Vous avez monté les marches quatre à quatre chez Euronews. A 33 ans, vous
êtes directeur général. Combien y a-t-il de cadavres dans vos placards ou
avec qui avez-vous couché, comme dirait Nico ?
C'est très simple, j'ai couché avec tous
les cadavres qui sont dans mon placard ! Ça s'appelle la politique du
défrichage (c'est Napoléon qui faisait ça), c'est-à-dire je couche d'abord
et je tue après ! C'est très pratique je vous assure que ça marche très
bien ! (Rires) Pour répondre plus concrètement j'ai de la chance
d'avoir un président et des actionnaires qui ont cru en moi...
La prochaine
étape est la fonction de PDG. Y pensez-vous tous les matins en vous
rasant ?
Non, pour moi ce n'est pas du tout la dernière marche. La position d'un
président n'est pas du tout la même que celle du directeur général. Je
n'ai absolument pas aujourd'hui le background pour être président et je
n'en ai pas non plus l'envie. Ce sont 2 métiers différents.
Si vous deviez
quitter Lyon et EuroNews, quel média et quelle fonction vous attirerait ?
Faire le casting pour Fashion TV ! (rires) Sur le poste, ça
sûrement un poste généraliste c'est ce qu'il me plait et puis je ne suis
pas un excellent technicien, je suis plutôt un homme pragmatique, etc... et
c'est plutôt ça qu'il me plaît. Je n'ai pas envie d'intégrer un énorme
group et d'être directeur financier ! Mais on me pose souvent cette
question et répondre à cette question c'est manquer un peu de respect aux
gens qui travaillent à Euronews parce que je viens d'être nommé, j'ai une
tâche difficile qui m'attend. Je le pense sincèrement. Je vous assure
qu'il y a un boulot énorme, il y a beaucoup d'attente de beaucoup de monde
et moi je n'ai pas envie de décevoir les gens qui m'ont fait confiance et
là je ne parle pas de mes actionnaires ou de mon président, je parle de
tous les gens avec qui je travaille tous les jours.
Votre ambition et
votre hyperactivité tranchent avec la pose flegmatique que vous arborez
derrière vos petites lunettes. Vos proches vous décrivent comme quelqu'un
de particulièrement lent... Sauf quand il s'agit de faire carrière !
Vous avez tout à
fait raison ! Mais je me rends compte que j'ai une façon d'agir assez
différente dans la vie privée que dans la vie professionnelle, c'est assez
étrange. Effectivement, je suis d'une lenteur dans ma vie privée qui
exaspère mes proches et alors que je suis tout le contraire dans la vie
professionnelle puisque je n'ai pas la réputation d'être lent. Alors je me
dis que c'est peut-être une façon pour moi de me ressourcer et de me
laisser un peu aller quand je suis dans la vie de tous les jours parce que
j'ai besoin de cet équilibre. Peut-être que c'est ça mais je n'ai pas de
psy autour de moi, je ne suis pas suivi par un psy alors je n'ai pas
analysé ça !
Votre ascension
sociale est-elle une revanche sur la vie ? En l'absence de père,
éprouvez-vous la satisfaction de «vous être fait tout seul » ?
Je ne crois pas que cela vienne du père mais c'est vrai que pour tout vous
dire quand j'étais jeune, j'étais extrêmement jaloux, perturbé puisque je
n'étais pas dans une situation sociale très confortable, par les gens qui
avaient une situation confortable mais qui étaient loin d'êtres brillants
mais qui étaient mon repère à l'époque. J'ai plutôt une revanche sur ces
gens là. Je m'étais dit que ces gens là qui étaient de condition moyenne
mais qui eux vis à vis de moi étaient déjà assez hauts, et la seule façon
de prendre ma revanche sur cette classe là de personnes c'était d'aller
au-dessus d'eux. Et c'est peut-être ça qui m'a poussé à faire tout ça.
Mais je n'avais pas bien le choix, c'était ou je développais un peu ce qui
m'entourait ou je ne le développais pas.
Suite de l'interview
|