Antoine Chartres au Crédit Lyonnais
Pierre-Yves Martin,
directeur des agences de Lyon,
Alain Vollerin et Pierre-Louis Boissière,
directeur régional
du Crédit Lyonnais Rhône-Alpes Auvergne
Par Alain Vollerin
La rage de peindre d'Antoine Chartres.
La rage de vivre de Milton Mezz Mezrow.
Deux volontés de se transcender sans penser à
l'argent. Je connais des jeunes gens, promis à
une belle aventure avec la peinture qui
lâchèrent tout par appât du gain. Antoine
Chartres, lui, était un pur. Il fut trop
longtemps oublié. Il fallait inverser la
tendance.
Je crois que cette exposition, après les deux
grosses ventes chez Maître Rambert,
modifie la présence d'Antoine Chartres dans le
paysage actuel. Et ce n'est pas fini, comme
disait notre ami Carlotti. Antoine
Chartres était l'ami d'Henri Vieilly. Ils
furent tous deux professeurs à l'école des
Beaux-arts de Lyon dans la même période.
Antoine Chartres avait besoin de peindre
beaucoup. Il cherchait. Il doutait. "Avoir le
temps de produire, mourir n'est rien". C'est
sans doute poussé par cette inquiétude que cet
insatisfait, ce cherchant voulait finir vite la
toile ou le dessin en cours, pour que son
message soit entendu, comme un cri jamais poussé
assez haut. S'ils vivaient aujourd'hui, Antoine
Chartres et Henri Vieilly feraient de l'art
contemporain. Selon la formule d'Hippolyte
Taine qui veut que l'artiste produise l'art
de son époque, il faisait l'art de leur temps.
Faudrait-il être ringard pour nier cela. Faut-il
vivre dans l'obscurantisme pour nier cette
évidence. Antoine Chartres était un esprit très
ouvert sur la Modernité. L'Abstraction le
passionna, ébranla ses convictions. Il ne
s'enfermait pas dans les images du passé, même
les meilleures, comme celles de Paul Cézanne
qu'il copia beaucoup, avec talent et
originalité, bien entendu.
S'il avait vingt ans en 2006, Antoine Chartres
serait avec son ami Henri Vieilly parmi les
artistes intervenants aux côtés de Thierry
Erhmann dans la Demeure du Chaos à
Saint-Romain au Mont d'Or. Sans toucher au
domaine public, sans risque d'illégalité, mais
dans la passion de l'acte créateur, dans la
tourmente de la création. Difficile à
comprendre, quand on s'enferme dans de séniles
conceptions. Ouvrez votre esprit, amis des arts
! La Demeure du Chaos est une forme de l'art
contemporain, comme l'uvre d'Antoine Chartres,
tutoyant l'Art Abstrait, dans les années
soixante, et jusqu'à sa mort brutale en 1968.
Vous ne connaissez pas Antoine Chartres ?
Dommage, avec Pierre Combet-Descombes,
Jean Couty, Jean Albert Carlotti, etc,
il figure parmi les peintres les plus complets
de notre XXe siècle lyonnais. Après Antoine
Chartres, ce seront les uvres de Gilbert
Pécoud qui figureront sur les cimaises de la
mezzanine du siège du Crédit lyonnais.
Jusqu'au 4
Novembre 2006
Siège du Crédit Lyonnais
18 rue de la République, au cur de Lyon |