint-Georges. Il
fut d'ailleurs un excellent président du Salon d'Automne qui avait été conçu en
1904, autour du Dr Albertin, par Jacques Martin l'auteur de
« Fructidor », et par Eugène Brouillard. Dans ce contexte, il avait
réalisé une collection de petits catalogues fort bien pensés, dont un dédié à
Hyacinthe Crochet, fruit de longues recherches. André Mure, lorsqu'il fut
adjoint à la Culture de Francisque Collomb, lança l'ELAC dans le Centre
d'Echanges de Perrache, soutenu par René Deroudille et Jean-Jacques
Lerrant. Que de souvenirs pour les amateurs d'art ! Je me souviens d'Alfred
Manessier, et de Jean Le Moal émerveillés par l'architecture de
René Gagès qui rendit tant de service à la découverte de l'art contemporain,
par un public lyonnais, alors trop fermé à la nouveauté. André Mure, père
d'Octobre des Arts, préfiguration de la Biennale d'Art Contemporain engagea
Philippe Duret pour gérer le Musée des Beaux-arts et ses grands travaux, et
Thierry Raspail pour concevoir le musée d'Art Contemporain, et la
Biennale.
André
Mure, c'était également l'Académie des Arts de la rue, avec la complicité du
critique d'art parisien André Parinaud. Dans sa jeunesse, il avait côtoyé
le mage Philippe, et lui avait rendu hommage dans « Rue du Parfait
Silence », ainsi que le Dr Locard, père de la criminologie moderne, dont
il avait repris le célèbre Merle, pour fonder ensuite l'Académie du Merle Blanc,
où les plus grandes personnalités étaient accueillies lors de leur passage dans
notre cité. Il écrivit d'abord des romans policiers et d'espionnage. « Le Roman
de Lyon » révéla son talent d'écrivain et d'historien. Il publia ensuite
régulièrement : « Montée de l'Observance », « un Hiver agité », « Lyon mon
pays », « le Brésilien », « le Chaudron du Diable », et le dernier en 2006, « le
Bistrot de l'Avenue ». Bien avant que ce genre d'ouvrage ne devienne à la mode,
il édita le premier guide gastronomique annuel, le célèbre « Lyon Gourmand »,
pendant plus de trente ans. Il fut membre du cabinet de Jack Lang, et du
Conseil Economique et Social. Les Lyonnais et les Lyonnaises aimaient retrouver
chaque lundi ses « Petits fourre-tout » dans Le Progrès. Hélas ! Nous ne
verrons plus dans les vernissages la haute silhouette d'André Mure, son écharpe
rouge à la Aristide Bruant, et ses lunettes à la Marcel Achard et
sa célèbre Smart Jean-Charles de Castelbajac. Nous présentons nos très
sincères condoléances à son épouse Claudette, à son fils Christian et à
ses très nombreux amis.
Les
réactions
Monsieur le Rédacteur en chef,
En lisant l'article consacré
à André Mure signé d'Alain Vollerin, je relève une assertion manifestement
erronée dans la 2ème colonne, dernier paragraphe : "Dans
sa jeunesse il avait côtoyé le mage Philippe". C'est rigoureusement
impossible car ce dernier est mort en 1905 et André Mure a dû naître vers 1923. Merci de demander aux
auteurs des articles un peu plus de rigueur.
Cordialement.
André Jolivet, le 9 mars 2007
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