Vous pensiez renouveler l'opération avec « Le Petit Prince » dont vous
disiez qu'il s'agissait d'une perle... Aujourd'hui avec le recul, comment
analysez-vous cet échec ?
Pour « Notre Dame », j'aurais mis ma
tête sur le billot, la preuve c'est que j'ai hypothéqué ma maison alors
que je n'avais même pas fini de la payer. Le bonheur a fait que j'ai réagi
comme ça. Si j'avais dit : « Je garde 5 ou 10 % » aujourd'hui je
chercherai un arbre pour me pendre, car la chance est passée, je suis un
âne. Par contre sur le « Petit Prince » la démarche n'était pas la même ;
Un jour quelqu'un est venu me proposer le « Petit Prince » en me disant il
y a moyen d'avoir les droits.
Qui était cette personne ?
Le garçon qui est venu en premier
s'appelle Jean-Paul Lucet du Théâtre des Célestins. Sauf qu'il m'a menti
parce qu'il m'a dit : « J'ai les droits du Petit Prince » et en
fait il ne les avait pas. En fait il avait les droits pour faire un
spectacle à la fin de l'année aux Célestins. C'est là que je m'en veux car
je me suis dit : « Jamais personne m'a réussi à avoir les droits. Il y
a peut-être quelque chose à faire ! ». J'ai agi par business et non
avec sensibilité. La différence est énorme. Pour NDP, on m'a présenté une
cassette dans une soirée, j'écoute la cassette et ma dis : « Je me
ferais couper la tête ! » Pour l'autre, je me suis dit : « le Petit
Prince » ça été vachement lu, il y a un potentiel. » La démarche est
complètement différente. Ce que je ne ferai plus jamais.
Vous avez réagi en homme de marketing et non en artiste ?
Voilà, exactement, c'est la vérité. Par
contre, le spectacle est sublime, et l'échec du Petit Prince est dû à la
lourdeur administrative qui pèse sur cette uvre du fait des ayants
droits. Chaque fois que vous voulez changer un verre de place, il faut
faire un formulaire en trois exemplaires, donc avec le temps de réaction,
vous avez compris, c'était mission impossible ! J'ai réussi à faire
quelque chose que je revendique parce que ça a eu un succès d'estime
incroyable même si c'est un échec commercial.
C'est un échec commercial, cela n'a donc rien à voir avec les ayant
droits.
Si !
Si le public avait adhéré, cela aurait passé pour de la broutille...
Je vais vous donner des éléments et vous
allez comprendre. Quand on était sur NDP, on était tous seuls. Sur le
petit Prince, toute la journée on pensait administratif ! On ne pensait
plus à la composition qui est l'élément de base du travail. On était
harcelé chaque jour au téléphone et au fax ! Dans NDP, on se concertait
avec Luc Plamendon et l'on mettait trois chansons à la poubelle en deux
secondes, pas parce que les chansons n'étaient pas bonnes, mais parce
qu'on estimait que c'était trop mou. Vous comprenez ce que je veux dire !
Les ayants droits ont été des casse couilles, est ce que l'on peut le dire
ce soir ?
Des casses couilles exactement. Des
incompétents qui ont le pouvoir. Ce sont des petits neveux par alliance.
Tu peux m'expliquer ce qu'il y a comme relation ?
Combien la famille a-t-elle touché ? Qu'est est le projet de réversion
pour eux ?
Le problème de la réversion n'est pas si
simple que ça, il y avait un côté vachement pervers puisque il y avait un
intermédiaire qui était leur intermédiaire à eux et qui était basé sur des
droits hypothétiques, sur des pourcentages qui n'ont jamais eu lieu
puisque le spectacle n'a fonctionné comme l'on a espéré. Il faut dire la
vérité : ils ont touché très peu. Et pour cause : ils ont tué le spectacle
dans l'uf. A un moment je n'écoutais plus, j'ai fait comme je le sentais,
ce qui a donné la beauté du spectacle.
Vous aviez investi 5,5 M dans l'opération... Cet échec vous a-t-il ruiné ?
Non, absolument pas, grâce à Dieu.
Comment vous avez réparti les pertes ?
C'est un montage un peu spécifique qui
est dans le monde des affaires et du monde du spectacle mais ça n'a pas
touché ma vie privée, ma famille ou mes biens personnels.
Qui a bu la tasse ?
Non, c'est ma société qui a bu la tasse.
Elle a été placée en redressement judiciaire. Je vais m'en sortir, il y
avait un tour de table assez bien fait et dont je ne vais pas relever les
noms, puisque ce n'est pas le but. Parce que j'ai le respect des gens qui
sont venus dans cette aventure. Et j'espère leur renvoyer l'ascenseur sur
une autre affaire. C'est purement du business.
Suite de l'interview
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