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Les humeurs de Justin Calixte

Chronique satirique du 3 janvier 2005


PEOPLE CULTURE
 

J’ai vu, j’ai lu et j’ai entendu
par Justin Calixte
 

Allez savoir pourquoi ce matin en écoutant les infos d’Europe 1, je me suis rendu compte que les mots Morale, Amoralité, Immoralité avaient perdu tout sens et n’avaient plus d’utilité. Est ce grave ? Est ce anodin ? Tiens, encore deux mots obsolètes. Houlala ! Voilà que je suis en train de me faire peur. Plutôt que de disserter pendant des heures sur notre civilisation qui redevient barbare à la grande joie de nos élites délétères, réfugions-nous vite dans la lecture d’un bon bouquin ou l’écoute du dernier William Sheller… ou comme Candide, allons cultiver notre jardin.

 

Le vieux chanteur

C’était bien, c’était chouette ! Et pourtant, allez savoir pourquoi, la veine s’est épuisée et les rangs des spectateurs se sont éclaircis. Il ne cessait de ruminer sa chanson prémonitoire « quand j’étais chanteur ». Entre deux dépressions, il tentait bien de ressortir un disque qui, malheureusement ne marchait pas fort. Michel Delpech en perdant ses cheveux avait perdu la recette de ses mélodies à succès. Et puis, le revoilà. On n’y croyait plus. Il nous chante ses illusions perdues mais aussi ses espoirs. Sa voix est toujours de velours, ses textes ont

gagné en épaisseur et en  ironie. Il paraît que le CD marche du feu de Dieu. On ne peut que s’en réjouir. Si vous êtes trop jeune pour l’avoir connu, achetez-le pour votre mère à Noël. Elle en aura les larmes aux yeux. On parie !

Michel Delpech – « Comme vous » - AZ Universel

 

Un peu, beaucoup

Les critiques sont cette fois-ci assez sévères avec le dernier bouquin de Daniel Pennac. Il faut dire que l’ouvrage est déroutant. Ce n’est ni un roman, ni un récit, ni une pièce de théâtre. C’est l’histoire d’un type qui vient de recevoir un prix pour l’ensemble de son œuvre et qui se retrouve sur une scène pour remercier le jury qui l’a récompensé devant une salle pleine à craquer. Son discours doit durer une heure et demi. C’est le deal. Merci à qui ? Merci de quoi ? Merci pourquoi ? Merci est un mot bizarre constate Pennac qui se demande pourquoi un artiste se devrait de remercier un jury, une institution, ses pairs, sa famille alors que le travail d’un écrivain se fait dans la solitude. Créer c’est donner, c’est partager. Quand on donne, il est rare que l’on dise merci, non ? Pennac dit tout net qu’un artiste doit refuser de faire le clown pour satisfaire la populace et encore plus, la jet set. Comment ne pas lui donner raison et lui dire Merci !

Daniel Pennac – « Merci » Gallimard



 

 à suivre, Chronique du 22 novembre 2004