Jeudi 18 mars 2004
Détenu : Jean-Claude Caro
Commissaire politique : Marco (Lyonpeople)
Photos : Nico
Jean-Claude Caro, bonsoir. Vous allez fêter vos 30 ans de carrière dans
la restauration. Un parcours semé d'embûches et d'aventures que nous
sommes impatients de décrypter. C'est dans cet esprit que vous êtes
convoqué à l'interrogatoire à KGB. Veuillez décliner votre identité SVP ?
Nom et prénom ?
Jean-Claude Caro.
Avez-vous un deuxième prénom ?
Guy, oui. Mais le plus souvent dans la profession, on m'appelle Caro.
C'est ma marque de fabrique.
Age et lieu de naissance ?
Je suis né en 1948, le 5 septembre 1948, dans le Calvados, au Pin dans un
haras.
Comment avez-vous atterri à Lyon ?
Disons que j'ai passé des examens pour aller à l'école hôtelière chez
Drouant et puis à l'époque on avait la chance de choisir un peu l'endroit
où on voulait aller. Il y avait quatre ou cinq écoles hôtelières en
France. Il n'y avait pas tous les lycées qu'il y a actuellement dans
toutes les villes. Donc c'était un privilège, j'avais réussi le concours.
Ce-ci dit, il faut se remettre 35 ans derrière. A cette époque, aller à la
neige ce n'était pas donné à tout le monde. Donc j'avais découvert la
neige lors d'un week-end et je me suis dis « Tiens je vais aller à
Grenoble, comme ça j'aurais la chance de pouvoir skier » et c'est
ainsi que j'ai atterri à Grenoble en 1966.
Taille et poids ?
1m73, 75-76 kilos, voilà, tout ça n'est pas...
Signes particuliers sur votre carte d'identité ?
Négatif excepté les yeux marron
Profession des parents ?
Restaurateurs à Lisieux ; c'était après la guerre, il y avait deux villes
de pèlerinage : Lourdes et Lisieux. C'était vraiment l'hôtel de pèlerins,
des trains entiers arrivaient à Lisieux mais j'ai passé ma jeunesse en
pension.
Connaissez-vous l'origine de votre nom ?
Mon nom est espagnol. A mon avis mes aieux ont du émigrer en Bretagne (mes
parents sont bretons) et après la guerre, ils sont venus à Lisieux, en
Normandie.
Avez-vous des frères et surs ?
On était quatre dans la famille, il me reste un frère, il est
restaurateur-traiteur dans la région de Deauville. Sa société s'appelle
« Pays d'Auge Traiteur »
Avez-vous fait votre service militaire ou vos exploits dans ce domaine se
limitent-ils à la farce : lors d'un défilé militaire, vous avez volé la
casquette d'un colonel pour la mettre sur la tête de Georges Blanc, ce qui
provoqua une petite affaire d'état !
C' est pas du tout dans l'histoire de mon
service militaire. Pour l'anecdote, je suis resté pendant les jeux
olympiques de Grenoble et j'ai participé à l'ouverture du Drag Ouest.
C'était la boîte « in » pendant les jeux olympiques, c'était la folie.
J'avais frappé à cette porte et on m'avait dit : « Vous savez faire la
restauration ? » Je lui réponds : « Oui », « Vous prenez le
restaurant ! ». Et j'ai pris le restaurant pendant 6 mois, pendant les
jeux olympiques. Toutes les stations descendaient faire la fête au Drag
Ouest. Killy, le dernier jour est descendu
avec ses trois médailles et il est sorti du Drag Ouest à 10h du matin, il
y avait toutes les télés. Et puis un jour mon père m'appelle de Normandie
et me dit : « Jean-Claude, il faut que tu sois le premier mai à Nancy !
»
En 1968 ?
Oui 1968. Le 1er mai c'était
la révolution en France. J'ai atterri au palais du Gouverneur, place
Stanislas à Nancy et j'étais maître d'hôtel du Général 4 étoiles qui
commandait toute la place de l'Est. Son meilleur copain en face c'était le
Général Massu, qui était en Allemagne, à Baden-Baden et donc tous les
week-end, il y en avait un qui allait chez l'autre... et moi j'étais,
j'étais son valet à demeure, son maître d'hôtel familial. J'ai servi le
général De Gaulle plusieurs fois, notamment quand il a pris peur et qu'il
est venu voir ses généraux, Massu et le mien qui s'appelait le Général
Hublot. Donc j'ai passé 18 mois à sa demeure. Il avait 7 filles mais je
n'y ai pas touché...
Suite de l'interview
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